Pourquoi Jésus a-t-il accepté de mourir sur la croix ?
La parole de la croix,
en effet, est folie pour ceux qui se perdent,
mais pour ceux qui sont en train d’être sauvés,
pour nous,
elle est puissance de Dieu.
1Corinthiens 1,18 (TOB)
On retrouve toute la substance de l’évangile dans la croix ! Luther disait avec raison : « La croix prouve tout ». Comment la croix, instrument de torture ignoble, peut-elle être le point fondamental de la connaissance de Dieu ? Pour le comprendre essayons de savoir : Pourquoi Jésus a-t-il accepté de mourir sur une croix ?
Marc 14,32-42 - malgré des souffrances affectives :
Pourquoi Jésus se bat il dans la prière plutôt que s’en aller ?
Pourquoi Jésus ne quitte-t-il pas les lieux quand celui qui le livre s’approche ?
Marc 14,43-52 - malgré des souffrances morales :
Pourquoi Jésus ne s’enfuit-il pas comme le jeune homme ?
Marc 14,53-65 - malgré des souffrances physiques :
Pourquoi Jésus ne profite-t-il pas de la confusion dans les témoignages pour se défendre ?
Marc 15,1-15 - malgré une nuit blanche pendant laquelle Pilate pousse Jésus à se défendre :
pourquoi Jésus ne profite-t-il pas de l’occasion ?
Marc 15,16-32 - malgré des tentations :
Pourquoi Jésus ne cède-t-il pas à la (dernière) tentation que lui propose la foule : descendre de la croix ?
Marc 15,33-37 - malgré des souffrances spirituelles :
une fois crucifié, Jésus cite le Psaume 22 parce pour dire deux choses :
- d'abord qu'il a l'impression d'être abandonné par Dieu
- mais ce n'est qu'une impression, car la suite du psaume décrit ses souffrances puis son salut !
Pourquoi a-t-il accepté de ressembler au pire des pécheurs et de vivre la condamnation d'un pécheur alors qu'il était sans péché ? (cf. Hébreux 4,15)
Une seule réponse à tous ces pourquoi :
Parce qu'il m'aime
Pourquoi Jésus devait-il mourir sur la croix ?
Et voici le jugement : la lumière est venue dans le monde,
et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Jean 3,19 (TOB)
Si nous essayons de comprendre l'image de la lumière, pensons au jour qui se lève. Tout ce qui était dans le noir, caché, indiscernable à l'œil, devient visible. Mais en quoi la croix est-elle une lumière qui éclaire la nature humaine ?
Parce que ceux qui ont crucifié le Christ, ce sont les humains. Nous sommes tous concernés, et de plus prêt que nous le pensons. Nous pourrions nous défendre en disant : « ça ne me concerne pas c'est un problème juif ». Mais autant les juifs que les romains (c'est-a-dire le peuple de Dieu et les païens, représentant donc le monde entier), se sont mis d'accord pour crucifier le Fils de Dieu (Luc 23,12 ; Actes 2,23). Nous pourrions également dire : « je n'ai rien à voir la dedans, je n'y étais pas ! », comme la foule à laquelle Pierre s'adresse en Actes 2 à la pentecôte qui n'était probablement pas la même que celle qui avait demandé la crucifixion de Jésus 50 jours plus tôt (Luc 23,21). Nous pourrions encore dire : « je n'y connais rien, c'est un problème de responsables religieux et politiques ». Mais Jésus sur la croix c'est la mise à mort de l'innocent, c'est l'incarnation de l'injustice, et nous savons, même si c'est à différents degrés, que nous avons notre part dans l'injustice (Romains 3,23).
Certains pensent que Dieu a voulu (au sens de désiré) la mort de Jésus sur la Croix pour obtenir justice (on pourrait dire vengeance ?) à cause des péchés des hommes. Mais n'est-ce pas reporter notre propre violence sur Dieu ? N'est-ce pas accuser Dieu afin de ne pas être accusés nous-mêmes ? N'est-ce pas ajouter un blasphème à notre péché ?
En 2Corinthiens 5,21 nous pouvons lire que :
Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait pour nous péché, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu.
Sur la croix, Jésus avait l'apparence du pire des pécheurs : condamné officiellement par les juifs et les romains pour rébellion contre l'ordre religieux et politique, comme un « faiseur de mal » (κακούργους - kakourgous - Luc 23,33) entre deux voleurs. Sur la croix, Jésus nous montre où mène le péché. Paul le résume ainsi en Romains 6,23 :
le salaire du péché, c’est la mort...
