A part à Dieu, à qui faut-il encore se soumettre ?

Pour finaliser la réflexion entamée avec les autres questions sur la soumission récapitulons ce que nous avons déjà vu :

Ephésiens 5,21 la soumission dans les relations familiales
Jacques 4,1-10 ; Hébreux 12,11-13 la soumission à Dieu.

Une étude de concordance (1) sur les passages bibliques portant sur la soumission donne les passages principaux suivants (2) :

 

 Cliquez sur la

référence biblique

pour la lire

avec un

petit commentaire

Tentons une synthèse :

D'abord il est important de ne pas trop séparer la soumission à Dieu et la soumission aux autres. En effet, en tant que chrétiens, notre vie a pour but de refléter concrètement dans la vie terrestre ce que nous vivons spirituellement avec notre Dieu céleste. Jésus lui-même ne sépare pas les deux grands commandements (l'amour pour Dieu et l'amour du prochain) qu'il juge semblables.

Nous avons vu que se soumettre est, paradoxalement, une clé de la liberté et de la paix. Sans soumission il n'y a pas de paix, mais plutôt du désordre et de l'incertitude. Philippiens 2 est très clair à ce propos. Ainsi, comme Dieu nous laisse libre et nous rend autonome, nous aussi nous devons faire de même dans nos relations les uns avec les autres. Dieu lui-même, à travers l'incarnation, s'est soumis aux humains, même à leur méchanceté, à combien plus forte raison devons nous nous aussi le faire en comprenant ce que veut dire "soumission" : se soumettre, c'est "se mettre sous". C'est donc supporter : "sur-porter" ou encore "porter plus". Et là se trouve la clé de l'amour que nous enseigne le Christ et qui est la volonté de Dieu : portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ (Galates 6,2). Dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, les ouvriers qui avaient travaillé toute la journée se plaignent d'avoir "supporté" plus que ceux qui sont arrivés en dernier, pour une récompense identique (Matthieu 20,12). L'amour impose que l'on soit heureux avec ce que l'on a et avec ce que l'on est (c'est une marque de soumission à Dieu), il impose aussi qu'on utilise ce que l'on a et ce que l'on est pour les autres (si ce n'est que pour soi-même, ce n'est pas de l'amour) et enfin il impose qu'on se réjouisse de ce que les autres ont ou sont (c'est une marque de soumission aux autres). Avec un tel amour, qui relève de la soumission, on ne trouvera jamais que la vie est injuste, car dire cela (ou le penser !) revient à dire que Dieu lui-même est injuste.

Une question récurrente et difficile quand on parle de soumission au sens biblique du terme est celle de la femme à son mari. Pour les auteurs bibliques, la soumission de la femme à son mari est liée à la nature humaine. Ce n'est pas quelque chose qui change en fonction des circonstances de la culture ou des temps.

Malheureusement, elle fut tellement mal comprise jusqu'à aujourd'hui (et donc encore pour longtemps), qu'il est légitime que les femmes aient le désir de s'émanciper de la soumission quand elle est mal mise en pratique par des hommes abusifs.

Il nous faut faire un tout petit détour ici de quelques lignes pour préciser que nulle écriture ne stipule explicitement que les femmes doivent se soumettre aux hommes dans l’église. Même 1Coritnhiens 14 remis dans le contexte global de la lettre ne parle pas de soumission des femmes en général, aux hommes en général. Et 1Timothée 2 probablement non plus. Globalement, les passages parlent seulement de la soumission d'une femme envers son mari. Si cela était pris en considération, un certain nombre de pratiques d'un grand nombre d’églises pourraient subir une remise en cause assez sérieuse !

Cette précision étant faite, comment comprendre qu'une femme doive se soumettre à son mari ? Le contexte historique de production des documents bibliques n'est-il pas à considérer ? Dois-je obéir littéralement à ces passages ?

Ces questions qui en font surgir une autre sur la nature de la Parole de Dieu, peuvent être mises de côté en considérant que la soumission est une question d'amour et non de de hiérarchie, une attitude active et non l'attente passive d'un ordre donné par un plus gradé que soi.

Un bon exemple de soumission d'une femme a son mari est celui d'Abigaïl en 1Samuel 25. Lorsque David résolut de tuer son mari Nabal ainsi que tous les hommes de son clan parce qu'il avait refusé de lui rendre un service qu'il lui devait, Abigaïl, en secret, prend l'initiative de faire le contraire de ce que souhaite son mari : donner à David ce qu'il demande. Apparemment elle ne s'est pas soumise à son mari ! Et pourtant à bien y regarder on comprend qu'elle lui sauve la vie et accompli ce qu'il aurait du accomplir s'il avait eu quelques principes moraux. Abigaïl s'est soumise aux besoins de son mari et non à sa volonté ou son désir, elle s'est soumise à Dieu à la place de son mari. Elle s'est humiliée, elle s'est rabaissée devant David pour rattraper l'erreur de son mari. Elle a été le vis à vis qu'une femme doit être pour son mari, et non une bonniche obéissante et décérébrée. Elle était probablement bien plus intelligente et perspicace que lui, et surtout bien plus spirituelle, ce qui plut à David qui après la mort de Nabal la prit pour femme.

Chères lectrices, qu'auriez-vous fait à la place d'Abigaïl ? Si vous aimez votre mari, probablement auriez-vous été capable de faire la même chose ! (3). Se soumettre n'est pas forcément obéir, c'est réfléchir à comment mieux aimer. Mais heureusement tous les maris ne sont pas aussi obtus et bornés que Nabal (1Samuel 25,17c) et la communication sert souvent à éviter ce genre de mésaventure.

Chers lecteurs, comment auriez-vous réagi à l'attitude d'Abigaïl ? Soyons honnêtes, on n'aurait probablement pas aimé ! Mais ici Nabal a le mauvais rôle ; si l'on ne veut pas que notre femme, par soumission, fasse à notre place ce que nous aurions dû faire, alors soyons responsables en nous soumettant à l'amour qui dans cette situation aurait exigé de rendre service à David. Ephésiens 5 montre comment doit s'établir l'équilibre (4) dans le couple si on ne se contente pas seulement des v21-24 mais bien de toute la péricope du v21 jusqu'au v33 !

A travers cet exemple on le comprend : la soumission c'est d'abord de l'amour.


Notes

1 Passages explicites contenant le verbe soumettre ou le mot soumission : ὑποτασσώ (actif) je soumets ; ὑποτασσόμαι (moyen) je me soumets, (passif) je suis soumis ; ἡ ὑποταγή, ῆς la soumission

2 Nous excluons des passages comme Romains 13,1-7 ou 1Pierre 2,13.18 qui parle de la soumission aux autorités et non dans les relations proches (famille, église...).

3 On ne sait pas grand chose d'Abigaïl mais on peut imaginer qu'elle a été mariée à Nabal par arrangement familial et non par une rencontre sur internet avec des critères de sélection cochés dans un liste proposée par un site de rencontre. Etre marié à un homme qu'on appelle « le fou » n'est pas le mariage le plus excitant qui soit. Mais le récit montre une femme loyale, prête à aimer jusqu'à s'humilier à la place de son mari.

 4 Pourtant, si l'on met en parallèle les couples enfants/parents, maître/esclave, avec le couple mari/femme est-ce que cela n'implique pas que la femme est moins élevée que le mari ? On peut sans hésiter répondre que non : si Paul prend soin de décrire l'amour du mari pour sa femme, c'est bien pour différencier le couple homme/femme des autres couples dans lequel s'exerce une soumission.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.