Actes 11.26c Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens.
« Chrétien » et « disciple » sont synonymes. Alors qu’est-ce qu’un disciple de Jésus ? « Chrétien » (χριστιανός, prononcer Christianos) veut dire littéralement : petit Christ.
Galates 3,27
Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le christ.
On commence à être chrétien (revêtu du Christ) lors du baptême. A partir de ce moment, le chrétien représente Christ pour le monde. C'est donc une grande responsabilité1.
Quant au mot disciple, il vient du latin discipulus, qui veut dire « élève, personne qui reçoit un enseignement »2.
I - LE FONDEMENT INVISIBLE DE LA VIE DU DISCIPLE
Comment être quelqu'un qui apprend (et pas seulement quelqu'un qui a appris...) ? Jésus nous donne deux principes de base :
Jean 8,31-32 Un disciple demeure dans la parole. Or Jean 1,1-18 explique que la Parole, c'est Jésus. Jésus est la Parole faite chair. Demeurer dans la Parole c'est donc demeurer en Jésus.
Mais comment demeurer en Jésus ? (Jean 15,5)
En Jean 6,48-63 le verset 63 éclaire le sens du commandement de « manger la chair du Christ ». Jésus dit qu'on doit manger sa chair puis il nous dit que la chair ne sert à rien, y-a-t-il contradiction ? Non car c'est la Parole spirituelle de Dieu qu'il nous faut manger ! Pas la chair, elle ne sert à rien...
Pour demeurer en Jésus il faut connaître Jésus. Mais connaître ce n'est pas seulement « savoir des choses sur ». Le but de connaître c'est d'« avoir une relation avec ». La Bible est la collection de livres qui nous permet de connaître Jésus. Il nous faut donc étudier la Bible (pas juste la lire) pour connaître la Parole de Dieu, c'est à dire avoir une relation avec la Parole de Dieu.
Qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? quelques repères (qui ne sont pas des règles systématiques) :
- étudier en prenant des notes, en se posant des questions sur le texte et sur soi-même c'est à dire en méditant.
- prendre des notes pendant les sermons, poser des questions à celui qui a parlé, entendre ce qui nous concerne personnellement, tout en ayant l'attitude des béréens avec Paul (Actes 17,10-11).
- demander des conseils sur quoi lire ou sur comment étudier.
- lire des livres (demander des conseils...), avec la « béréenne-attitude » (Actes 17,11), c'est à dire en gardant un certain recul par rapport à ce que les auteurs disent.
Un disciple est avide d'apprendre de son maître par tous moyens, c'est la définition du disciple.
En Luc 11,1-5 (mais aussi jusqu'au v13) Jésus dit : « quand vous priez » et non pas « s'il vous prend l'envie de prier ». Pour Jésus un disciple prie. C'est implicite. Car prier est le moyen pour les hommes de s'adresser à Dieu. La prière peut prendre des multiples formes différentes (les Psaumes donnent de nombreux exemples bien que non exhaustifs). Mais elle fait partie de la vie du disciple de Jésus.
Mais pas de panique ! Car bien entendu, comme la méditation de la Bible, la Prière s'apprend...
Étudier et prier sont le socle (invisible à l’extérieur) de notre vie de disciple.
Quand les choses ne vont pas dans notre vie, ou dans l'église, la première question à se poser est : mon étude et ma prière me nourrissent-elles spirituellement ? (Et donc pas seulement : est-ce que je lis la Bible ou est-ce que je prie ?).
Si ces deux choses ne vont pas, les autres caractéristiques du disciple dont je vais parler ci-dessous ne peuvent pas aller non plus.
II - LA PARTIE VISIBLE DE LA VIE DU DISCIPLE
Jean 13,34-35 Un disciple aime les autres disciples
Comment ? comme Jésus a aimé les disciples, et non pas comme on pense qu'il faut aimer...
Qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? Exemples (parmi beaucoup d’autres) de ce que le Nouveau Testament enseigne et qui permet d’aimer les disciples :
Hébreux 10,24-25 Veiller les uns sur les autres, s'exhorter ;
Colossiens 3,13.16 Se supporter, s'avertir, s'instruire les uns les autres ;
Jacques 5,16 Confesser ses péchés et prier les uns pour les autres ;
1Thessaloniciens 5,11 S'édifier les uns les autres ;
et bien d'autres...
