Septième et dernière question posée à la théologie de la satisfaction dans le cadre de notre étude.
A quoi sert l'enseignement de Jésus ?
Nous avons déjà vu que la théologie de la satisfaction n'avait besoin que du sacrifice de Jésus. Il aurait suffit que le Christ naisse ou apparaisse, vive sans pécher (c'est déjà beaucoup) puis meurt pour apaiser la colère de Dieu. De cette manière il aurait payé le prix au Père, et cela aurait été suffisant.
Selon ce modèle « sotériologique » (1), il n'avait pas absolument besoin d'avoir un ministère publique, de prendre des disciples, de les enseigner, puis de les envoyer enseigner à garder tout ce qu'il avait prescrit (Matthieu 28,19)... son enseignement ne servirait à rien ou presque, sinon à savoir qu'on est sauvé et qu'il faut croire. Éventuellement à savoir ce qui plaît à Dieu. Et pourquoi pas, si nous sommes un tant soit peu reconnaissant, le mettre en pratique.
Pourtant la mort de Jésus aussi parfaite soit-elle, et bien qu'absolument indispensable à notre salut, ne suffisait pas (2) : car la mort de Jésus nous donne la capacité de fuir Satan en ouvrant une porte dans le mur de péché, un passage, « un chemin nouveau et vivant au travers du voile, c'est-à-dire de sa chair » (Hébreux 10,20). Mais nous avions besoin de savoir comment vivre cette liberté, (dont nous n'avions pas su que faire). Pour le dire d'une autre manière, nous avions besoin de savoir comment marcher sur ce chemin nouveau (et étroit) pour ne pas retomber dans les pièges du Satan. Pour ne pas retourner vers notre ancien maître.
C'est pourquoi les évangélistes ont voulu raconter la vie et l'enseignement de Jésus. C'est pourquoi, par exemple, Matthieu donne dans le Sermon sur la Montagne une « nouvelle loi ». Une sorte de manuel du disciple parfait.
Les hommes et femmes fraîchement libérés de l'oppression Égyptienne avaient eu besoin d'une direction pour ne pas retourner en arrière (Nombres 14,3-4 ; Deutéronome 17,16 ; Actes 17,39). Pour cela, ils ont reçu un enseignement (une torah) par l'intermédiaire de Moïse au mont Sinaï. Nous aussi en tant qu'hommes ou femmes fraichement libérés de Satan, avons nous besoin de savoir où aller : « Car (...) nous avons été créés en Jésus Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance afin que nous nous y engagions » (Ephésiens 2,10).
C'est clair : nous sommes sauvés par Dieu pour (et non par) des œuvres bonnes. Notre nouvelle vie, notre re-création, notre descendance du nouvel Adam (Romains 5,12ss), c'est pour les œuvres de Dieu : le salut par les œuvres n'est pas possible, nous le savions, mais le salut sans les œuvres non plus : ce serait dériver et négliger le salut (Hébreux 2,1-3). Faire les œuvres de Dieu permet de nous mettre à distance, à l'abri, de celui qui, autrefois, nous retenait en esclavage.
L'enseignement de Jésus joue donc un rôle fondamental pour marcher dans la lumière dont parle 1Jean 1,5-10 Et voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous dévoilons : Dieu est lumière, et de ténèbres, il n'y a pas trace en lui. 6 Si nous disons : « Nous sommes en communion avec lui », tout en marchant dans les ténèbres, nous mentons et nous ne faisons pas la vérité. 7 Mais si nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. 8 Si nous disons : « Nous n'avons pas de péché », nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. 9 Si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. 10 Si nous disons : « Nous ne sommes pas pécheurs », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n'est pas en nous.
« Si » implique quelque chose de conditionnel (3). Mais comment connaître où est la lumière si Jésus ne nous l'avait pas montré ? Comment marcher dans la lumière sans son enseignement ? Marcher est un verbe qui est connoté par l'action. L'écriture ne dit pas de sauter dans la lumière ou de rester dans la lumière mais de marcher dans la lumière. C'est un processus. On avance, petit à petit vers la guérison complète. Nous avions donc un besoin crucial, vital, incontournable, de l'enseignement de Jésus.
Questions pour méditer :
- Si je suis sauvé par la foi dans la grâce seulement, est-ce utile à mon salut de mettre en pratique l'enseignement de Jésus ?
- Est-ce choquant de penser que la mort de Jésus ne suffisait pas ?
- Est-ce que je comprend que le but est de progresser dans ma ressemblance à Jésus afin de fuir le mal et que celui-ci ne me rattrape pas (Matthieu 10,28) ?
- Est ce que je comprends que « marcher dans la lumière » c'est faire les œuvres de Dieu et confesser celles qui n'en sont pas ?
- Quelles œuvres est-ce que je fais pour ressembler plus à Jésus ? qu'est-ce qui me motive à agir ainsi ?
- Suis-je un chrétien du dimanche ? Ou un chrétien 7/7 – 24/24 ?
Notes
1) Sotériologique = qui parle du salut
2) La mort de Jésus ne suffit pas, mais elle est indispensable. Nous avons vu que sans la résurrection, nous ne pourrions pas non plus faire face au mal. Dans nos article sur l'Esprit Saint, nous avons démontré aussi la nécessité de l'assistance de l'Esprit envoyé par Jésus après son ascension pour faire face au mal. Cet Esprit parle à notre esprit (Romains 8,16) mais pas juste pour nous dire de gentilles choses, mais pour nous apprendre à obéir (Actes 5,32) car c'est l'obéissance à Dieu qui nous permet de progresser à l'image de Jésus (1Jean 2,3-6). Car « chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l'entraîne et le séduit. Une fois fécondée, la convoitise enfante le péché, et le péché, arrivé à la maturité, engendre la mort. Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés » (Jacques 1,14-16). Si nous n'avons pas les œuvres, le péché nous rattrapera tôt ou tard pour nous remettre sous sa domination.
3) Dieu veut pardonner ! Mais si nous ne confessons pas ou rarement nos péchés, c'est comme si nous disions que nous n'avons pas de péché. En tant que chrétien il n'est pas difficile de dire « je suis pécheur » de manière générale. Il est en revanche plus difficile d'aller confesser ses péchés spécifiques, précis, à un de nos frères ou une de nos sœurs en Christ en disant par exemple : « J'ai fait ceci ou cela de spécifique, ce n'est pas à l'image de Jésus, je le met à la lumière devant toi, s'il te plait prie pour moi, afin que je sois guérie et que mon ancien maître ne me séduise plus » (Jacques 5,16).