Le Père créateur et les récits de création


Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
Genèse 1,1


 

Dieu est créateur. Cela semble simple. Pourquoi en parler plus longtemps ? Parce-que souvent on suppose que l'existence de Dieu est évidente quand on considère l'existence de l'univers. Mais d'où nous vient cette évidence ? Car si tout humain qui contemple la nature se pose la question de son origine, la réponse apportée n'a pas toujours été la même partout et toujours. C'est la tradition hébraïque qui la première a parlé de création du monde par un Dieu qui lui est extérieur.

Les récits de création qu'on appelle des cosmogonies sont légions. Presque tous les systèmes religieux ont leur propre mythe de la création. Il est intéressant de les comparer pour comprendre comment l'humanité a pensé le monde. Mais tous ces mythes ont en commun d'être des récits qui partent de ce qu'ils observent dans le monde pour en déduire un processus de création. Contrairement aux mythes cosmogoniques, les prêtres et scribes hébreux qui élaborèrent les textes de Genèse 1 et 2 eurent l'intuition que le monde fut créé par un Dieu qui lui est extérieur. Ils sortent des limites de ce qui est observable pour nous révéler l'existence du Créateur. Ces textes ne sont donc pas des mythes, ce sont même des anti-mythes car ils se servent des histoires babyloniennes (entre autres) qu'ils connaissent et dont on retrouve la trace dans leurs textes, mais pour dire tout autre chose, presque le contraire.

La science moderne elle aussi nous donne aussi un récit de création. C'est le récit qu'on se raconte aujourd'hui dans nos société contemporaines. Ce récit ressemble à un mythe de création. Il nous explique avec plus de réalisme comment le monde a évolué depuis sa création. Mais il ne nous explique pas plus que l'épopée de Gilgamesh ou que les cosmogonies égyptiennes pourquoi le monde existe. En réalité il n'y a pas besoin de la science pour comprendre qu'il y a un Dieu. Car la science ne donne pas raison à l'idée d'un Créateur. Elle ne prouve rien en ce qui concerne Dieu. Tout au plus elle oriente notre raisonnement car elle permet d'éliminer un bon nombre des autres possibilités inventées par l'humanité : on ne peut plus affirmer aujourd'hui par exemple que les étoiles sont nées du cadavre d'un dieu constitué d'eau salée (Tiamat) qui avait été vaincu par un autre dieu (Mardouk) comme en Mésopotamie il y a 3000 ans. La science d'aujourd'hui pointe vers un commencement de l'univers1, mais elle est incapable de nous dire ce qui se passait au moment de ce commencement2.

 

Pour méditer :

- Pourquoi la création par un Dieu extérieur au monde n'est-elle apparue que chez les hébreux ?

- En quoi il est intéressant que les hébreux aient fait des liens avec d'autres textes anciens ?

- Quel est le discours (en simplifié) de la science moderne sur la création ? En quoi ce discours peut-il nous aider dans notre recherche de la foi ? Mais d'un autre côté, en quoi n'est-il pas pertinent pour cette recherche, c'est à dire quelle sont ses limites ?

 


Notes

« Avant le temps de Planck, rien n’existe. Où plutôt : c’est le règne de la Totalité intemporelle, de l’intégrité parfaite, de la symétrie absolue : seul le Principe Originel est là, dans le néant, force infinie, illimitée, sans commencement ni fin. A ce « moment » primordial, cette force hallucinante de puissance et de solitude, d’harmonie et de perfection (...) se suffit à elle-même » - Jean Guitton, Grichka Bogdanov, I. Bogdanov ; Dieu et la Science ; Ed Grasset & Fasquelle, 1991.

Dans la théorie de la relativité générale, le temps représente la quatrième dimension ; en fonction du temps, on peut décrire ce qui s’est passé dans l’espace. Actuellement il est impossible d’avoir une idée de ce qui s’est passé entre l’origine théorique du temps (t = 0) et t = 5,4.10-44 s. (0,54 milliardième de miliardième de milliardième de milliardième de milliardième de seconde) ; en effet avant ce temps appelé temps de Planck, les notions de temps et d’espace sont impossibles à définir. Mais à partir de ce moment là, on peut écrire un scénario physique de ce qui s’est passé. Cependant il faut faire attention car même s’il semble que 10-43 secondes nous paraissent négligeables, il s’agit pourtant d’un laps de temps qui ne l’est pas en terme de phénomènes physiques. Il ne faut pas confondre 10-43 secondes de notre temps et ces 10-43 secondes primordiales pour la formation de l’univers ; il ne faut pas non plus les confondre avec notre perception psycho-biologique du temps.

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