Ourim et Toumim ?

Question : Dans la Bible, on parle souvent de sort, dans le sens de tirer au sort, bien sûr en Actes 1, mais aussi en Proverbe 18,18, où on dit que c'est un moyen d'éviter les querelles entre des groupes puissants. Je pense aux groupes des dirigeants par exemple pour Matthias, ils n'étaient probablement pas d'accord et il y avait des fortes têtes parmi les apôtres, peut-être ont-ils mis en pratique ce verset.
Il y a une sorte de paradoxe, car Dieu n'aime pas la divination et autres choses qui semblent plus humaines, et qui n'en appellent pas à sa confiance.
Peut-on dire en lançant une pièce en l'air et en priant que la réponse viendra de Dieu ?

Anonyme


Éléments de réponse : Dans l'Ancien Testament il y a les mystérieux ourim et toumim. Il s'agissait d'une sorte de tirage au sort, par le grand prêtre (Exode 28,30, Deutéronome 33,8), mais qui pouvait dire "oui", "non" ou... "pas de réponse" ! C'est surement ce à quoi fait allusion Proverbes 16,33.

Proverbes 18,18 peut être mis en relation avec Nombres 26,52-56. L'ourim et le toumim ont peut-être été utilisés pour répartir les territoires des tribus (cf. aussi Nombres 33 ; 34 et 36 ; Josué 13 à 14 et 17 à 21 ; Ezekiel 45 à 48 ou le sort correspond à la décision de Dieu dans la répartition des biens ; d'un point de vue personnel, cela fait penser à la chance qu'on a dans la vie, aux talents que Dieu nous donne).

L'ourim et le toumim était encore utilisé pour choisir entre deux boucs : le bouc pour le sacrifice et le bouc émissaire (Lévitique 16,8).

Quand Samuel manque de foi devant les Philistins il veut obtenir une réponse de Dieu sur l'attitude à tenir. Mais Samuel est mort et on ne peut plus l'interroger car les nécromanciens ont été éliminés d'Israël. Il se tourne alors, entre autres, vers l'ourim et le toumim (1Samuel 28,1-6). Mais ça ne marche pas car le tirage au sort par l'ourim et le toumim n'est pas juste un pile ou face, et la réponse qui lui est donnée est : "pas de réponse" ! En fait il ne s'agit pas de compenser un manque de foi ou de sagesse par le tirage au sort. C'est ce que démontre l'utilisation par Saül du tirage au sort en 1Samuel 14.

Au temps d'Esdras (2,6), quand les sacrificateurs ont perdu leurs titres généalogiques, on n'était pas certains qu'ils soient vraiment descendants des prêtres d'avant la déportation, alors on décide qu'ils doivent arrêter d'officier jusqu'à l'ourim et le toumim. On est un peu dans le cas de Joseph Barsabbas Justus (1) et Matthias en Actes 1. On ne sait pas qui doit remplir la fonction car ils n'y a qu'un poste (2) et ils remplissaient tous deux les critères pour être apôtres. Ils étaient tous deux agréés.

Au temps de Néhémie, il semble que les gens avaient peur de s'établir à Jérusalem dans la capitale. On eut recours au tirage au sort afin qu'une personne sur dix s'installe dans la capitale. Il est impressionnant de penser qu'ensuite les gens vinrent s'installer sans rechigner (Néhémie 11,2). Quelle humilité dans ce peuple (à cette période là) !

On tirait aussi au sort dans les familles des vaincus ceux qui devaient partir comme esclave (Joel 3,3 ; Abdias 1,11 et Nahum 3,10 font allusion à cette pratique des conquérants d'Israël comme le roi de Babylone en Ezekiel 21,27).

De tout cela il ressort que le tirage au sort n'est utile que lorsqu'on est bloqué par un choix à faire entre deux choses que Dieu agrée. On ne peut évidement pas invoquer le sort comme une réponse de Dieu entre ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Par exemple si mon couple va mal, je ne peux pas tirer au sort entre le divorce ou continuer avec ma femme. Ou si on doit choisir un dirigeant dans l'église on ne peut pas tirer au sort entre deux personnes dont l'une serait spirituelle et l'autre non, ou pire entre deux qui ne le sont pas. Etc. On pourrait imaginer beaucoup d'autres exemples ou il s'agirait de justifier des désirs de notre cœur par un tirage au sort. Avant le tirage au sort, ultime solution pour départager, il doit y avoir une réflexion sage c'est à dire la recherche de la volonté de Dieu et la demande de beaucoup de conseils.


Note

1 quel nom ! Cela veut dire Joseph, fils du Sabbat, le juste. Malgré toutes ces qualifications, ce n'est pas lui qui sera choisi par le sort, c'est à dire par Dieu dans ce cas. A méditer !

2 poste convoité de témoin qui veut aussi dire éventuellement martyr !

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