Colère de Dieu (3)
Comprendre la colère de Dieu
dans l'Ancien Testament
Lorsque nous faisons face à une injustice, nous ressentons de la colère. Le réflexe naturel est souvent un geste ou une parole défensive dont les conséquences peuvent être néfastes. Le problème n'est donc pas la colère elle-même, mais ce qu'on en fait.
Dans l'Ancien Testament, la colère, la fureur, le courroux, la jalousie, l'indignation (d'une racine hébraïque signifiant le débordement), de Dieu se dévoilent en de multiples occasions permettant au feu1, au torrent2, à la tempête3, à la famine, aux bêtes féroces et à l'épée4, de se déchaîner. Dieu étant lui-même un feu dévorant5! En certaines occasions, les lecteurs modernes que nous sommes se demandent si ce déferlement de violence (voyez Ézéchiel 5,13) est bien justifié et s'il correspond bien à un Dieu dont les chrétiens disent qu'il est amour (1Jean 4,8.16).
Lorsqu'on est croyant, il y a alors deux solutions pour comprendre cet anthropomorphisme6 :
La première consiste à tenter de justifier l'agir de Dieu : « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu'il veut » (Psaume 115,3). Cette position prétend qu'en tant qu'homme nous ne pouvons pas connaître les raisons de Dieu. Celui-ci, lorsqu'il écrase le péché dans le sang doit probablement avoir ses raisons que nous ne pouvons pas comprendre. L'attitude à adopter serait celle de l'humilité de la créature finie face à son créateur infini. Mais alors il s'agirait de laisser tomber l'espoir de comprendre qui est Dieu et donc de le connaître. Dans ce cas nous devons apprendre à nous soumettre à un Dieu humainement imprévisible, c'est à dire à vivre dans une sorte d'insécurité spirituelle inextinguible qui ne peut que nous terrifier jusqu'au jour du jugement. Cette insécurité a conduit des hommes comme Marcion du Pont et ses disciples, au début du deuxième siècle à refuser de considérer l'Ancien Testament comme Écriture, pour n'accepter que le Nouveau sous prétexte qu'il n'était pas possible que le méchant dieu de l'Ancien Testament soit le même que le Dieu d'amour de Jésus-Christ.
L'autre solution réside dans la compréhension de la nature de l'Ancien Testament : Il est « une esquisse des réalités célestes » (Hébreux 8,5 – TOB). Pour schématiser à (très) grands traits les résultats de la recherche exégétique des 50 ou 60 dernières années, on peut classer les auteurs de l'Ancien Testament en quatre catégories : Les Prêtres, les Prophètes, les Scribes deutéronomistes7, et les Sages. Chacun de ces types d'auteur correspond à une façon de penser Dieu qui n'est pas en accord complet avec celle des autres, comme nous l'avons montré à travers les questions posées dans l'article d'introduction. Les documents produits par ces différents auteurs se corrigent et se complètent les uns les autres pour donner une image de Dieu qui va se préciser et s'harmoniser dans la Parole de Dieu, c'est à dire en Jésus-Christ. Il est la pierre de l'angle (Actes 4,11 ; Éphésiens 2,20 ; 1Pierre 2,7), la récapitulation (Éphésiens 1,9-10). Lui-même dit en Jean 5,39 « Vous sondez les Écritures, parce que, vous, vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; or ce sont elles-mêmes qui me rendent témoignage ». La vie éternelle ne se trouve pas dans les Écritures mais en celui à qui elles rendent témoignage.
Jésus-Christ est donc la clé de compréhension de l'ensemble de l'Ancien Testament. Tenter d'expliquer Dieu à partir d'un texte de l'Ancien Testament sans passer par Jésus-Christ, c'est comme tenter de crocheter une porte sans la clé : on apprend beaucoup sur le fonctionnement de la serrure, mais on ne voit jamais vraiment ce qu'il y a derrière la porte.
Questions pour méditer :
- Est-ce que je comprends en quoi l'Ancien Testament est l'esquisse des réalités célestes ?
- Est-ce que perçois que la réponse à nos interrogations sur la colère de Dieu doit passer par Jésus-Christ ?
Notes
1 Deutéronome 29,19 ; Jérémie 7,20 ; 44,6 ; Ezékiel 21,36 ; 22,21.31 ; Nahoum 1,6 ; etc.
2 Ésaïe 30,28
3 Ézéchiel 13,13
4 Ézéchiel 5,13-17
5 Deutéronome 4,24 ; Ésaïe 10,17
6 Pour comprendre ce qu'est un anthropomorphisme, voir l'article précédent.
7 Ils récupérèrent la partie législative du Deutéronome et l'augmentèrent. Il écrivirent aussi les livres des Rois (1 & 2 Samuel + 1 & 2 Rois).