… qu'il soit sanctifié ton nom.
Par qui doit être sanctifié le nom du Père ? Par moi ou par Dieu lui-même ? Si la foi est la rencontre de la fidélité de Dieu et de ma confiance en lui, je suis invité à reconnaître qui je prie : le seul qui soit saint. Dieu est déjà saint, il n'a pas besoin d'être sanctifié. Mais il s'agit de le reconnaître au plus profond de nous. Si je ne reconnais pas Dieu comme saint, inutile d'aller plus : je ne reconnaitrai pas son règne pas non plus...
La sainteté de Dieu qui exprime sa « différence » d’avec nous et d’avec le reste du monde (puisque « saint » veut dire « mis à part ») est cohérente avec les cieux inaccessibles. Sanctifier, ou mettre part le nom de Dieu ne consiste pas à enlever son chapeau quand on prie (ou selon les religions, les genres et les rangs hiérarchiques à en mettre un) ni à chuchoter ou regarder par terre. Il s’agit de saisir en présence de qui je me tiens, comme le prophète Ésaïe1 qui voyait des Séraphins chanter la sainteté de Dieu et qui se dit :
Quel malheur pour moi ! Je suis perdu,
car je suis un homme aux lèvres impures,
j’habite [pas dans les cieux] au milieu d’un peuple aux lèvres impures,
et mes yeux ont vu le Roi, le SEIGNEUR (YHWH) des Armées !
Ce moment de la prière est celui pendant lequel je prends conscience de la présence de Dieu. Ce ne sont pas nécessairement des mots qui permettent cela : je l'ai déjà mentionné, mais le silence, la méditation, l’émotion d’un lieu, d’une œuvre ou d’une pratique artistique (peinture musique…) peuvent susciter cette prise de conscience. Pour autant, quelle que soit la forme de ma prière je suis au défi car c’est alors que je dois prendre au sérieux non seulement ce que je dis mais surtout le travail qu’il opère en moi. Si je me présente devant Dieu sans « conscience », je ne serai pas perdu comme le prophète le pensait (lui avait cette conscience mais non éclairée par Jésus), car en réalité mes yeux ne verront pas le Roi, et ma prière deviendra inutile.
Notes
1- Ésaïe 6,5