Où est le pardon de Dieu ?
S'il est nécessaire que Jésus (le Fils) paye à Dieu (le Père) notre dette envers lui, c'est que le pardon de Dieu est conditionné à une compensation. Mais est-ce vraiment du pardon ? Cela ressemble plutôt à du commerce. C'est d'ailleurs pourquoi la théologie de la satisfaction a aussi été appelée ironiquement, "théologie de comptoir".
Matthieu 18,21-27 nous enseigne à pardonner comme Dieu nous pardonne, et à pardonner gratuitement. Dans cette parabole, Dieu pardonne gratuitement et complètement juste parce que l'esclave le lui demande.
En Luc 15,11-32 quand le fils prodigue revient vers son père, le père ne demande aucun remboursement à son fils et il l'accueille chaleureusement, et en grande pompe. Dieu ne demande rien à celui qui vient vers Lui en comprenant sa situation spirituelle.
Dans la suite de la parabole de l'esclave impitoyable, en Matthieu 18,28-35 on s'aperçoit que l'esclave qui a été pardonné, ne pardonne pas son compagnon. Quelle est alors la réaction du Maître ? Il revient sur sa décision. Or si la dette avait été compensée, payée, alors il n'aurait pas été juste de la part de Dieu de revenir sur une dette remboursée, quelle que soit l'attitude de l'esclave. On découvre donc à travers les paraboles de Jésus que le pardon de Dieu n'est pas un pardon légal, mais un pardon de compassion, un pardon d'amour.
Le pardon de Dieu est gratuit. Il ne s'obtient que parce que Dieu est bon, pas parce que quelqu'un, fusse-t-il son propre fils, compense le préjudice subit. Dieu ne demande aucun dommages et intérêts pour le péché. Pas besoin de pénitence (1).
Mais s'il est gratuit, le pardon de Dieu n'est pas inconditionnel (2) : il demande humilité, et imitation. C'est à dire que Dieu s'attend à ce que nous fassions comme Lui : pardonner gratuitement et promptement à ceux qui nous le demandent (cf Luc 11,4 ; Matthieu 6,12). Dieu ne demande rien en retour pour Lui-même, il demande un retour pour les autres.
Si Dieu exigeait une compensation pour les péchés, alors ces paraboles ne pourraient pas décrire le cœur de Dieu. Et finalement, en nous demandant de pardonner gratuitement, alors que Lui ne le ferait pas, Dieu nous demanderait plus que ce qu'il ne fait Lui-même !
La théologie de la satisfaction ne donne pas l'image d'un Dieu qui pardonne, ni d'un Dieu qui donne l'exemple. Elle donne l'image d'un Dieu... païen !
Questions pour réfléchir et méditer :
- Imaginez la vie dans l’Église si nous devions pardonner comme Dieu pardonne et que Dieu exigeait une compensation pour pardonner nos fautes. Nous devrions donc pardonner seulement ceux qui réparent les fautes commises contre nous...
- Y-a-t-il des moments ou je ressemble à cet esclave impitoyable suppliant Dieu d'un côté, mais accumulant des choses contre mes compagnons de l'autre ?
- Comment dois-je m'y prendre pour obtenir le pardon de Dieu ?
- En quoi il serait plus facile pour nous d'obtenir le pardon de Dieu avec une compensation par la mort de Jésus ?
Notes :
(1) pénitence : nécessité de s'imposer une peine pour réparer le tort fait à Dieu.
(2) Dieu ne met pas de condition à son pardon. Il pardonne, mais encore faut-il accepter ce pardon. Les conditions viennent donc de celui qui reçoit et non de Dieu qui donne le pardon.