Dieu est-il en colère contre le péché ? Oui. Est-il en colère contre le pécheur ? Non ! Mais comment cela est-il possible ? Parce que ce qui met Dieu en colère ce n'est pas que nous péchions, mais c'est que le péché nous détruit. Et comme un parent bienveillant, il est prêt à tout pour lutter contre ce qui détruit ses enfants ! Le salaire ce n'est pas Dieu qui le verse, c'est le péché lui-même qui contient sa propre punition en lui-même.
La croix est la démonstration à la fois de notre péché, et de ce que fait le péché. Ainsi est mise à jour la vérité sur le péché. Christ est mort sur la croix :
pour mettre le péché à la lumière
il a dépouillé les Autorités et les Pouvoirs,
il les a publiquement livrés en spectacle,
il les a traînés dans le cortège triomphal de la croix.
Colossiens 2,15 (TOB)
Dans l'empire romain, lorsqu'un général avait gagné une guerre, il pouvait parader triomphalement à Rome en exposant dans son cortège, les prisonniers prestigieux qu'il avait anéantit et capturé.
Mais Dieu lui-même n'est pas un pouvoir qui, parce qu'il serait plus grand que les pouvoirs du monde, pourrait les surpasser. Car un pouvoir qui détruit un autre pouvoir reste un pouvoir. Ainsi une religion en remplace une autre. Mais par Jésus sur la Croix, Dieu se fait faible, mais cette faiblesse est la puissance de Dieu parce qu'elle est un anti-pouvoir qui neutralise et anéantit les pouvoirs de ce monde que sont le péché (Romains 6,6), la mort (Romains 6,23) et le mal (Tite 2,14).
Si ces pouvoirs peuvent s'incarner dans le monde à travers des personnes ou des institutions, ils sont aussi bien présents en chacun de nous (Romains 3,23). Et chacun de nous a donc besoin d'accepter que nous ne pouvons pas lutter contre eux par nos propres forces (Hébreux 2,14) aussi bien intentionnés soit-on. Donc, comme il le dit en Jean 16,33 Jésus devait mourir sur la croix, symbole de la faiblesse absolue,
pour vaincre le monde
Je n’ai pas honte de la bonne nouvelle ;
elle est en effet puissance de Dieu
pour le salut de quiconque croit, ...
Car en elle la justice de Dieu se révèle.
Romains 1,16-17 (NBS)
La bonne nouvelle, c'est l'incarnation, la vie, la mort et la résurrection du Christ. Elle est puissance de Dieu, nous venons d'en parler. Elle sauve toute personne qui veut bien l'accepter, et elle révèle la justice de Dieu !
Mais comment comprendre et accepter que la justice de Dieu passe par la torture et la mort d'un homme qui par dessus le marché est son propre Fils !?
Lorsqu'un juge rend la justice, il ne se soucie pas de savoir ce que ressent ou pense le justiciable. S'il est un juge juste, il ne doit pas avoir de sentiments. Il applique ce que dit la loi. Si Dieu était un juste juge, il ne se soucierait que de faire appliquer la loi. Mais ce n'est pas le cas, car en matière légale, Dieu a un défaut : il se soucie du justiciable. Et ce soucis va jusqu'à proposer l'amnistie au justiciable. Car Dieu n'est pas un Dieu de rétribution, mais un Dieu de pardon. L'un est exclusif de l'autre : soit Dieu punit, soit Dieu pardonne. Il ne peut pas faire les deux.
Mais dans le tribunal, il y a un procureur, un avocat de l'accusation, un adversaire, qui n'entend pas que la justice puisse être remplacée par une proposition de pardon et de justification. Quelle que soit la forme qu'il prend, הַשָּׂטָ֖ן (hasatan) le satan n'est pas celui qui nous pousse à la faute, mais celui qui nous accuse de nos fautes et qui réclame la justice selon la loi.
Le Satan plaide contre nous. C'est pourquoi Paul dit que la loi produit la colère (Romains 4,15) et que tous ceux en effet qui relèvent des œuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit : Maudit soit quiconque ne persévère pas en tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, pour le faire ! Maudit par qui ? Pas par Dieu, car le légaliste c'est le Satan, celui qui réclame que justice soit faite, c'est le Satan qui se sert de la loi de Dieu pour nous culpabiliser, c'est le Satan qui veut que les gens meurent pour leurs péchés. Pourquoi ? Parce que si Dieu pardonne, il risque de perdre ce qu'il a acquis par sa duperie : il nous perd, nous, sur qui il a un si grand pouvoir de séduction (Luc 22,31).
