Jude 22, avoir compassion de ceux qui doutent ?
Question :
Jude 22 dans la version Semeur dit : Ayez de la pitié pour ceux qui doutent.
Mais les autres versions parlent plutôt de reprendre ceux qui contestent :
Darby : et les uns qui contestent, reprenez-les
Segond : Reprenez les uns, ceux qui contestent
mais la NBS : ayez compassion de ceux qui hésitent.
Bref, peux tu me dire comment toi tu traduis le texte grec ?
καὶ οὓς μὲν ἐλέγχετε διακρινομμέένους ?
Franck
Éléments de réponse :
Je prendrais plutôt la première option. Elle est d’ailleurs plus logique avec le verset qui suit :
22καὶ οὓς μὲν ἐλεᾶτε διακρινομένους, 23οὓς δὲ σῴζετε ἐκ πυρὸς ἁρπάζοντες, οὓς δὲ ἐλεᾶτε ἐν φόβῳ, μισοῦντες καὶ τὸν ἀπὸ τῆς σαρκὸς ἐσπιλωμένον χιτῶνα.
Je traduirais littéralement ainsi :
où c’est Michel qui juge autrement que le Diable]
Ces versets nous incitent (comme toute la lettre de Jude), tout en ayant compassion de ceux qui voient les choses différemment des apôtres (v17-18) concernant la vie dans ce monde (convoitise) et qui n’ont pas l’Esprit (v19), à ne pas nous laisser contaminer par leur façon de penser. Ils s’agit de ceux qui vivent comme le monde (cf. v4 et v10) mais qui sont pourtant dans l’église (v12) participant même au repas du Seigneur ! Ils parlent fort (v16) et ont tendance à influencer les appelés de Dieu (v1). La première épître de Jean nous avertit : Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit ; examinez plutôt les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de prophètes de mensonge sont sortis dans le monde (4,1).
Je pense que ça rejoint Matthieu 13,24-30 sur la mauvaise herbe dans l’église, tout en disant la vérité. Mais dire la vérité ce n’est pas toujours « affirmer » ou « proclamer ». Avoir compassion dans ce sens là serait donc aussi prendre la patience de convaincre petit à petit, idée après idée, suggestion après suggestion (ce que personnellement j’ai énormément de mal à faire), en montrant l'exemple pour les arracher/sauver du feu (v23 et Matthieu 13,30 — feu qui n’est probablement pas à prendre au sens littéral, mais plutôt au sens de désillusion de voir que la vie qu’on a vécue n’avait aucun sens spirituel malgré notre religion chrétienne — cf. v7 et 2Pierre 3,10). Pour cela nous devons prier par l’Esprit (v20).
Jésus a pris trois ans de sa vie pour former des disciples qui ne comprenaient que très partiellement ce qu’il avait à leur dire (mais ils n’avaient pas encore vu la Croix). Comme dit Paul, « Si nous sommes forts, nous devons porter les faiblesses de ceux qui ne sont pas forts, au lieu de faire ce qui nous plaît ». Pour moi c’est trop dur et je rate malheureusement encore souvent la cible (i.e. je pèche !). Du coup je ne suis pas le fort que je crois être avec ma connaissance. Et du coup certaines personnes ne m’aiment pas (je l'apprend par voie détournée !). Pour me rassurer je me dis que je suis comme Jésus : un incompris. Si cela est probablement partiellement vrai, je reconnais aussi que je suis aussi un pécheur qui n'a pas assez compassion de ceux qui pensent différemment de moi parce qu'ils n'ont pas fait les mêmes études théologiques que moi. Ces versets de Jude sont donc bons pour mon cœur !