Le parler en langues a beaucoup fait (et fait encore ) couler beaucoup d'encre (et de salive !). Voici par exemple un exemple d'herméneutique issue de « The daily study Bible, The Acts of the apostles », W. Barclay, revised edition 1976, St Andrew press. Aux pages 21-22 William Barclay écrit :
« Il y avait dans l’Église primitive un phénomène qui n'a jamais complètement disparu. Il s'agit du parler en langues (Ac 10,46 ; 19,6). Le passage principal qui le décrit est en 1Cor 14. Ce qui se passait, c'est que quelqu'un en extase commençait à sortir un flot de sons inintelligibles ne correspondant à aucun langage connu. Cela était supposé être directement inspiré par l'Esprit de Dieu et était un don grandement convoité. Paul n'approuvait pas vraiment cette pratique parce qu'il préférait qu'un message soit donné dans un langage intelligible. Il dit que si un étranger survient il pourrait bien penser qu'il est entré dans une congrégation de fous (1Cor 14,23). Cela décrit tout à fait Ac 2,13. Des hommes qui parlent en langues ressemblent à des gens qui sont ivres pour ceux qui ne connaissent pas le phénomène.
Parler des langues étrangères n'était pas nécessaire. La foule était faite de Juifs (v5) et de prosélytes (v10) (...) Pour une foule comme celle-ci, deux langues au plus étaient nécessaires. Quasiment tous les Juifs parlaient araméen, et (...) grec.
Il semble très probablement que Luc, un Gentil, a confondu parler en langues avec parler des langues étrangères. Ce qui s'est passé c'est que pour la première fois dans sa vie, cette cohue bigarrée entendait la Parole de Dieu d'une manière qui touchait directement leur cœur et qu'ils purent comprendre. La force de l'Esprit était telle qu'il a donné à ces simples disciples un message qui pouvait atteindre chaque cœur. »
Pour justifier la pratique du « parler en langues » qu'il approuve, Barclay, un érudit dont les commentaires du Nouveau Testament sont une référence pour des millions de protestants, est prêt à dire : Luc se trompe ! Attention aux doctrines qui guident notre étude et pas l'inverse ! Si nous nous laissons guider par notre propre tradition ou notre propre opinion, nous risquons fort d'aboutir, comme Barclay ici, à une herméneutique (1) erronée. Nous devons faire attention à ne pas chercher dans la Bible ce qu'on a envie de trouver, mais ce que l'Esprit veut nous dire.
Il est très important en tant que chrétiens de développer un esprit critique vis-à-vis de ce qu'on entend (que ce soit dans le monde, les médias, mais aussi dans les églises, même la nôtre !!!). Pour cela adopter la « béréenne-attitude » est une nécessité.
Note
(1) l'herméneutique, c'est la compréhension de ce que le texte veut nous dire aujourd'hui dans notre culture. Pour comprendre cela il faut un travail important d'analyse (exégèse entre autres) qui permet de dégager les principes du texte de leur ancrage culturel et historique qui est différent du nôtre.