La justice du Satan est légaliste. La justice de Dieu est pardon et justification. La justice du Satan est rétributive et punitive. La justice de Dieu est restaurative. Le Satan a rédigé l'acte de notre condamnation à mort du fait de nos fautes, Dieu a effacé l’acte rédigé contre nous en vertu des prescriptions légales, acte qui nous était contraire ; il l’a enlevé en le clouant à la croix (Colossiens 2,14). Jésus est mort pour que nous ayons l'opportunité de comprendre et accepter que la justice de Dieu n'est pas la justice des hommes. Il est mort :
pour démontrer la justice de Dieu
le Christ lui-même a souffert pour vous,
vous laissant un exemple,
afin que vous suiviez ses traces.
1Pierre 2,21b (NBS)
L'imitation de Jésus-Christ est un thème majeur des auteurs du Nouveau Testament.
Nous l'oublions souvent mais l'un des principaux moteur de notre développement en tant qu'humains est l'imitation. Dès la sortie du ventre de notre mère, nous nous mettons à imiter. C'est ce qui forme notre cerveau, et avec lui notre compréhension du monde. Mais ce n'est pas l'apanage des enfants que d'imiter leurs parents ou leurs éducateurs (pour le meilleur ou pour le pire d'ailleurs) mais les adultes ne sont pas en reste. Nous imitons en permanence, que nous en soyons conscient ou non.
En tant que chrétiens nous sommes les plus chanceux du monde (Jean 13,17), parce que nous avons un modèle à suivre. En quoi cela est-il une bénédiction ? Eh bien parce que nous avons un mentor, un chemin à suivre (Jean 14,6), un guide qui ouvre la voie (1Jean 2,6), et nous ne sommes pas perdus dans ce monde sans savoir où est le bon exemple, ou pire en suivant d'autres hommes sans même nous en apercevoir.
Grâce à Jésus, Parole de Dieu incarnée (Jean 1,14) nous pouvons contempler (1Jean 1,1-4) la parole de la vie.
Jésus nous demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé, il nous demande de nous laver les pieds les uns aux autres, car il nous a donné l’exemple, afin que, nous aussi, nous fassions comme lui l’ai fait pour nous (Jean 13,14-15).
Il est dès lors légitime (même s'il faut en passer par la case interprétation) de se demander : « que ferait Jésus à ma place ? ». En Galates 2,19b-20 Paul dit :
Je suis crucifié avec le Christ : ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.
Il y a un désir d'imitation puissant au point que Paul veut que ce soit Christ qui vive en lui. C'est ce que tout chrétien devrait désirer depuis son baptême qui représente un ensevelissement avec lui afin que, tout comme le Christ s’est réveillé d’entre les morts, par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions sous le régime nouveau de la vie (romains 6,4).
Mais il y a plus encore : Colossiens 1,18 nous dit que Jésus est le premier né d'entre les morts. S'il est le premier, c'est que d'autres vont suivre le même chemin. Si nous acceptons de le suivre dans cette vie-ci, il nous fera le suivre dans celle d'après (Marc 10,29-30 ; Galates 6,8).
Pour conclure, nous ne pouvons pas manquer Philippiens 2,5-8 :
Ayez entre vous les dispositions qui sont en Jésus-Christ :
lui qui était vraiment divin,
il ne s’est pas prévalu d’un rang d’égalité avec Dieu,
mais il s’est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave,
en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain,
il s’est abaissé lui-même
en devenant obéissant jusqu’à la mort – la mort sur la croix.
Nous sommes appelés à adopter les dispositions (mot grec qu'on peut traduire par pensées, sentiments, aspirations) qui étaient en Jésus-Christ. Et d'après ce passage ces aspirations correspondent à prendre notre croix en particulier entre nous : nous sommes appelés à l'humilité, la même que celle que Jésus a montré sur la croix en renonçant à la toute puissance (alors que lui pouvait y prétendre !). En tout, et pour tout, jusqu'au dernier souffle, Jésus donne sa vie :
pour nous donner l'exemple.
APPLICATION
Répéter plusieurs fois : "Dieu m'aime" à haute voix !
Continuer à lire la bible passionnément et à poser des questions.
Prier avec reconnaissance pour l'amour de Jésus ! 2Corinthiens 5,14-15