R – L’église d’Antioche

Actes 11,18-19 - Des non-Juifs dans l'Eglise ? Pourquoi pas...
                             Mais une église de non-Juifs ? Pas encore !

Pierre parvint à convaincre que Dieu voulait accueillir Corneille (un non-Juif) dans la communauté sans le circoncire (v18). Mais les disciples ne considèrent pas encore comme une mission d'aller vers les non-Juifs (v19 ; voir aussi v1). Luc reprend l'histoire des disciples de culture grecque (appelés hellénistes) là où il l'avait laissée à la fin du chapitre 8. Mais les histoires des chapitres 9 (conversion de Saul, le futur apôtre des non-Juifs) et 10-11 (conversion de Corneille) ne constituent pas une digression gratuite : elles permettent de discerner que les disciples hellénistes voulaient aller vers les non-Juifs tandis que les disciples hébraïques n'y pensaient même pas (v20), et auraient même naturellement tendance à leur refuser l'entrée dans la communauté.

Actes 11,20-24 - Le déclic

A Antioche1, quelques Gentils (autre mot pour dire non-Juif) avaient été évangélisés. Mais la conversion de Corneille est un tournant. Alors que certains hellénistes évangélisent leurs semblables, Luc n'hésite pas à préciser que la main du Seigneur était avec eux... (v21) : l'ouverture aux non-Juifs est souhaitée par Dieu.

L'ampleur du succès pousse les dirigeants de Jérusalem à envoyer un homme de confiance Barnabas, un vrai Juif, Lévite, disciples des premières heures à la conduite exemplaire (Actes 4,36-37) pour vérifier que les antiochiens ne soient pas en train de déraper. Barnabas est convaincu par l'Esprit-Saint que ce qu'il voit est une grâce de Dieu. Certainement débordé par le travail à accomplir (car il faut éduquer ces grecs qui ne connaissent pas les Écritures à mieux connaître Dieu), il a alors une idée qui va changer l'histoire de l’Église : aller chercher Saul à Tarse. Il l'avait vu débattre avec des gens de langue grecques (en Actes 9,29). Qui de mieux pour édifier cette église ? Il avait senti le potentiel de Saul.

Cette église d'Antioche, bien qu'initialement juive, va se tourner résolument vers les non-Juifs, sans les circoncire. C'est à Antioche que les disciples furent appelés du nom qui ne les quittera plus : chrétiens littéralement « petit-Christ » ce qui de manière pratique signifie « imitateurs du Christ ».

Actes 11,27 à 12,25 - Des temps difficiles

Début 41, l'empereur Caligula meurt, Claude prend sa place. Il donnera à Hérode Agrippa2 le pouvoir sur les territoires de Judée, Palestine, Idumée ce qui correspondait au territoire d'Hérode le grand (mort en 4 av J.C., c'est à dire 1 à 2 ans après la naissance de Jésus). Ainsi la Judée n'est plus directement gouvernée par Rome. Commence alors une période difficile pour l'Eglise de Jérusalem avec à la fois une famine, et la persécution d'Hérode Agrippa qui ira jusqu'à la mort de Jacques fils de Zébédée, frère de Jean (Actes 12,2). Un coup dur !

Mais la communauté est là ! Pour Luc ce thème est très important. A partir de l'exemple de la relation entre Antioche et Jérusalem, Luc montre comment s'est opérée la solidarité entre églises, malgré la différence culturelle : l'église à majorité hellénistique envoie son soutient à l'église à majorité hébreu. Ce sont des prophètes (voir annexe 1) qui semblent avoir donné l'initiative. Remarquons que l'Eglise de Jérusalem avait des apôtres et des anciens, tandis que l'Eglise d'Antioche avait des prophètes et des docteurs. On sent la différence culturelle...

Les chrétiens ne sont pas épargnés des problèmes de ce monde. Mais ils doivent y faire face, ensemble et avec Dieu !

Pierre3 faillit subir le même sort que Jacques mais il est libéré miraculeusement tout comme en Actes 5. Il va voir des disciples dans un endroit où il savait qu'il les trouverait.

L'écriture qui dit que Pierre s'en alla dans un autre lieu (v17) a donné naissance à la tradition selon laquelle Pierre serait allé à Rome pour y fonder l'Eglise. Ceci est historiquement improbable (voir annexe 2).

Jacques (non pas l'apôtre, puisqu'il vient de mourir) frère du Seigneur prend de l'importance dans l'Eglise (12,17).

Hérode meurt de la mort subite et violente des maudits (cf. la mort d'Antiochus Epiphane en 2Macchabés 9,9 voir également celle de Judas en Actes 1, ou encore celle d'Ananias et Saphira en Actes 5).

Actes 12,24 - Résumé

Malgré les problèmes (famine, persécution), la Parole de Dieu se répand et progresse. Une nouvelle ère va s'ouvrir dans la vie de l'Eglise avec Barnabas, Saul et Jean-Marc réunis à Antioche.

Pour méditer :
- Est-ce que je suis ouvert à des gens de cultures différentes dans mon église ? Comment les accueillir ? Doivent-ils se contraindre à mes coutumes ? Ou puis-je leur laisser une place qui change les habitudes ?

- Suis-je perturbé si je vais dans des églises qui ne font pas exactement comme la mienne ? (exemple : rôle des femmes, repas du Seigneur, prédication, prière, chants....)
- La main du Seigneur est-elle avec mon église au sens du v 21 ?
- Est-ce que je suis prêt à aller embaucher les talents pour faire grandir (dans tous les sens du terme) l'église ?
- Mon église est-elle solidaire de celles qui n'ont pas tout ce que je peux avoir dans la mienne ? Inversement, est-ce que je reçois l'aide d'autres églises avec humilité ou avec humiliation ?



Notes

(1) Antioche était la troisième plus grande ville de l'empire après Rome et Alexandrie.

(2) Petit-fils d'Hérode le grand, Fils d'Aristobule et de Mariam. Il était populaire car il descendait par sa mère des héros Macchabées, et parce qu'il respectait les principes de la loi.

(3) Pierre était gardé par 16 Gardes. En fait 4 gardes le gardaient en se relayant toutes les 3 heures. Selon la loi romaine, si un soldat en charge d'un prisonnier laissait celui-ci s'échapper, il devait subir son sort.

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