Romains 13,1-7
Respecter l'autorité ?
Paul utilise quatre arguments pour justifier de la nécessité de se soumettre : - l’autorité vient de Dieu. - les chefs ne sont pas à craindre si on fait le bien. - la soumission est un motif de conscience et pas seulement de crainte du gendarme. - les impôts, que les chrétiens payent aussi, servent au maintient de l’ordre par l’Etat.
Mais se pose la question de savoir comment se soumettre à de mauvaises autorités. En effet « ce texte a pu cautionner le support porté par des chrétiens à des régimes comme celui d’Hitler en Allemagne nazie, de l’apartheid en Afrique du Sud ou de la dictature de Pinochet au Chili »1.
Pour répondre il faut faire attention à quelques détails importants :
* Paul n’appelle pas à l’obéissance, mais à la soumission. Lorsque Paul utilise le terme d’obéissance, il le réserve pour Dieu ou Jésus (Romains 1,5 ; 5,19 ; 15,18).
* Paul parle de soumission par motif de conscience. Or la conscience chrétienne, est d’abord soumise à Dieu et Jésus-Christ (cf. Romains 9,1). Ainsi se soumettre aux autorités est légitime tant que l’autorité joue le rôle que Dieu veut qu’elle joue.
* Le vocabulaire utilisé ici est exactement le même qu’en Romains 2,1-16 et le thème est semblable, sauf qu’en Romains 2 il ne s’agit plus d’être jugé ou de recevoir des éloges de la part des autorités mais de la part de Dieu, au jour du jugement dernier. C’est la volonté de Dieu qui prévaut.
* Ces versets décrivent aussi la façon dont se manifeste le renouvellement de l’intelligence du v12,2. Quand on passe du ch 12 au ch 13 on a le sentiment qu’il y a un brusque changement de sujet, mais ce texte ne peut pas être isolé ni de ce qui précède ni de ce qui suit car cela influence beaucoup son interprétation ; ainsi Paul a encadré son texte en amont par un appel à dépendre de Dieu et non de l’État (12,19) et en aval par un appel à l’amour qui est la seule dette réelle (v8) et qui contraste avec l’impôt, la taxe, la crainte, l’honneur, du v7 qui eux aussi sont des dettes. Cet encadrement affaibli nettement la puissance de l’exhortation.
* Le v7 est une énigme : la crainte et l’honneur, à qui sont-il destinés ?
Tous ces éléments cachés dans ce discours lui donnent un aspect ambivalent, c’est à dire qu’il a deux significations en même temps. Pour des non-chrétiens qui liraient cela, ils comprendraient que les chrétiens sont appelés à être de bons sujets de l’empereur. Mais pour les chrétiens, il s'agit d'être de bons disciples !
notes
1 Alain GIGNAC, L'épître aux Romains, Commentaire Biblique du Nouveau Testament, Cerf, Paris, 2014, p.478