(Actes 5,39)
Contrairement à une idée répandue, le pardon de Dieu n'est pas lié à la repentance. Ce qui est lié à la repentance c'est que nos péchés soient effacés (et non recouvert comme on le chante dans certains cantiques !) : car quand nous nous sommes donnés au péché, nous avons pris notre vie en main comme le fils prodigue (Luc 15,11-24), et nous n'appartenions plus à Dieu mais nous étions esclaves, et donc propriété, du péché, tout en croyant être libres (Jean 8,34 – Ephésiens 2,1-8). La repentance est le désir intense de revenir vers Dieu de manière volontaire (cf le fils prodigue) pour lui demander son pardon qui nous a toujours attendu. Comme ce lépreux qui après avoir été guéri fait demi tour et revient vers Jésus qui considère cela comme le signe de la foi qui sauve (Luc 17,15).
Si Dieu nous crée libre il n'est pas dupe (malgré l'apparence de Genèse 3,9). Il sait que nous voudrons un jour ou l'autre tenter de vivre par nous-même (et nous prendre pour des dieux – Genèse 3,5). A la repentance et au baptême nos péchés sont effacés non parce que Dieu nous pardonne (c'est déjà fait, et c'est ce qui permet notre repentance – Romains 2,4) mais parce que nous nous engageons à lutter contre le péché, ce qui établit le lien avec Dieu qui a payé nos dettes pour nous libérer de l'esclavage du péché (nous ne sommes plus possédés par le mal ou le diable ou le satan ou le péché, peut importe le mot, ni même par nous-mêmes – Luc 14,26) et notre vie revient à Dieu qui en a payé la rançon (1) après qu'on ait fait nos expériences malheureuses et/ou plus ou moins destructrices (pour nous et les autres).
Ainsi le pardon est gratuit, et voulu par Dieu depuis toujours. Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1Timothée 2,4). Pour cela la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée (Tite 2,11 - voir aussi le « quiconque » de Jean 3,16). Elle est acquise aux hommes. Maintenant, c'est à chacun que revient la responsabilité d'accepter le pardon qui efface les péchés, ou pour le dire autrement d'accepter la grâce, cadeau fait à tous les hommes.
Or on ne peut accepter le don du pardon sans se repentir, car la repentance c'est faire volte face et partir en guerre non plus contre Dieu, mais contre le péché qui nous a trahi en promettant beaucoup et en rapportant si peu. Se repentir c'est changer d'ennemi en comprenant (c'est le sens du mot grec μετάνοια - prononcer métanoïa) que Dieu n'a jamais voulu être notre ennemi bien que nous soyons partis en guerre contre Lui !
Le même genre d'idée se retrouve en Esaïe 27,2-6 lorsque Dieu veut défendre jalousement sa vigne (le peuple) contre les ronces et les épines (idolâtrie et autre péchés). Il sait bien qu'elles viendront, mais lui prépare un plan pour évacuer sa colère, un plan qui lui permet d'espérer qu'Israël prendra racine et qu'il cherchera la paix avec son Dieu.
De même on ne peut vraiment accepter le pardon de Dieu sans être baptisé, car le baptême, que l'on reçoit et donc qui n'est pas un acte ou une œuvre mais un cadeau, est le moment où l'on tend les bras pour prendre le cadeau de Dieu, le moment où l'on dit "oui" et où ce "oui" s'officialise, se matérialise et se réalise.
Mais cette parole est certaine : vouloir accepter le pardon sans se repentir et se faire baptiser, ce serait se moquer de Dieu (Galates 6,7-8) et courir vers l'immense déception d'ouvrir un cadeau vide.
Questions pour méditer :
- Qui est en guerre ? Dieu ou l'humanité ?
- Quel est le désir de Dieu : de nous vaincre par sa puissance ou de nous convaincre par son amour ?
- Comment Dieu a-t-il payé mes dettes ?
- Qui est responsable de la perdition de l'humanité : Dieu ou l'Homme ?
- Si les gens sont ennemis de Dieu, Dieu est-il pour autant leur ennemi ?
- Faut-il se repentir pour être pardonné ? Si non, pourquoi se repentir alors ? Comment la repentance et le baptême sont-ils utiles au salut ? Pourquoi peut-on dire que le baptême n'est pas une « œuvre » ?
- En quoi la repentance est-elle le signe que nous n'appartenons plus au péché même si nous péchons toujours ?
- Quelles sont les ronces et les épines contre lesquelles je dois lutter ?
- Que veut dire être en guerre contre le péché ? Avec quelles armes ? Avec quelle puissance ?
Note
Bonjour
je ne comprends pas bien la distinction que vous faites entre le pardon des péchés et l’effacement des péchés.
Vous citez Romains 2 4; or ce verset dit que la bonté de Dieu nous pousse à la repentance, précisément parce que nous comprenons la bonté de Dieu. Je ne vois pas que la repentance est un don de Dieu, mais que c’est un commandement de Dieu. La repentance est une condition au pardon, et donc à l’effacement des péchés. Car que signifierait un pardon si les péchés sont encore là ? Dieu efface les péchés au moment du baptême. Il pardonne au moment du baptême. C’est exactement pareil, selon moi, ainsi qu’il est écrit en Actes 2 38 : repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé POUR le pardon de vos péchés.
Bonjour Laurent
Merci pour votre commentaire pertinent. Je vais essayer d’être plus clair.
Actes 5,31 ou 11,38 ou bien encore 2Timothée 2,25 parlent bien de la repentance comme un don accordé par Dieu. Alors faut-il choisir entre un commandement ou un don ? Si l’on veut rester cohérent, nous devrions considérer qu’elle est… les deux à la fois comme beaucoup des concepts spirituels qui décrivent notre relation avec Dieu (la foi, le baptême, la persévérance…). Comment est-ce possible ? Et bien justement en considérant ce que Dieu veut, c’est- à dire sa volonté, qui n’est pas qu’on obéisse à des commandements, fussent-ils donnés par lui-même, mais que nous vivions en relation avec lui. Ainsi la foi ou la repentance ne traduisent pas ce que l’homme doit faire, mais plutôt le fruit de la rencontre entre un homme et Dieu. Sans cette rencontre, l’homme ne peut faire confiance ou se repentir. Comme vous le remarquez fort justement, nous ne pouvons nous repentir que si nous reconnaissons la bonté de Dieu. La repentance n’est donc pas une condition au pardon de Dieu, mais sa conséquence. C’est parce que Dieu me pardonne, parce qu’il est bon, que je peux me repentir. Peut-on imaginer que dans la parabole des deux fils (souvent intitulée parabole du fils prodigue – Luc 15,11) le père attende que son fils revienne pour avoir l’idée de le pardonner ? Non il attend le retour de son fils pendant longtemps, et il sait d’avance ce qu’il fera quand il le verra. Le pardon précède la repentance. Un grand théologien disait « la grâce précède le péché ». Alors comment comprendre le pour (grec = εἰς) d’Actes 2,38 ? Et bien il faut se repentir et être baptisé afin de saisir le pardon que Dieu offre. Comment se repentir si Dieu ne nous pardonne pas ? C’est ce que Jésus exprime sur la croix : tout est accompli. Le pardon de Dieu est disponible à tous ceux qui veulent bien l’accepter car : Le Seigneur (…) ne veut pas qu’aucun périsse, mais (il veut) que tous arrivent à la repentance (2Pierre 3,9 – Colombe).