Jésus dans un monde plein de démons

3. Paul et les puissances

Paul ne passe pas beaucoup de temps à parler des démons. Du moins pas autant que les Évangiles. Il y a peu d'histoires d'exorcismes ou de témoignages sur la possession dans ses lettres. Il parle plutôt de quelque chose de plus large : il utilise des expressions telles que :
- « les principautés et les puissances »
- « les dominateurs de ce monde de ténèbres »
- « les forces spirituelles du mal dans les royaumes célestes » (Éphésiens 6,12).

En Éphésiens 6 Paul montre que l’Église fait face au monde et à son fonctionnement. Elle est exhortée à fonctionner différemment. Si le discours de l'apôtre semble surnaturel, pour Paul le véritable ennemi n'est pas un personnage, même s'il aime mettre en scène des personnages appelés : Justice, Péché, Loi, Espérance (cf. l'épître aux Romains). Pour lui ce qu’il faut combattre par la spiritualité ce sont les systèmes, les structures, les forces d'oppression, de tromperie et de mort. Peut importe que celles-ci soient spirituelles ou politiques. Il n'est pas toujours évident de savoir si Paul parlait d'êtres littéraux ou métaphoriques. Mais ce qui est clair, c'est qu'il croyait que le monde était pris dans quelque chose de plus grand que n'importe quelle personnage réel ou métaphorique, comme une sorte de gravité invisible qui éloigne l'humanité de la vérité, de la liberté et de l’amour. Au fond même si Paul croyait de manière littérale à des forces surnaturelles, nous, au 21e siècle, vivons dans un monde qui ne peut plus s'expliquer ainsi. Et même si l'on pense être plus fidèle à l'écriture en la reprenant littéralement, il n'est plus possible de s'adresser à nos contemporains avec le langage de l'antiquité.

En tout état de cause, quelle que soit la réalité (ou la non réalité) du monde surnaturel, l'analyse de la responsabilité de l’Église face à l'oppression du monde reste philosophiquement et spirituellement valable. Et il ne faisait qu'actualiser la pensée de Jésus dans sa propre génération. Ce que nous devons faire aussi en imitant le principe d'actualisation et non le processus (sauf si on veut être littéraliste).

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