Communion avec « tous les croyants » (2) ?

Certains, que nous qualifierons de plus libéraux (par convention) auront tendance à penser que tous sont leurs frères, mais ceux que l'on peut alors qualifier de plus conservateurs renieront cette tendance pour restreindre la notion de fraternité spirituelle.

Mais Peut-on être frère unilatéralement1 ?

Le schéma en marge, montre deux cercles concentriques. Le centre commun aux deux cercles correspond à une conviction ou une doctrine particulière importante vis à vis du salut ou de la pratique (par exemple le baptême). Les cercles A et B schématisent des groupes dont les convictions sont plus ou moins strictes par rapport à la conviction du centre.

Les membres du groupe B considéreront les membres du groupe A comme leurs frères en Christ car ils partagent les mêmes convictions qu'eux bien que de manière moins stricte, alors que les membres du groupe A considérant  les membres du groupe B comme trop inclusifs ou peut-être trop laxistes, refuseront de se considérer comme frères les membres de B.

Ce schéma est volontairement caricatural car le problème est bien plus complexe. En effet il n'existe pas un seul critère de différentiation, mais des dizaines. Prenons par exemple le cas de ceux qui pensent que le baptême ne peut être administré qu'à des adultes, et a contrario ceux qui préconisent de baptiser des enfants : essayez d'imaginer ce que devient notre schéma.

Puis pensez à ceux qui pensent que le salut est indépendant des œuvres, et à ceux qui ne le pensent pas. Puis intégrez dans le schéma ceux qui pensent que la transsubstantiation est une doctrine fondamentale alors que d'autres ne le pensent pas. Et parmi ceux-là ceux qui parlent de consubstantiation et ceux qui pensent que cela n'a pas d'importance. Pensez ensuite au rôle des femmes dans l'église, à l'usage des instruments dans les cultes, à la date de Pâques, au mariage des pasteurs, au culte des saints, à l'usage des icônes dans le culte, à l'importance du respect de la liturgie, à la participation des fidèles au vin, au remariage des divorcés, au nombre des sacrements, à la validité des conciles, à l'autorité du pape, à l'autonomie des églises, à leur structure hiérarchique presbytérienne, épiscopalienne ou autre, à l’œcuménisme, à la forme des prières, etc... etc... etc... etc...

La communion est donc limitée, mais possible au moins partiellement : on peut discuter, lire les écritures, chanter, ensemble. Christ n'est-il pas Christ même si nous n'en avons pas exactement la même compréhension. Ainsi, pour les plus optimistes, on peut apprendre les uns des autres. Cependant, la fraternité chrétienne, qui découle de notre conception de ce qu'est un chrétien, ne peut être complète. Probablement aurons nous tous ensemble plaisir à parler de telle ou telle parabole de Jésus. Mais pas des sujets qui divisent. C'est pourquoi, la communion n'est que partiellement possible. Sur quoi nous focaliserons nous : le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide ? La bonne réponse est probablement : les deux mon capitaine !

Questions pour méditer :

- Est-ce que je connais les enseignements de ma propre église ?
- Est-ce que je saisis ce qui est important de ce qui l'est moins ? Ce qui constitue une doctrine incontournable et ce qui est de seconde importance ?
- Suis-je disposé à discuter paisiblement de ce que je crois avec d'autres qui ne le croient pas ?


Note

1  Cette question est du même ordre que celle qui demande si Dieu peut sauver les gens malgré eux, sans que ceux-ci n'aient à dire s'ils sont d'accord ou non.