Cette formule est la première proposition de ce qu'on appelle communément le Credo (du latin « je crois ») que les historiens et théologiens appellent le « symbole des apôtres ». Ce texte qui n'a d'apostolique que le nom, est une tentative de formulation de la foi de l’Église qui reprend les grandes doctrines bibliques et les organise dans un plan qui se rapporte à la trinité : en effet il commence par Dieu le Père puis passe à Jésus-Christ et enfin au Saint-Esprit (avant d'évoquer un certain nombre de points de doctrines issus théoriquement de l'Esprit-Saint).
Le symbole est formulé à la première personne du singulier parce qu'il était récité par les convertis au moment de leur baptême. Il ne s'agit donc pas seulement d'une profession de foi ou d'une règle de foi, mais aussi d'un signe de reconnaissance des chrétiens. Celui qui était capable de comprendre et réciter ce texte pouvait devenir chrétien et se faire reconnaître (notamment en temps de persécution) des autres chrétiens.
Selon le théologien jésuite Henri De Lubac ce texte « ne fut pleinement constitué et fixé qu’au terme d’une histoire longue et fort compliquée, dont il demeure impossible, malgré les très nombreuses études critiques dont elle a été l’objet, de reconstituer tout le détail ».1
Augustin explique dans son De symbolo ad catechumenos :
« ces paroles que vous venez d’entendre, elles sont éparses à travers les divines Écritures ; on les a extraites et on les a réunies en abrégé pour éviter une fatigue excessive aux hommes dont la mémoire est lente, afin que chacun puisse dire et retenir ce qu’il croit » (Augustin d'Hiponne, De symbolo ad catechumenos, chapitre 1).
En effet il est simple de retrouver dans les écritures les sources de la formulation du Symbole. Et dans notre réflexion sur Dieu le Père, nous ne nous intéresserons qu'au début du Symbole des apôtres, c'est à dire à sa première phrase pour laquelle, on peut trouver environ une soixantaine d'écritures du Nouveau Testament qui associent explicitement le titre de Père à Dieu. La formulation est bien biblique, mais que veut-elle réellement dire ? Il se pourrait que nous puissions être surpris !
Note
1 Henri DE LUBAC, La foi chrétienne. Essai sur la structure du Symbole des Apôtres, Paris, Aubier-Montaigne, 19702