Des demandes légitimes : Matthieu 6,11

Notre pain nécessaire à l’être donne à nous aujourd’hui.

Dans ce verset, un mot fait problème : ce mot est epiousios ; il est inconnu ailleurs dans la langue grecque, ce qui rend sa traduction problématique. On le traduit le plus souvent par « quotidien ». Mais il y a un mais :

1/ On pourrait le traduire par pain « sur-étant » ou par « supérieur », « surnaturel », « supersubstantiel » ou encore « pain nécessaire pour continuer à être », etc...

2/ On peut aussi décomposer ce mot en epi (sur) et une forme du verbe être : ce serait ce qui est par dessus, ce qui désigne le jour qui approche, et donc le lendemain.

Mais alors que veut dire cette demande qui veut recevoir aujourd’hui le pain du lendemain ? Jésus ne parlait pas grec et il n’a probablement pas enseigné ces subtilités de cette manière mais Matthieu l’évangéliste (qui s’éloigne ici de son modèle Marc) nous fait comprendre que Jésus à probablement fait un lien avec le don de la manne en Exode 16 et particulièrement le v4 qui présente des difficultés de traduction similaires (bien qu'il s'agisse non plus de grec mais d'hébreu).

Le pain en question est la manne, mais celle qui ne pourrit pas et qui est réservée pour le Sabbat, le jour spirituel. Il ne s'agit donc pas d'une prière pour ne pas s'inquiéter de ce qu'on va manger le lendemain. D’ailleurs « l'homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu » dit le Deutéronome (8,3) en référence à l’épisode de la manne. Ainsi on rejoint le premier sens de ce mot : un pain spirituel, surnaturel.

C’est une demande à Dieu, mais pas une demande anxieuse qui attend une réponse. C'est une demande qui est en même temps l’expression de notre confiance : Dieu va nous aider à vivre d’abord spirituellement. Nous pouvons prier pour la nourriture, mais ici il s'agit le chercher d’abord le royaume de Dieu et le pain physique nous sera donné par dessus (Matthieu 6,33). Cela rejoint la discussion à double fond de Jésus avec une foule de juifs en Jean 6. Jésus explique qu’il est lui-même le pain descendu du ciel, autrement dit la manne (Jean 6,48-50). Et tout cela est cohérent avec cette idée que Dieu nous sert à travers Jésus-christ, l'agneau égorgé dont la contemplation, la méditation, nous nourrit spirituellement.

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