Question 2 : dans la doctrine de la satisfaction

à qui a été payée la rançon ?

La bible dit clairement que Christ à payé une dette. Il est mort en rançon (1) pour nos péchés : Matthieu 20,28, 1Timothée 2,5-6. Mais a qui a été payé cette rançon, cette dette ?

Pour les théologiens de la satisfaction, la rançon est payée à Dieu en réparation du préjudice que représentent nos péchés.

Pourtant, quand un enfant est kidnappé, à qui paie-t-on la rançon ? Aux parents ou aux ravisseurs ? Ce n'est pas logique. On ne paie pas une rançon au gentil mais au méchant. Mais alors qui est le méchant ? Qui est le ravisseur ?

Examinons quelques écritures :
Jean 8,34 Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui commet le péché est esclave du péché.
Romains 6,16 Ne savez-vous pas qu'en vous mettant au service de quelqu'un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l'obéissance qui conduit à la justice ?

Quand nous, nous péchons : nous choisissons de devenir esclaves du péché qui devient notre maître ; ainsi il a un droit de propriété sur nous. Même s'il n'est pas honnête avec nous et même s'il cherche délibérément à nous tromper (Genèse 3,4). Mais alors, contre quoi le malin abandonnerait-il ce droit légal qu'il a sur nous ? Il lui faut une rançon intéressante : le Christ ! ça c'est un échange intéressant pour le diable (2) ! Voyez les efforts qu'il fait contre Jésus en Luc 4,1-13. La TOB traduit même au verset 13 "Ayant alors épuisé toute tentation possible, le diable s'écarta de lui jusqu'au moment fixé".

Un peu plus tard dans l'évangile de Luc, Jésus dit alors aux grands prêtres, aux chefs des gardes du temple et aux anciens, qui étaient venus contre lui : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme si j'étais un bandit. Tous les jours, j'étais avec vous dans le temple et vous n'êtes pas venus mettre la main sur moi. Mais c'est bien là votre heure et l'autorité des ténèbres (Luc 22,52-53).

Jésus se livre à l'autorité des ténèbres. Il ne se livre pas à Dieu. Il se livre au diable (3) à qui il a résisté pendant tout l'évangile (en commençant par Luc 4,1-13).

Par deux fois 1Jean 4 nous dit que Dieu est amour. Peut-on imaginer le Dieu-amour infliger le flagellum, l'humiliation, la torture et la croix à son Fils bien aimé en qui il a mis toute son affection ? (Matthieu 3,17 et 17,5). C'est difficilement défendable. Le mal, le péché, le satan, le diable, peu importe son nom, est responsable des souffrances du Christ qui a accepté ces douleurs volontairement (Jean 10,18). Mais attention, la personnification du mal sous les traits de Satan ou du diable est une technique littéraire qui permet d'universaliser le mal et ainsi s'universaliser la lutte de Dieu (et de Jésus contre lui. Mais en réalité, le mal vient du cœur de l'homme (Marc 7,20-23). Donc si je me vends volontairement au mal, le responsable c'est moi ! (Actes 2,36). Et non pas le diable.

Questions pour réfléchir et méditer :
- Est-ce que je comprends mieux ce que Jésus a fait pour moi ?
- Est-ce que je comprends mieux à qui il s'est livré ?
- Est-ce que je comprends mieux qui a voulu que les souffrances de Jésus soient si atroces ?
- Est-ce que je comprends de qui je suis esclave quand je pèche ?
- Est-ce que je comprends le prix que Jésus a payé pour mon péché ?


Notes
1 Rançon : "n.f. (du latin redemptio, rachat) somme d'argent demandée pour la libération d'un captif " (Dictionnaire encyclopédique Larousse en 5 volumes)

2 Le διαβόλος au sens littéral "celui qui lance à travers" (δια-βάλλω), qui divise, qui accuse pour diviser, qui met la zizanie » en gros c'est celui qui qui met le désordre dans les relations. La Bible personnalise le péché en l'appelant le Diable, le malin, le Satan ou autre. Mais il faut toujours mettre cette personnalisation en perspective de la liberté qui nous est offerte en tant qu'homme doué de raison, d'émotion, de pulsions...

3 C.S. Lewis donne une bonne illustration de cela dans le premier tome de son roman "Le monde de Narnia", chapitre 1 : "Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique" :
Le lion Aslan (qui représente Jésus) propose à la Sorcière Blanche (qui représente Satan) de mourir pour libérer Edmund qui s'était mis sous sa domination (pour quelques loukoums !). La sorcière accepte le deal, car elle pense qu'en tuant Aslan elle sera la reine de tout Narnia. En effet au moment de tuer Aslan elle lui dit "si tu savais comme je suis déçue, as-tu cru honnêtement qu'en te sacrifiant ainsi tu sauverais ce traître ? Parce que finalement tu me donnes ta vie, et tu ne sauves personne ; l'amour fait faire des folies ; ce soir la puissante magie (Moi) sera seulement apaisée, mais demain, nous reprendrons Narnia pour toujours, maintenant que tu le sais, désespère... et meurt". En gros : "non seulement tu vas mourir, mais ta mort ne sauvera pas Edmund car je vais le tuer quand même !". Tel est le mal qui veut le beurre et l’argent du beurre. Mais Aslan ressuscite ce que la sorcière n'avait pas anticipé, car la mort ne pouvait le retenir. Et il vient sauver Edmund dans une grande bataille finale

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