Qui est le Christ ?
         Celui qui est là . . .

En Exode 3 on se focalise souvent sur le verset 14 :

Dieu dit à Moïse : Je serai qui je serai.

Dieu se révèle comme celui qui « est » de manière inaccomplie1, c'est à dire celui qui est et qui continuera d'être. Mais dans la situation dans laquelle se trouve Moïse à ce moment là, cela n'a pas une très grande importance. On pourrait dire que ça lui fait une belle jambe, car la mission qu'il reçoit nécessite quelque chose de plus concret qu'on trouve en fait aux versets 11 et 12 :

Moïse dit à Dieu :  Qui suis-je pour aller auprès du pharaon et pour faire sortir d’Égypte les Israélites ?
Dieu dit : Je serai avec toi ;

Dieu ne fait pas seulement qu'« être ». Mais « il est avec ». Moïse a du mal à comprendre et continue d'argumenter pour se défiler.

Mais nous, spirituellement, nous ne sommes pas dans la position de Moïse. Car après la venue de Jésus, par la foi, nous savons que le Christ est vivant, parce qu'il est ressuscité. La résurrection est l'aboutissement du scandale de la venue de Jésus-Christ en ce monde. Après la remise en cause de la morale2, de la religion3, et même de la manière dont on considérait la gloire de Dieu, par son abaissement à l'ignominie de la croix, Jésus ressuscite et démontre par là-même qu'il n'était un scandale que pour les hommes et non pour Dieu. En ressuscitant Jésus, Dieu prend parti pour celui qui fut un scandale, c'est à dire littéralement, une occasion de chute, un objet d'incompréhension.

Le scandale est toujours vivant ! Même si on ne peut plus toucher Jésus (Jean 20,27) aujourd'hui, il est bien présent par son Esprit (Jean 20,21) pour nous rappeler constamment que Dieu ne raisonne pas comme nous :

Car mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voie
        — déclaration du SEIGNEUR.
Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
       autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies
       et mes pensées au-dessus de vos pensées.

Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y reviennent pas
       sans avoir abreuvé la terre,
       sans l'avoir fécondée et fait germer,
       sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim,

ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche :
       elle ne revient pas à moi sans effet,
       sans avoir fait ce que je désire,
       sans avoir réalisé ce pour quoi je l'ai envoyée
    (Esaïe 55,8-13)

Le Christ est retourné à Dieu. Mais Il ne nous a pas abandonné. Le troisième article du credo qui dit : « Je crois en l'Esprit-Saint », sert à exprimer notre compréhension de la présence du Christ par son Esprit de sainteté (Romains 1,4). Dieu a envoyé sa Parole. Elle a fait son œuvre et est retournée auprès de Dieu. (Jean 16,28). En cela nous sommes avantagés, car pour nous il reste l'Esprit (Jean 16,7).

Mais de la même manière que tout ce qu'on peut connaître du Père, nous pouvons le connaître en contemplant le Christ, et bien tout ce que nous avons à savoir sur l'Esprit qui est la présence de Dieu avec nous, nous pouvons le savoir en contemplant (dans les écritures) le Christ. L’Église sur terre ne peut qu'être l’Église du Christ et non une église d'un autre membre de la trinité.


Notes

1  C'est ainsi qu'est conjugué le verbe être en hébreu en Exode 3,14.

Par exemple en mangeant avec des collecteurs d’impôts et des prostituées.

Par exemple en critiquant l'activité financière, commerciale, et même sacrificielle du temple ; ou bien en se permettant de réinterpréter la Torah ; ou encore en se permettant de pardonner les péchés...