Notion de pureté et d’impureté dans la Bible

Dans certains milieux chrétiens utilisant un vocabulaire un peu religieux, il existe une tendance à assimiler pureté et impureté avec ce qui relève du sexuel. Ce que l'Ancien Testament, et en particulier le Lévitique, associe au mot pureté est bien plus large que la simple continence sexuelle. Il s'agit de se préserver de la souillure, et celle-ci n'a rien de morale. Elle relève de ce qui touche au corps : animaux purs et impurs, contacts qui rendent impurs, maladies de peau, moisissures sur les vêtements ou dans les maisons, maladies sexuelles masculines et des perturbations des menstruations féminines (Lévitique 11 à 15). C'est en Lévitique 18 à 20 qu'on apprend ce qui par rapport à la sexualité rend impur : l'adultère (18,20), et les relations avec les animaux (18,23). Les conséquences sociales vont plus loin que le seul état d'impureté qui de fait exclue de la société puisque l'adultère, qu'il soit incestueux ou non conduit à la mort (20,10). La zoophilie aussi (20,15-16).

Ces codes du Lévitique que les théologiens appellent code de pureté et code de sainteté, font partie intégrante de la Torah, la loi juive. Mais il ne faut pas oublier ce qui motiva les prêtres de Yahvé à écrire le Lévitique : il fallait que les pratiques du peuple se différencient de celles des nations alentours (Egypte, Canaan : Lévitique 18,3.24-25). C'est pourquoi les prophètes1 et Jésus on relativisé la notion de pureté obtenue par l'observance des règles religieuses, pour montrer que le fondement de la pureté c'est d'abord le cœur (Marc 7,14-23), c'est à dire à la fois des convictions fortes et une conscience nette2.

Jésus semble transgresser les lois de pureté en mangeant avec des païens ou des traîtres (Marc 2,15-16) et en n'apprenant pas à ses disciples à respecter les ablutions rituelles3 (Marc 7,1-5). Jésus ramène la conscience des gens au fondement même de la loi qui du coup s'en trouve dépassée comme le comprendra parfaitement le théologien et apôtre Paul :

Avant que la foi vienne, nous étions gardés sous la loi, enfermés, en vue de la foi qui allait être révélée. Ainsi la loi a été notre surveillant jusqu'au Christ, pour que nous soyons justifiés en vertu de la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus soumis à un surveillant (Galates 3,23-25).

La pureté ne relève plus de la loi, de choses à ne pas faire ou de choses à faire, elle ne relève plus du religieux, elle relève de l'amour et de la grâce qui forgent notre conscience morale à partir des intentions originelles de la loi. Nous pouvons alors extrapoler ce principe général au cas particulier de la sexualité.

Quand Paul, en Galates 5,19 parle de l'impureté comme œuvre de la chair entre inconduite sexuelle et débauche, il est clair qu'il parle de sexualité. Mais ces trois termes regroupent le même type de problèmes liés à la sexualité : une sexualité destructrice. La sexualité n'est donc pas impure en elle-même. Elle ne le devient que lorsqu'elle n'est pas au service de l'amour (premier fruit de l'Esprit au v22).

De même la recommandation de la pureté en 1Timothée 5,2 entre le jeune dirigeant de l'assemblée et les jeunes sœurs est une recommandation d'ordre relationnelle, de manière à ce que la sexualité ne vienne pas perturber l'esprit de famille de l'église.

Il n'est donc pas impur d'avoir un rêve sexuel. Il n'est pas impur d'avoir des fantasmes4. Et enfin, enfonçons une porte lourdement fermée : la masturbation5 n'est peut-être pas aussi impure que ce qu'en pensent certains chrétiens fondamentalistes6.

Pour méditer :

- Est-ce que j'ai compris ce que l'Ancien Testament considère impur ?
- Est-ce que je sais ce que Jésus et le Nouveau Testament considère impur ?
- Quelle est la différence entre les deux ?
- Qu'est-ce qui rend la sexualité impure ?


Notes

Par exemple Ezechiel 36,17-21 explique que l'idolâtrie rend le pays impur bien plus que les menstruations ne rendent la femme impure.

De nombreuses écritures abordent le sujet de la conscience pure en relation à différentes situations dans lesquelles un chrétien peut se retrouver. Voir par exemple : Romains 2,12-16 ; 1Corinthiens 8,7 ; Tite 1,15 ; 1Pierre 3,21. Évidemment avoir une conscience pure n'a de sens que si nos convictions sont radicales en ce qui concerne l'amour du prochain à l'image de l'amour de Jésus-Christ.

Ce qui montre que les disciples de Jésus étaient des juifs issus du bas peuple (ham aharets) qui n'avaient pas l'habitude des rites et qui étaient religieusement libres quant à ce qu'ils pouvaient apprendre de Dieu à travers Jésus.

Attention à ne pas se tromper sur ce qu'est un fantasme. Un fantasme est une construction imaginaire, consciente ou inconsciente, qui permet au sujet qui s'y met en scène, d'exprimer un désir. Un fantasme n'a pas de visage et met en scène des personnages fictifs et non des personnes réelles (auquel cas il devient expression de la convoitise).

De la même manière la masturbation devient péché lorsqu'elle est basée sur la pornographie ou sur la convoitise d'une personne. Et elle est problématique lorsqu'elle est addictive (bien que l'addiction soi le plus souvent liée à la pornographie qui procure l'excitation menant au plaisir).

Lorsque celle-ci n'est ni addictive (ce qui est un danger assez fort) ni associée à la pornographie (voir plus loin).