Dans le commencement Dieu créa le ciel et la terre (Genèse 1,1).
Ensuite il crée toute une variété de choses dans le ciel et la terre, puis
Dieu créa l'humain à son image,
à l’image de Dieu il le créa ;
mâle et femelle il les créa. (Genèse 1,27 - PLS).
Remarquons donc que dans la création Dieu créa l'humain à son image et en deux morceaux. Le texte ne parle pas de l'homme et de la femme1 il parle de mâle et femelle2. Il parle de la différentiation sexuelle corporelle physique. Et il semble que pour l'auteur du texte, cela soit une composante de l'image de Dieu.
C'est le deuxième récit de création3 qui va amener la distinction homme/femme : Dieu transforme une côte de l'humain primitif pour en faire une femme c'est à dire un genre féminin. Il ne faut pas prendre ce poème au premier degré4, mais il faut chercher le sens de cette métaphore.
Dans ce texte poétique, la féminité est tirée non de la tête (autorité), ni du pied (servitude), mais d'une partie du corps qui symbolise tout à la fois la protection (sous le bras) et l'affection (près du cœur).
Lorsqu'on présente à l'humain son côté féminin, alors le texte utilise le mot « homme » au sens masculin. Et celui-ci s’exclame :
Cette fois c'est l'os de mes os, la chair de ma chair.
Celle-ci, on l'appellera femme,
car c'est de l'homme [masculin] qu'elle a été prise
Ainsi si l'on suit de près Genèse 2, à l’intérieur de l'humain, le masculin se définit vis à vis du féminin qui est issu de lui. Le masculin ne peut se comprendre sans le féminin qui est pris de lui. Et tout vient de Dieu qui ainsi définit l'humain.
La domination de l'homme sur la femme dont parle Genèse 3,16 n'est pas de l'ordre de la création, mais de l'ordre de la conséquence du péché (donc de la destruction). Au commencement, le même commencement dont parle Jésus en Matthieu 19,8 et qui n'est pas fondamentalement chronologique mais qui désigne l'intention originelle de Dieu, il n'y avait pas de lutte entre l'homme et la femme. C'est la dureté du cœur qui a créé la domination de l'homme sur la femme.
Lorsque Paul déclare qu'en effet, vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous appartenez au Christ, alors vous êtes la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse (Galates 3,27-29) il n'abolit pas par idéalisme les différences sociales qui sont réelles entre un esclave et un homme libre, ou les différences culturelles entre un Juif et un Grec ni donc la différence sexuelle entre un homme et une femme. Mais il veut abolir la domination ou le sentiment de supériorité des uns par rapport aux autres. Ainsi un esclave, en particulier dans l'Eglise du Christ, ne doit pas se sentir esclave, même si son maître est là ! De même un Juif ne devrait pas juger ce que mange un Grec. Si l'Eglise ne peut pas changer le monde extérieur, elle doit être différente du monde, à l'intérieur.
Paul n'abolit donc pas la différentiation sexuelle, mais le sentiment de supériorité de l'homme (ou celui d'infériorité chez la femme) en Christ. Car si les femmes sont co-héritières de la grâce de la vie (1Pierre 3,7) elles n'ont pas à penser que Dieu les considère moins que les hommes. Donc si l'Eglise veut faire partie du Royaume de Dieu, le regard des hommes chrétiens sur les femmes ne doit pas venir d'au dessus, mais bien être horizontal. Car au jour du jugement ; la différenciation sexuelle sera abolie.
Jésus leur répondit : Dans ce monde–ci, hommes et femmes se marient, mais ceux qui ont été jugés dignes d’accéder à ce monde–là et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari. Ils ne peuvent pas non plus mourir, parce qu’ils sont semblables à des anges et qu’ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection (Luc 20,34-36)
Mais en attendant, hommes et femmes, se marient, et la différence demeure, impliquant donc non pas une supériorité ni une infériorité, mais des rôles différents, en particulier, sans qu'il y ait besoin de le démontrer, dans la sexualité.
Pour méditer :
- Le texte de Genèse 1 parle de « mâle et femelle » quand le texte de Genèse 2 parle de femme et d'homme. Qu'est-ce que cela dit de la différentiation et de l'identité sexuelle des humains ?
- D'où vient la domination de l'homme sur la femme (ou la soumission de la femme sous l'homme) ?
Notes
1 Genèse 2,22-23
וַיִּבֶן יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הַצֵּלָע אֲשֶׁר-לָקַח מִן-הָאָדָם, לְאִשָּׁה; וַיְבִאֶהָ, אֶל-הָאָדָם.
Il transforma le Seigneur Dieu la côte qu'il a prise hors de l'humain [il ne faut pas traduire l'homme car on pourrait se tromper avec le masculin, ni le prénom Adam ici car il y a un article qui indique que ce n'est pas un prénom], en une femme, et il l'apporta à l'humain
וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי ; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.
Il dit l'humain « Cette fois c'est l'os de mes os, la chair de ma chair.
Celle-ci, on l'appellera femme, car c'est de l'homme [masculin] qu'elle a été prise.
2 זָכָר וּנְקֵבָה – prononcer zâchâr ounqévâh
3 À partir de Genèse 2,4b ; mais probablement écrit avant chronologiquement.
4 Cela n'est ni scientifiquement possible (car alors il manquerait une côte à tous les humains de sexe masculin) ni théologiquement non plus puisque si on considère les deux textes de création inspirés, le premier texte interdit de prendre l'allégorie de la côte de l'humain (et non d'Adam) littéralement. En effet la création de l'humain est mâle et femelle dès le début, c'est à dire sexuée avec une différence constitutive à l'intérieur de l'humain. La distinction féminin/masculin vient après et affine le concept. Genèse 1 parle de la venue de l’humanité dans la création. Genèse 2 parle de la création autour de l’humanité. La perspective est différente.