Le Repas du Seigneur : Pourquoi ?

Le repas du Seigneur est un geste qui exprime plusieurs réalités et a de multiple sens. Il y a donc plusieurs raisons pour lesquelles nous organisons et participons à un repas du Seigneur. Nous ne reviendrons pas sur le sens, mais plutôt sur sa concrétisation à travers le symbole du geste.

- Annoncer sa mort jusqu’à ce qu’il vienne

Le geste lui-même est sensé réaliser cette annonce. Mais il ne s’agit pas de rester silencieux. Le geste s’accompagne de ce pourquoi l’église existe et de ce pourquoi les disciples ne rejoignent pas le Seigneur immédiatement après leur baptême : la prédication. Jésus prêchait le Royaume de Dieu. Nous, nous prêchons Jésus-Christ, Fils de Dieu, crucifié et ressuscité. Les réunions chrétiennes, et le repas du Seigneur en particulier doivent être l’occasion d’une prédication qui accompagne et qui est portée par le geste de la fraction du pain. La prédication chrétienne, quelle que soit le texte ou le thème abordé, doit (plus ou moins directement, mais toujours) être à propos de Jésus-Christ, pour Jésus-Christ de la part de Jésus-Christ et/ou selon Jésus-Christ. Inlassablement et sans exception1.

Il n’est pas nécessaire de multiplier les messages. Le message d’une réunion pendant laquelle est organisé le repas du Seigneur devrait être christo-centré et unique.

- S’examiner soi-même et discerner le Corps

Manger le pain/corps de Jésus et boire le vin/sang de Jésus c’est participer à ce geste prophétique de l’Église qui parle de la Croix passée, comme nourriture pour le présent et gage d’avenir. Cela demande une conscience de notre appartenance à l’église corps de Jésus et de notre engagement envers Jésus lui-même. Cette conscience doit être réévaluée de temps en temps afin que l’amour du plus grand nombre ne se refroidisse pas, que nous n’éteignons pas l’Esprit, et que notre premier amour reste bien premier. Tout cela nécessite de faire le lien entre moi-même, le Corps de Jésus donné sur la Croix et le Corps de Jésus qu’est l’Église. Il y a là un mystère2 :

29Jamais personne, en effet, n’a détesté sa propre chair ;
au contraire, il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église,
30parce que nous faisons partie de son corps. (...)
32Il y a là un grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église...
Ephesiens 5,29

- Faire mémoire de Jésus

Comme nous l’avons vu, faire mémoire de Jésus c’est le côté de la prédication qui s’adresse aux chrétiens :
- Pour leur rappeler leur espérance,
- Pour leur rappeler que Jésus hurle son amour par la Croix
- Pour leur rappeler que Dieu est du côté de Jésus, même sur la Croix, ce qui est démontré par la résurrection.
- Pour leur rappeler aussi que la mort de Jésus est une proposition : celle de pardonner nos péchés ; proposition que nous acceptons à travers le baptême, et dont nous renouvelons l’acceptation en participant au repas.
- Pour leur rappeler encore que ce que Dieu nous a donné nous devons aussi le partager avec les autres en aimant nos frères et sœurs (Jean 13,34-35) et en étant ambassadeurs pour Dieu dans ce monde que Dieu a tant aimé et pour lequel il a donné son Fils unique (Jean 3,16).

Ces points de rappel (en particulier les deuxième et troisième) sont difficiles à réaliser en dehors de ce repas et de ce geste que Jésus nous a donné.


Notes

1 Je parle ici de prédication qui accompagne le Repas du Seigneur. Je ne parle pas de l’enseignement qui aurait pour but par exemple de faire l’exégèse d’un texte qui ne parlerait pas de Jésus (comme la plupart des textes de l’Ancien Testament) ou l’épître Jacques par exemple (qui à part en 1,1 ne parle pas de Jésus-Christ).

2 Un mystère n’est pas quelque chose de caché sur lequel on ne peut rien dire, mais une vérité toujours à creuser. Cette vérité est révélée par Dieu et nécessite des années de méditation (voir des siècles comme pour la Trinité par exemple) et permet d’aller toujours plus profond dans sa compréhension. Plus on creuse le mystère, plus on peut en parler, sans jamais réellement arriver au bout de ce qui pourrait en être dit.