Dieu m’aime

Ulysse et Pénélope (1), Tristan et Iseult (2), Roméo et Juliette (3), Edouard VIII et Wallis Simpson (4) représentent des amoures folles. Pourtant l'amour de Dieu l'est bien plus : plus fou que ce qu'on peut imaginer avec notre sagesse humaine !

En effet, la parole de la croix est folie
pour ceux qui vont à leur perte,
mais pour nous qui sommes sur la voie du salut,
elle est puissance de Dieu.
Car il est écrit : "Je détruirai la sagesse des sages,
j'anéantirai l'intelligence des intelligents".
Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le débatteur de ce monde ?
Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?
En effet, puisque le monde, par la sagesse,
n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu,
c'est par la folie de la proclamation
qu'il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient.
Les Juifs, en effet, demandent des signes,
et les Grecs cherchent la sagesse.
Or nous, nous proclamons un Christ crucifié,
cause de chute pour les Juifs et folie pour les non-Juifs ;
mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs,
un Christ qui est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu.
Car la folie de Dieu est plus sage que les humains,
et la faiblesse de Dieu est plus forte que les humains.

1Corinthiens 1,18-25 (NBS)

La folie de Dieu se voit (ou s'entend) donc sur la croix. En quoi est-ce une folie ?

Toutes les religions du monde ont instaurées des sacrifices pour leurs divinités : animaux, récoltes, produits divers. Et même dans certaines religions, des sacrifices humains. Mais le christianisme est la seule religion, où c'est Dieu qui se sacrifie lui-même pour les hommes. Il s'incarne (c'est à dire qu'il se fait homme - Jean 1,14) et il vient vivre la vie des hommes pour finir crucifié comme un terroriste. C'est difficile à accepter, mais c'est la folie de Dieu qui dépasse la sagesse des hommes qui s'attendent de la part de Dieu à des coups de tonnerre, des éclairs, des tremblement de terre, ou alors à un Messie politiquement et militairement héroïque.

Mais Dieu renverse la sagesse des hommes. Car les hommes, naturellement, dans leur sagesse propre, ne connaissent pas ce Dieu qui ne pense pas comme eux. Ils spéculent sur qui est Dieu à partir de leur expérience humaine. Ils projettent sur Dieu l'image de l'homme alors que l'homme n'est que l'image de Dieu. Le résultat ne peut qu'être une image encore plus floue. Malgré cette incompréhension, Dieu veut se faire connaître non pas comme le juge implacable de tout l'univers, mais comme un Dieu proche et accessible :

Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique,
pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas
mais ait la vie éternelle.
Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde,
mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Jean 3,16-18 (NBS)

Il ne s'agit donc pas comme on le pense souvent de tenter d'accumuler de bonnes œuvres pour compenser tous nos manquements. Dieu n'est pas Roberval (5).

L'apôtre Paul avait saisi la révolution apportée par le Christ. Ou plutôt il avait été saisi par le Christ. Il vivait pour lui, non pas à cause d'un vague sentiment religieux, mais parce qu'il avait compris que Jésus s'est livré volontairement pour lui personnellement :

ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi.

Galates 2,20 (NBS)

S'il n'y avait eu qu'un seul homme à sauver sur toute la terre, Jésus se serait sacrifié pour lui. Si tu étais seul sur terre, Jésus se serait sacrifié pour toi ! Et tu aurais pu parler comme Paul à la première personne du singulier.

Il ne s'agit pas de gagner le paradis car il est déjà gagné pour celui qui a discerné le fol et extrême amour du Christ pour lui et dont la vie devient reconnaissance pour celui qui nous aime jusqu’à la jalousie (Exode 34,14 ; Jacques 4,5).


Notes

(1) Elle n'échappe aux sollicitations de ses prétendants, qu'en promettant de fixer son choix lorsqu'elle aura terminé une tapisserie dont elle défait la nuit ce qu'elle a fait le jour. Au retour d'Ulysse, elle se garde même de reconnaître son mari, craignant une méprise. Seule la description de leur chambre nuptiale que lui-même avait décorée, lèvera ses doutes. Elle incarne la fidélité.

(2) Une ronce symbolique réunira pourtant leurs tombeaux : l'amour est plus fort que la mort.

(3) A Vérone, il y avait deux grandes familles ennemies, les Montagu et les Capulet. A un bal masqué donné par les Capulet, Roméo, un Montagu, tombe follement amoureux de Juliette, une Capulet. Mais elle est déjà promise en mariage...

(4) Pour pouvoir se marier avec une roturière, divorcée deux fois, il abdique le 10 décembre 1936.

(5) Gilles de Roberval fut l'inventeur au 17e siècle d'une célèbre balance dont le principe est encore utilisée aujourd'hui.

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