Le quand pose la question de la fréquence. Doit on prendre le repas du Seigneur
- une fois par an ?
- Une fois tous les trois mois ?
- Une fois par mois ?
- Une fois par semaine ?
- Tous les jours ?
Chacune de ces réponses a été proposée. Au niveau du Nouveau Testament le livre des Actes et Paul en 1Corinthiens nous donnent quelques indices :
- Actes 2,46 parle de rompre le pain chaque jour.
- Actes 20,7 parle de se rassembler le premier jour de la semaine pour rompre le pain. Le premier jour de la semaine est le jour de la résurrection, mais on ne sait pas si cela est vraiment une coutume.
- 1Corinthiens 11 suggère quelque chose de régulier mais sans précision.
Une réponse raisonnable pourrait-être : faites ceci quand vous pouvez ! Ce qui voudrait dire qu’on peut organiser une fréquence de réunions mais aussi des fractions du pain plus spontanées (comme Paul sur le bateau en Actes 27), selon l’organisation de l’église et de la vie des disciples qui en font partie.
Célébrer le Repas du Seigneur une fois par an n’est pas en soi absolument ridicule. On peut le justifier en voulant en faire une occasion vraiment spéciale, comme notre Noël moderne qui suscite une excitation qui ne serait évidemment pas la même si nous le fêtions tous les mois ! Mais il ne semble pas possible de légitimer un repas annuel sur la base de l’association à la Pâque juive. L’église de l’évangéliste Matthieu, constituée de juifs qui bien que chrétiens restaient fidèles à la Torah, semble avoir bien fait la différence entre le Repas du Seigneur et la fête de la Pâque. En effet la description du dernier repas de Jésus avant sa mort serait choquante pour un juif s’il s’agissait de substituer ce repas au repas de Pâque. Même les Quartodécimans, ces chrétiens d’Asie qui fêtèrent la résurrection de Jésus en même temps que la Pâque juive jusqu’au 4ème siècle1, célébraient le repas du Seigneur tous les dimanches.
Une autre question liée au quand pourrait-être « à quelle heure ? ». Doit-on faire un dîner ou est-ce qu’un repas le matin ou le soir font l’affaire ? Nous avons utilisé abondamment l’expression « dîner du Seigneur » mais également « repas du Seigneur ». Littéralement, et originellement, il s’agissait d’un dîner c'est à dire d'un repas du soir. Mais s’il faut respecter l’horaire on se demandera aussi s’il faut s’allonger à table. Et puis s’il faut être dans une chambre haute et boire du vin épicé et très acide, tous dans la même coupe... etc. Le repas de Pâque était un dîner pour des raisons scripturaires (le peuple est parti la nuit) mais aussi pour des raisons pratiques : un long repas avec de multiples prières et bénédictions difficile à faire en journée. Et le dîner était le repas principal pour la plupart des gens.
Jésus a simplifié le rituel. Ainsi le geste qu’il nous propose peut être fait simplement, au milieu de n’importe quel type de repas.
Notes
1 Ils durent arrêter sous la pression de l’église de Rome dont l’autorité était grandissante après ce qu’on appelle le tournant constantinien (conversion de l’empereur Constantin au début du 4ème siècle).