Petit vocabulaire de l’éthique sexuelle

Il est important de connaître le vocabulaire qui concerne l'éthique sexuelle afin de ne pas se tromper sur l'usage des termes au cours des siècles. La bible et les théologiens jusqu'à la fin du moyen-âge n'utilisent pas les mots sexes ou sexualité, mais plutôt la distinction féminin1-masculin2, ou des mots comme inconduite sexuelle3. Le couple pureté4-impureté5 est aussi très utilisé. Le mot pureté est parfois traduit chasteté selon les traductions et selon le contexte (Tite 2,5).

En effet le mot chasteté est d'origine latine et viendrait de ce que par la raison on peut châtier la convoitise. Ainsi la chasteté caractérise la retenue ou le contrôle du désir sexuel. Ce mot est mal perçu aujourd'hui car il est confondu avec l'abstinence qui qualifie l'absence totale d'activité sexuelle. La chasteté peut éventuellement être abstinence par choix ; elle peut aussi être continence c'est à dire abstinence sexuelle partielle ; elle peut aussi contrairement à ce que l'on pense être une maîtrise de la sexualité réservée à un cadre définit qui dans le christianisme est le mariage.

Augustin parle également beaucoup de la pudeur qui est un aspect de la chasteté parce qu'elle vise à ne pas exposer à la vue d'autrui ce qui peut le porter à la convoitise. La pudeur ne doit pas être confondue avec la pudicité, qui bien que de la même racine linguistique, traduit une peur, non pas de faire chuter son prochain, mais d'être découvert et de se trouver honteux. Dans le domaine de la sexualité et de la sensualité la limite entre pudeur et pudicité est culturelle.

Enfin, bien que la liste ne soit loin d'être exhaustive, parlons d'un terme technique très utilisé par Augustin et ceux qui ont pensé avec ou contre lui, il s'agit de la concupiscence. Elle est une « Attirance naturelle de l'homme pour les biens terrestres, impliquant un dérèglement des sens et de la raison, conséquence du péché originel »6. Pour Augustin la concupiscence rend l'acte sexuel mauvais depuis la chute d'Adam et Eve alors que sans cette faute originelle, il eut été pur : « Si l'homme n'avait pas péché, jamais cette honteuse concupiscence (…), n'aurait existé ; d'un autre côté, lors même que le péché n'aurait pas été commis, le mariage aurait existé; tout aurait été vie dans la génération des enfants, tandis que maintenant rien de semblable ne saurait se faire dans ce corps de mort »7.


Notes

grec γυνή - gunè (femme)

grec ἀνήρ - anèr (homme)

grec πορνεία - porneia

grec ἁγνεια - hagneia ou καθαρότης - katharotès

grec ἀκαθαρσία - akatharsia

Augustin, Du mariage et de la concupiscence (De nuptiis et concupiscentia, 419), Traduction de l'abbé Burleraux, Chapitre I. Disponible en ligne :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/polemiques/pelage/mariage.htm#_Toc31472413