Le ministère de prophète

Dans le Nouveau Testament on dit des prophètes qu'ils sont établis/placés/institués (1Corinthiens 12,28) et donnés à l’Église (Éphésiens 4,11). On en trouve :
- à Jérusalem (Actes 11,27 Agabos)
- à Antioche (Actes 13,1-4)
- à Tyr (Actes 21,4)
- à Corinthe (1Corinthiens 12,14)
- à Éphèse (Éphésiens 4,9-11)
- dans les églises dispersées d’Asie Mineure (2Pierre 2,1-2 ; 1Jean 4,1-3)

On identifie quelques prophètes
- Juda et Silas (Actes 15,3)
- Agabos (Actes 11,28 ; 21,10-11)
- L’apôtre Jean était aussi prophète (Apocalypse 22,9)

Il y avait aussi des hommes ou des femmes (Actes 21,9 ; 1Corinthiens 11,4-5) qui sans être prophètes établis, avaient le don de prophétie (Romains 12,6 ; 1Corinthiens 12,10). Ce dont n’était donc pas réservé aux seuls prophètes établis mais pouvait potentiellement être accordé à tout chrétien (1Corinthiens 14,31 ; Actes 19,6-7 / Actes 21,9). Cela va dans le sens de la prophétie de Joël citée en Actes 2 dans le discours de Pierre. Ce don semble faire partie des dons nécessitant l’imposition des mains des apôtres (1Timothée 4,14).

A la lumière des Écritures on voit que le rôle le plus important des prophètes néotestamentaires était de prédire, et de guider l'église dans ses décisions et, de façon non spécifique (c'est à dire comme les autres ministères) de consoler, et exhorter.

Ce rôle connaissait quelques limites :
- être en accord avec la foi (Romains 12,6)
- être en accord avec les prophètes du premier Testament (1Corinthiens 14,32) c'est-à-dire avec les Écritures
- être en accord avec l’enseignement des apôtres (1Corinthiens 14,37) c’est à dire avec la parole de Dieu
- se laisser juger par les autres (1Jean 4,1 ; 1Corinthiens 14,29)
- à noter, selon 1Corinthiens 14,6 que prophétiser n’est pas révéler. La révélation (sur Dieu) est réservée aux apôtres.

La Didaché (un écrit du début du deuxième siècle qui a bien failli se trouver dans le Nouveau testament) dit au chapitre 10,7 « Laissez les prophètes rendre grâce autant qu’ils le veulent ». Elle dit aussi un peu plus loin au chapitre 11,1 « si quelqu’un vient à vous et vous enseigne ce qui a déjà été enseigné auparavant, recevez le (…) pour ce qui est des apôtres [dans le sens prédicateurs itinérants] et des prophètes agissez selon le précepte de l’évangile…. ». S’en suit une série de critères pour reconnaître les vrais prophètes et les faux.

C’est le document de source chrétienne1 le plus récent parlant de prophètes. Après ce texte personne ne les évoque plus, ni clément de Rome, ni Ignace d’Antioche, ni Polycarpe de Smyrne, ni Barnabé, ni le Pasteur d’Hermas, ni Irénée de Lyon. Probablement parce qu’ils ne sont plus. Et s’ils sont encore, ils sont soit insignifiants par leur action spirituelle sur l’Église, soit discrédités par des mouvements charismatiques (comme le montanisme auquel Tertullien adhère à la fin de sa vie). A partir du 2e siècle l’Église ne les reconnaît plus (et ne les établit plus).

Pour quelle raison les prophètes auraient-ils disparus ? Si le don était donné par imposition des mains des apôtres, il aurait alors fallu que le ministère d'apôtre perdure également. Mais on peut penser que l'action de Dieu (et l’Église) n’en avai(en)t plus besoin : ces rôles (à part consoler, et exhorter, qui ne sont pas des rôles spécifiques aux seuls prophètes) sont moins nécessaires à partir du moment où un canon des Écritures est en place. Le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie (Apocalypse 19,10). La prophétie est donc toujours présente à travers le témoignage de Jésus. En ce sens chaque chrétien est un prophète. Mais elle n’est plus nécessaire si l’on considère que la Bible révèle ce que nous avions besoin de savoir pour vivre en tant que chrétiens.


Note

(1) Certains écrits jugés hétérodoxes (ou hérétiques) parlent de la prophétie.

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