Conclusion sur la crainte de Dieu

Lorsqu’on murit en tant que chrétien on devrait avoir de moins en moins peur de Dieu. Petit à petit, l’amour de Dieu s’accomplit en nous jusqu’au jour du jugement qui ne devrait pas nous faire peur (1Jean 4,18). Vouloir absolument entretenir une « crainte de Dieu » comme un signe de piété découle d'une mauvaise compréhension du chemin spirituel que nous font parcourir les auteurs bibliques. La crainte, comme beaucoup d'autres concepts spirituels bibliques, évolue au cours de l'Ancien Testament et cette évolution s’accélère lors du passage de l'Ancien au Nouveau pour aboutir grosso modo à ceci :

Ce qui doit nous faire peur, ce n'est pas Dieu, c’est nous-même.
Ce qui doit nous faire peur, c’est l’absence de Dieu, mais pas Dieu lui-même.
Ce qui doit nous faire peur, c’est de ne plus être avec Dieu, mais pas Dieu lui-même.

On pourrait dire que c’est jouer sur les mots. En tant qu’enseignant j’ai envie de dire que les mots sont plus qu’importants. Ils façonnent notre vision de la réalité : c’est à travers des mots que nous pouvons comprendre la Parole de Dieu !!

Être les enfants de Dieu ne fait pas de nous des enfants au sens infantile. Au contraire.
 Dieu veut que nous devenions « sujets » c'est-à-dire des gens qui savent dire « JE » (comme Jésus...), qui prennent position et qui assume la responsabilité de cette position. Des sujets qui savent exprimer ce qu’ils croient dans le monde sans craindre les menaces du monde.

Il peut être intéressant d’avoir peur des conséquences de nos pensées ou de nos actes pendant un temps, comme des enfants. Mais un enfant est fait pour grandir. Un chrétien adopté par Dieu est aussi fait pour grandir. Dieu qui nous a fait pour que nous grandissions physiquement nous a aussi fait pour qu'à terme nous ne soyons plus des tout-petits ballottés par les flots (Ephésiens 4,14) et en particulier les flots des émotions (dont la peur/crainte fait partie) liés à des enseignements (suite d'Ephésiens 14,14) délétères.

Ainsi celui qui n’évolue pas par rapport à ses craintes (dont celle de Dieu), va évoluer vers une vie spirituellement malade. Car la peur de Dieu n’est pas une motivation suffisante pour la vie chrétienne et est à mon avis à moyen et long terme contre-productive (cf. Parabole des talents).

Prêcher la crainte de Dieu (φόβῳ θεοῦ - phoboi theou) ou la crainte du Christ (φόβῳ Χριστοῦ - phoboi christou) au sens de la peur, ne s’applique pas à tout le monde. Cela est (peut-être éventuellement) utile :
- pour ceux qui tout en voyant les œuvres de Dieu ne se convertissent pas, mais alors ils doivent plus craindre les conséquences (en particulier spirituelles) de leurs comportements que le Dieu de liberté.
- pour les jeunes chrétiens qui ont du mal à abandonner leurs comportements destructeurs ; or ce sont leurs comportements qui sont destructeurs et non Dieu.

Craindre Dieu dans ce cas revient à comprendre qu’on ne peut blâmer Dieu s’il ne « sauve » pas celui qui s’est intentionnellement mis dans le pétrin.

Pour le reste il vaut mieux, selon moi motiver que faire peur, surtout quand il s'agit de la vie chrétienne.