D’où vient « notre » diable ?
2. Satan pendant les 19 derniers siècles
Une fois que Satan est devenu un personnage à part entière dans la pensée chrétienne primitive, la mythologie n'a pas cessé d’évoluer et elle s'est accélérée.
L'Église primitive, comme Jésus lui-même, issus du judaïsme de leur temps ont accepté Satan comme un être réel. Aux 2e et 3e siècles, des auteurs comme Justin Martyr, Origène et Tertullien l'associaient au serpent, aux anges déchus. En réalité tout ce qui s’opposait à l’Évangile provenait de voire était Satan(ique).
Puis vint Augustin, qui contribua à consolider l'idée du péché originel, ce qui ne fit que renforcer le pouvoir de Satan dans l'imaginaire théologique. Satan corrompant l’humanité de manière transgénérationnelle dès la sortie du ventre maternel.
Mais c'est au Moyen Âge que le diable acquit son identité visuelle : la peau rouge ; les cornes ; la fourche ; les pattes de chèvre aux sabots fendus ; le sourire en coin. Cette imagerie ne provient pas de la Bible, mais de l'art médiéval, de divinités païennes comme Pan, et finalement de l'Enfer de Dante et du Paradis perdu de Milton, qui ont pleinement mis en scène Satan en tant qu'antihéros tragique, rebelle et roi monstrueux de l'enfer. À l'époque de l'imprimerie, le diable n'était plus seulement une créature mythique, c'était un véritable divertissement, comme nos films d'horreur aujourd'hui. Et une sacrée motivation pour aller à l'église et payer la dîme ou donner au denier du culte.
Et qui était-il à l'époque où la plupart d'entre nous sommes nés ? Un tout-puissant (mais quand même sans majuscules) : partout à la fois, il nous observait, nous traquait, courait partout en murmurant des mensonges, tentant les adolescents de se masturber, de faire l'amour avant le mariage, de fumer de l'herbe, d'écouter ACDC « highway to hell ». Prince du monde on ne pouvait pas faire un pas dehors (de l'église) sans le rencontrer. Dans de nombreuses traditions évangéliques, Satan est presque devenu un deuxième dieu (encore sans majuscule) - pas égal en bonté, mais égal en puissance, toujours un pas derrière vous, essayant de ruiner votre vie.
Lorsque l'on grandit depuis tout petit avec cette histoire, il n'est pas étonnant que nous en ayons eu une peur bleue. Cela s'imprime dans notre esprit. Et ce sentiment peut perdurer à l’age adulte souvent inconsciemment, bien que parfois tel quel. Je me souviens de ce livre "Le lion ne dors jamais" qui m'avais terrifié (en tant que jeune adulte) ! Je ne pensais alors qu'à faire attention au lion, à ne pas pécher, à ne pas faire ni penser ce qu'il ne fallait pas faire ni penser. Cela me préoccupais beaucoup plus qu'à faire attention à l'exemple positif et apaisant que Dieu me donne par Jésus-Christ.
Peut-être même avons nous peur de ne pas le prendre assez au sérieux en lisant ces articles. Peut-être pourrait-il utiliser cela pour nous faire perdre notre salut ? Mais, au fond, qu'est-ce qui est le plus satanique : ne pas prendre au sérieux sa réalité ou ne pas accepter la grâce de Dieu qui me rend capable d'aimer ?
Quand Jacques dit :
Soumettez-vous donc à Dieu ; opposez-vous au diable, et il vous fuira.
Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. - Jacques 4,7-8
il ne nous appelle pas à avoir peur du diable, mais à aimer Dieu.
C'est en se remplissant de Dieu que nous nous viderons du diable.