Il y a presque autant de doctrines chrétiennes que de chrétiens !
Pourquoi la pensée chrétienne est-elle si divisée ? Pourquoi n'est-elle pas comme un discours scientifique qui s'imposerait à la pensée humaine ? Il est difficile de répondre brièvement à cette question, mais la première chose à comprendre c'est que l'évangile n'est pas de l'ordre scientifique, mais de l'ordre relationnel.
Je ne sais pas combien de personne j'ai pu rencontrer dans ma vie, mais quelques-un m'aiment beaucoup, d'autres moins, et d'autres pas du tout. Certains pensent me connaître. Beaucoup sont indifférents à mon existence et m'ont oublié. Je pense pouvoir dire que toutes les personnes que je connais ont une relation avec moi différente de celles des autres. Il en est de même avec Dieu qui n'est pas quelque chose qu'on étudie scientifiquement, mais quelqu'un qu'on rencontre.
La différence entre les églises, provient du fait qu'elles proposent différents modes de rencontre. Cela pourrait paraître anodin , mais selon la manière dont on le rencontre, on va s'attacher à Lui de manière différente, plus ou moins profonde et plus ou moins vraie.
J'ai décrit dans les articles précédant un processus biblique cohérent et simple pour rencontrer le Christ. Cette rencontre peut sauver notre vie du manque de sens, de l'autodestruction par le péché, de la production du mal, mais aussi de la mort. Mais est-ce à dire que tous ceux qui ne suivent pas ce processus pourraient être perdus ? Suis-je arrogant en pensant avoir raison, en voulant porter la bonne nouvelle autour de moi, en tentant d'aider d'autres à connaître celui que j'ai rencontré ? Au fond Dieu n'est-il pas capable de sauver les gens malgré eux ? Il est vrai que si Dieu est tout puissant, il peut faire ce qu'il veut, et donc sauver qui il veut.
Mais s'il ne le fait pas, alors peut-il toujours être définit comme « amour » (1Jean 4, 8.16) ? Poser la question en ces termes revient à faire de Dieu le problème de la relation entre Lui et les hommes. Or toute la tradition biblique nous apprend que le problème de l'humanité n'est pas Dieu, mais l'homme lui-même qui veut prendre la place de Dieu. Reporter le problème de notre salut sur un dieu qui rechignerai à nous sauver ne serait-il pas encore une fois vouloir imposer à Dieu notre volonté ? Je suis conscient que ce que je dis n'est pas populaire, comme ne l'est pas un passage comme Matthieu 7,21-23, mais Dieu « qui veut que tous les humains soient sauvés » (1Timothée 2,4) ne sauve que ceux qui veulent être sauvé « non pas comme ils veulent mais comme Dieu veut ». Le Christ lui-même s'est imposé d'obéir au Père, non pas comme il aurait préféré, mais selon la volonté du Père, pour sauver le hommes (Matthieu 26,39c).
Ainsi ceux qui imposent leurs convictions ne sont pas à l'image de Dieu qui n'impose pas qu'on l'aime. Quand on impose (par quelque moyen que ce soit), c'est qu'on n'est pas capable de convaincre, et qu'on a peur d'être convaincu soi-même. Mais ceux qui ne partagent pas leur foi d'une manière claire ne sont pas non plus comme Lui, qui veut que tous les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité » (1Timothée 2,4) : leurs convictions sont également faibles et peut-être aussi ont-ils peur de se confronter aux convictions des autres.
C'est pourquoi, face à la sécularisation d'un côté et à la montée des extrémismes de l'autre, l'attitude chrétienne consiste à renforcer ses propres convictions et sa foi (la béréenne attitude est un bon moyen) tout en étant un militant pacifique du Christ au risque de déranger et d'être dérangé en retour.
John Newton a dit : « Si jamais j'atteins le ciel je m'attends à y trouver trois merveilles : d'abord y rencontrer certains que je n'aurai pas pensé y voir ; ensuite, qu'il y manque certains que je m'attendais à y voir et, enfin la plus grande merveille de toutes, de m'y retrouver moi-même ». Pour un croyant, cette attitude est la bonne vis à vis de qui est sauvé ou qui est perdu, car elle permet à la fois de prêcher avec conviction, tout en laissant à Dieu le soin de préparer le paradis.
Questions pour méditer :
- Est-ce que je doute de mes convictions ? Le fait que des églises soient plus fortes, plus grandes, plus médiatiques, me fait-il penser qu'elles ont plus raison que les autres ?
- Quelle attitude permet de se forger des convictions en béton ?
- Est-ce à la mode d'avoir des convictions ?
- Dieu s'est-il imposé à moi par la force, par la peur, par l'éducation ou par l'amour ?
- Qui est-ce que je rêve de rencontrer au ciel ? Que faut-il faire pour que cela arrive ?