Satan

1. Avant qu'il ne soit Satan

Dans la Bible Hébraïque il n’y a que trois textes qui mentionnent Satan. Dans les trois « il est associé directement à YHWH : en Zacharie 3, en Job 1-2 et en 1Chroniques 21. En Zacharie 3 et en Job 1-2, le terme est utilisé avec l’article, ce qui semble indiquer qu’il désigne une fonction alors qu’en 1Chroniques 21 Satan se trouve sans article et pourrait [éventuellement] être compris comme un nom propre. »1 Nous reverrons cette écriture plus tard, étudions d'abord les deux autres.

Avec un article « le satan » n'est pas un nom mais un titre ou une fonction : une sorte de « procureur » qu’on pourrait appeler « la partie adverse ». Il fait parie de la cours céleste. Dans le tribunal céleste il fait son rapport à Dieu et joue le rôle d'avocat de l'accusation, testant la justice humaine au nom de Dieu. Il ne s'oppose pas à Dieu parce qu’en réalité … il travaille pour Lui.

Certes en Zacharie 3 Dieu rabroue le Satan qui accuse le grand prêtre, mais il ne fait en réalité que dire son désaccord avec le procureur.

En Job 1 le Satan fait son rapport à Dieu sur Job comme un agent des services secrets ferait son rapport à son supérieur2,3.

En aucun cas il ne s'agit d'un ange déchu ou d'un méchant cosmique. Il s'agit d'un rôle officiel dans la bureaucratie spirituelle, dans le tribunal qui juge de ce qui est acceptable ou de ce qui ne l'est pas.

Il n'y a pas (encore) de fosse ardente. Pas de guerre au paradis. Pas d'histoire de rébellion. Satan est d'abord un employé anonyme de Dieu.


Notes

1- Thomas Römer, « De la nécessité du Diable » dans : Entre dieux et hommes : anges, démons et autres figures intermédiaires, Actes du colloque organisé par le Collège de France, 2014 — j’ai ajouté les italiques.

2- Thomas Römer, « De la nécessité du Diable » dans : Entre dieux et hommes : anges, démons et autres figures intermédiaires, Actes du colloque organisé par le Collège de France, 2014

3- Nous avons lu dans un article précédent la réponse de Job à sa femme (2,10) : Job parle comme s’il n’avait aucune conscience de cette cour céleste. Il attribut à Dieu ses malheurs tout comme le narrateur au v16 qui parle d’un feu de Dieu qui tue tous le bétail et les serviteurs de Job. En fait c’est postérieurement, pendant ou après l’exil que les passages sur l’histoire de la cour céleste (1,6-12 et 2,1-7a) ont été ajouté au poème initial d’où la discordance. Cette cour céleste fonctionne comme celle des rois perses Achéménides dont Cyrus est l’exemple type. Pour le lecteur de l’œuvre complète, l’histoire de Job est celle du peuple juif déporté mais qui revient dans son pays pour reconstruire en plus grand.

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