Revenons au commencement : nous sommes créés à l'image de Dieu :
Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, (...) »
Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa
(Genèse 1,26-27 ; 5,1 ; 9,6).
Cela a d'énormes conséquences sur la manière dont nous devrions voir les autres et parler des autres (Jacques 3,9). Car tout homme et toute femme de tout lieu et de tout temps est créé par Dieu à l'image de Dieu. C'est pourquoi on peut dire que « tous les hommes sont frères ».
Cependant si je peux voir Dieu à travers l'innocence des enfants (cf. Matthieu 18,5), il est cependant difficile de voir la pureté, la sainteté, l'amour de Dieu à travers l'humanité. Pas un jour sans bombardements injustifiés, rapports de torture, attentats, nouvelle famine dans le tiers monde (Dieu a-t-il créé le monde en trois morceaux ?). Peut-on voir Dieu à travers les hommes dont nous savons de quel mal ils sont capables ? Et ne nous leurrons pas : il ne s'agit pas de jeter l'opprobre uniquement sur les terroristes, les dictateurs et autres hommes politiques ou tous ceux qui nourrissent l'actualité par leurs méfaits. Car, cela peut peut-être vous étonner, vous aussi vous êtes concernés. Et l'auteur de cet article également. En Actes 2,36 la conclusion du discours de l'apôtre Pierre que nous rapporte Luc est éloquente :
Que toute la maison d'Israël le sache donc bien :
Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié !
Bien évidement, ce ne sont pas les auditeurs de Pierre qui ont physiquement crucifié Jésus. La plupart n'était même pas à Jérusalem lors des évènements de Pâques. Mais nous avons tous participé à la crucifixion du Christ ! Comme le dit Paul en Romains 3,22-23
Il n'y a pas de distinction : tous, en effet, ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Ainsi, si nous pouvons voir la création de Dieu à travers tout homme, nous ne pouvons vraiment voir Dieu qu'à travers un seul homme : Jésus (Jean 1,14.18). Il serait illusoire de penser voir Dieu en tout homme privé de sa gloire.
Alors comment considérer nos frères en humanité ? Ne sont-ils que des pécheurs, des bourreaux du Christ ? Si l'on en restait là, il est évident que le constat serait déprimant, et la solution consisterait alors a faire ce que Judas, qui avait livré Jésus, fit : se pendre (Matthieu 27,5).
Mais l'évangile est une bonne nouvelle ! Et si tout homme à l'évidence ne reflète pas la sainteté de Dieu, nous pouvons, en toute humilité, grâce à la Bible, comprendre comment Dieu voit les hommes. De nombreux textes peuvent nous aiguiller. Osée 11 en est un, touchant et instructif :
Lorsque Israël (était) jeune, je l'aimai, et hors de l'Egypte j'ai appelé mon fils (...) moi j'ai appris à marcher à Ephraïm, je l'ai saisi par ses bras ! (...). Je penchais vers eux et les nourrissais.
Comme une mère, même quand ses enfants ont 40 ans voient encore en eux ses petits bébés, Dieu a la même tendresse pour tous ses enfants, quand bien-même ils sont pécheurs. En Matthieu 16,18 Jésus appelle Simon du nom de Pierre, c'est à dire "Roc", non pas parce qu'il était plus fort que les autres, mais parce que Jésus avait une vision de ce que pouvait devenir Simon s'il s'accrochait à la foi. Dieu sait ce qu'il peut et veut faire de nous, pour peu que nous le cherchions.
Ainsi devons-nous voir nos amis, nos frères en humanité comme des images de Dieu, qui ont en eux le potentiel de devenir des saints.
Questions pour méditer :
- Ai-je du respect pour la création de Dieu ? Et donc pour les autres hommes ?
- Quel regard je porte sur les autres ? est-ce que je les condamne ? Est-ce que je les regarde comme des anges qu'ils ne sont pas ? Ou est-ce que je les regarde comme des êtres capables de relation avec Dieu, malgré leurs manquements ?
- Comment est-ce que je me regarde aussi ?
- Quelle idée ai-je de ce que Dieu veut faire de moi ?
- Quelle idée je me fais de ce que Dieu voudrait faire des mes frères et sœurs en humanité ?