Conclusion de tout ce discours
sur la sexualité
Pour parler de l'éthique sexuelle chrétienne, nous sommes partis de l'impact que la théologie, discipline majeure de l'université au Moyen-Age, a pu avoir, et a encore sur notre façon de considérer la sexualité. Puis nous avons tenté de montrer qu'un certain équilibre était nécessaire afin d'éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain.
En considérant la manière dont les psychologues définissent le sentiment amoureux, nous avons vu que celui-ci est la résultante de plusieurs facteurs, résumés pour plus de simplicité et d'efficacité par trois termes : intimité, passion, engagement. En se basant sur cette définition qui n'a rien de théologique, nous avons pu saisir que le message biblique sur la sexualité, s'il n'est pas un thème central de la Bible, reste cohérent avec la manière dont l'humain fonctionne.
Mais si la psychologie nous aide à nous comprendre nous-mêmes, elle reste descriptive. Elle permet de pointer du le doigt certains dysfonctionnements de nos comportements, mais elle n'a pas vocation a orienter nos choix de vie. La Bible vient en complément pour nous aider dans ces choix. En effet elle propose un chemin parmi beaucoup d'autres.
A partir des quatre caractéristiques de la sexualité que nous avions identifiés (la procréation, paramètre biologique ; le plaisir, paramètre neurologique ; le langage corporel, paramètre psychologique ; le signe ou l'image de Dieu, paramètre théologique) un chrétien peut évaluer quel chemin peut plaire à Dieu. Nous l'avons résumé dans un petit tableau :
Ce pour quoi Dieu |
↓ Pratique sexuelle ↓ |
||||
Homosexualité |
Hétérosexualité |
||||
Sans |
Couple |
Sans |
Couple marié |
Couple marié |
|
Procréation |
0 |
0 |
(+) |
+ |
+ |
Plaisir |
+ |
+ |
+ |
+ |
+ |
Langage |
– |
+ |
– |
+ |
+ |
Signe |
– 1 |
– |
0 |
0 |
+ |
Résultat → |
Souffrance |
Souffrance |
Souffrance |
Normal |
Gloire |
Les chrétiens ont confiance dans l'idée que ce chemin est inspiré de Dieu. Et de fait, ceux qui empruntent ce chemin en toute sincérité, s'ils ne nient pas les difficultés et les tentations de s'en écarter (Ecclésiaste 7,20), peuvent expérimenter la joie et la sécurité qu'il permet de rejoindre.
Ce chemin nous pourrions lui donner un nom : chemin de l'imitation de l'amour du Christ.
La théologie est donc bien un outil de choix moral ; un choix basé sur une manière de comprendre l'amour tel que Jésus-Christ l'a enseigné. Il nous faut cependant actualiser ce message d'amour pour pouvoir à la fois intégrer les nouvelles connaissances (comme la psychologie) et pour pouvoir le proclamer de manière compréhensible par notre société. En particulier, dans une théologie traditionnelle, ce que nous avons appelé « souffrance » dans le tableau, aurait pu s'intituler « péché ». Mais ce mot est tellement mal compris par nos contemporains, et même par de si nombreux chrétiens, qu'il est préférable de le faire comprendre par d'autres mots. Car le péché n'est en aucun cas une étiquette mise par le jugement de Dieu sur nos comportements. Il ne faut pas culpabiliser d'être pécheur. Il est juste nécessaire de comprendre que les péchés (pensées, actions, omissions...) résultent du péché (se croire plus sage que Dieu) et sont en définitive une source de souffrance et non une source de jugement de Dieu sur nous et encore moins entre humains.
Comme nous le remarquions quelques pages plus haut, le message de la Bible n'a pas la sexualité comme priorité. Elle enseigne d'abord comment vivre une relation avec Dieu, et comment vivre en relations les uns avec les autres. Mais la sexualité fait partie d'une certaine relation que nous appelons « mariage » et qui en incluant la sexualité est image ou signe de Dieu non seulement pour les chrétiens mais aussi pour le monde (Jean 13,34-35). Et à ce titre nous pouvons comprendre beaucoup sur l'usage que l'on peut en faire, ou pas, pour aimer, c'est à dire se décentrer de soi.
Comme l'Ecclésiaste (12,13) nous pouvons donc conclure :
Écoutons la conclusion de tout le discours :
Crains Dieu et observe ses commandements.
C’est là tout l’humain.