Dieu est

Dans sa suffisance, l’impie ne cherche plus :
« Il n’y a pas de Dieu »,
voilà toute son astuce

Psaume 10,4 (TOB)

Dieu existe-t-il ? Nombreux sont ceux qui ont tenté de "prouver" l'existence de Dieu. Des théologiens comme Anselme de Cantorbery ou Thomas d'Aquin mais aussi des philosophes comme Descartes ou Spinoza s'y sont essayés.

Le premier problème de l'homme face à Dieu c'est qu'il tente de saisir par sa raison ce qui la dépasse. Car dans l'hypothèse monothéiste Dieu donne au monde sa réalité : il en est le principe et la raison d'être, l'origine et la destinée. En tant que tel, il ne fait pas partie de la réalité qu'il détermine ! Il est donc raisonnablement insaisissable, et à ce titre l'intelligence humaine ne pourra jamais prouver ni son existence ni sa non existence. Dieu est à la fois hypothétique et certain : nous sommes coincés !

De là découle un deuxième problème : Dieu est à la fois personnel et universel. Personnel car chacun face à l’insaisissable tente quand même de le saisir dans sa culture et son histoire, c'est à dire dans une tradition (plus ou moins transformée selon les individus). Universel car Dieu pointe toujours vers un absolu qui dépasse l'idée qu'on s'en fait.

Surgit alors un troisième problème : comment peut-on parler de Dieu ? S'il est à la fois proche et lointain, personnel et universel la difficulté pour parler de lui est immense : en effet je ne pourrais parler que de ma propre conception de Dieu que je maîtrise parce qu'elle vient de moi-même, alors qu'au fond je souhaite parler du Dieu universel qui m'est extérieur et que je ne peux maitriser.

A cause de ces problèmes qui relèvent finalement de la finitude humaine tentant vainement de saisir l'infini divin, nous avons le choix : soit nous mettons notre confiance en Dieu, ce qui peut aller jusqu'au martyr, soit nous nous moquons de Dieu (ouvertement ou par indifférence) ce qui n'implique visiblement aucune punition foudroyante (Psaumes 73,3-5). La seule assise que la raison puisse trouver n'est pas que Dieu existe, mais qu'il "est". Dieu est le fondement de "l'être", c'est à dire de ce qui "est", et qui en dehors de lui n'en n'a pas (de fondement). La philosophie ne peut pas aller bien plus loin...

Si nous voulons continuer le chemin, nous n'avons qu'une solution : passer de la philosophie à la théologie, passer de la raison à la foi.

En effet, ce qui chez lui est invisible
— sa puissance éternelle et sa divinité —
se voit fort bien depuis la création du monde,
quand l'intelligence le discerne par ses ouvrages

Romains 1,20 (NBS)

Mais passer de la raison à la foi n'implique pas qu'il faille abandonner la raison (comme le suggérait le philosophe danois Søren Kierkegaard). Les grecs pensaient découvrir Dieu en observant la nature (en faisant de la science). Les juifs pensaient trouver Dieu dans l'histoire humaine.

En "contemplant" la nature c'est à dire ce qui existe, à travers une promenade du dimanche ou avec des outils scientifiques, on peut à la fois s'émerveiller mais aussi être terrifié. En cherchant Dieu dans l'histoire des humains on trouve de belles choses mais aussi des horreurs sans nom. Ce qui pose question n'est ni la nature ni l'histoire, mais "l'être" : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Le miracle de l'être permet de savoir qu'il y a un Dieu.

Mais ce n'est pas encore la foi, seulement un premier pas vers elle en ce sens que la contemplation de la création devrait nous pousser à vouloir en savoir plus sur Dieu, c'est à dire à chercher Dieu. Mais celui qui s'en arrête à la contemplation de la nature ou de l'histoire et qui veut s'en contenter a toute les chances de ne pas comprendre qui "est" Dieu (cf Romains 1,21-23).

Alors comment chercher ce Dieu dont on perçoit l'existence à travers la création mais qu'on ne peut pas connaître réellement avec notre raison humaine ? Dans le premier chapitre de l'épître aux romains (v16-17), mais aussi dans d'autres lettres conservées dans la Bible, l'apôtre Paul exhorte à contempler non plus la nature, mais l’Évangile avec un grand E, c'est à dire la bonne nouvelle de Jésus-Christ. L'évangile de Jean fait de même :

Personne n’a jamais vu Dieu ;
Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père,
nous l’a dévoilé

Jean 1,18 (TOB)

L'évangéliste ne cherche pas à prouver que Dieu existe. Mais que Dieu "est". Et il ne le fait pas ici avec des arguments philosophiques (et encore moins scientifiques) comme je l'ai fait plus haut. Il explique que celui qui révèle Dieu c'est Jésus-Christ Fils de Dieu. Nous avons alors la réponse à notre question : connaître Dieu c'est connaître Jésus-Christ Fils de Dieu. A travers sa vie, son enseignement, sa passion, sa mort et sa résurrection, il est celui qui nous parle de Dieu ; bien plus : il est la Parole de Dieu (Jean 1,14).

Or la source de connaissance (intellectuelle, spirituelle, émotionnelle) que nous pouvons avoir de Jésus-Christ se trouve dans la Bible.

Mais peut-on faire confiance au Jésus de la Bible ? Nous avons vu que l’ambiguïté de l'existence de Dieu induite par la finitude humaine pouvait créer une conception de Dieu personnelle. Comme nous sommes nombreux sur terre à réfléchir à Dieu, il en résulte de nombreuses religions et au sein même des religions de nombreuses façons de voir Dieu.

Il n'y a qu'une façon d'en être réellement et pleinement convaincu :

Jésus leur répondit : Mon enseignement
n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé.
Si quelqu'un veut faire sa volonté,
il saura si cet enseignement vient de Dieu
ou si c'est moi qui parle de ma propre initiative.

Jean 7,16-17 (NBS)

La seule manière de savoir, c'est d'expérimenter. Un peu comme dans la méthode scientifique en quelque sorte : on essaie et on voit si ça marche... Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons donner notre confiance à Dieu, tout comme un nourrisson donne sa confiance à ses parents qui prennent soin de lui depuis sa naissance, nous devons apprendre à faire confiance à Dieu. La foi est un apprentissage spirituel qui ne tombe pas du ciel. Pas besoin d'apparition ni de miracle (1Corinthiens 1,22-23). La foi c'est la décision de placer sa confiance en Dieu. Souvent cette décision se prend après avoir tenté d'avoir confiance en soi-même, ce qui dure un temps parfois longtemps, mais jamais au delà de la durée d'une vie humaine ! Quelle que soit notre force de caractère, nous ne pouvons vaincre le monde par une force humaine.

tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde ;
et la victoire qui a vaincu le monde, c'est notre foi.
Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que
Jésus est le Fils de Dieu ?

1Jean 5,4-5 (TOB)

Selon ce passage, la foi vient de Dieu. Sans Dieu il n'y a pas de foi. Mais elle vient aussi de nous même. Deux solutions s'offrent a nous : soit nous sommes divins, et nous plaçons notre foi en nous-mêmes, mais comme nous ne pouvons vaincre le monde (et la mort cf 1Jean 5,11-12) ce n'est pas envisageable ; soit nous ne sommes pas divin, et alors la foi, au lieu d'être une croyance, une pensée ou une idée est en fait une rencontre.

Saurez-vous répondre à l'appel, en prenant la décision de mettre Dieu au défi de gagner votre confiance, c'est à dire de vous donner la foi ?