Il ne s'agit pas uniquement d'avoir de l'affection les uns pour les autres (même si c'est primordial), et de bons sentiments. Il s'agit de s'impliquer dans la vie les uns des autres : de s'édifier, c'est-à-dire se construire les uns les autres, se former, s'aiguiser (Proverbe 27,17).
Matthieu 28,18-20 Un disciple fait d'autres disciples, les baptise et leur enseigne à garder les prescriptions de Jésus.
Qu'est-ce que cela veut dire concrètement ?
- Parler de Jésus aux autres, les inviter aux réunions de l'Église ou à discuter chez soi...
- Donner du temps à ceux qui ne connaissent pas Dieu pour leur faire découvrir qui il est (des soirées, des jours de vacance, des repas...) c'est à dire donner et se donner.
- C'est aussi être prêt à donner du temps aux nouveaux convertis ou aux enfants pour qu'ils progressent dans leur connaissance de Dieu.
- C'est encore trouver des manières créatives pour faire entendre l'évangile dans un monde que ça n'intéresse pas (par ignorance ou par résistance).
C'est intéressant de noter les v 16 et 17 : « quelques-uns eurent des doutent ». Ils doutaient avec Jésus ressuscité devant eux ! Jésus ne leur a pas dit : « résolvez vos doutes puis allez dans la mission ! ». Il leur a dit « allez... ». Car transmettre la Bonne Nouvelle est bon pour celui qui la reçoit mais aussi pour celui qui la transmet.
Luc 9,23-26 - Luc 9,57-62 - Luc 14,25-3 Un disciple est passionné ! La passion qu'on ressent pour Dieu est un bon moyen de savoir si on est nourri spirituellement. Si on ne s'engage pas, si on ne se marie pas avec Jésus, la passion finit par retomber. On ne peut pas vivre avec Lui comme on vivrait en concubinage (2Corinthiens 11,2). Si on ne ressent plus la passion, la priorité c'est de la retrouver. Cette passion se manifeste concrètement dans notre relation avec Dieu (voir la première partie de cette étude) mais aussi dans notre amour pour l'église dont on fait partie et pour ses membres.
Étudier, Prier, Parler, Confesser, Proclamer, Lutter, Servir, Être présent, vont nous permettre d'être fidèles. Car bien sûr, l'objectif est d'être fidèle et non de faire tout cela. Mais la vie de disciple est différente de la vie « normale ». Ce doit être une vie de héros3. Une vie d'extra terrestre (c'est à dire une vie « pas ce ce monde » - Jean 17,6.14)
CONCLUSION : Actes 5,32
Il ne s'agit pas de faire des choses ou de cocher des cases pour être un bon disciple, mais d'avoir une relation d'amour concrète avec Dieu (il n'y a pas de « bon » disciple, seulement de bonnes relations avec Dieu). Une relation qui s'entretient (Colossiens 1,10), grâce à une force spirituelle (Colossiens 1,11). Mais être spirituel n'a rien d'ésotérique ni de mystique. Être spirituel c'est d'abord chercher à imiter Jésus, désirer être son disciple, ce que les auteurs bibliques appellent obéir à Dieu.
Quelqu'un qui part de loin, et qui a beaucoup de problèmes, peut avoir plus de mérite aux yeux de Dieu que celui qui a beaucoup de talents et pour qui tout est facile. Il ne s'agit pas de mesurer nos mérites, mais de désirer5 plaire à Dieu. Tout au plus peut-on se comparer à Jésus ce qui doit nous convaincre de la marge de progression que nous avons quels que soient nos talents.
L’église sera à l'image de la somme de nos relations avec Dieu. Car si ci-dessus nous avons plus parlé de notre responsabilité individuelle face à Dieu, notre attitude responsable dans notre relation à Dieu aura des conséquences sur notre assemblée4.
La vie de disciple est exigeante. Mais c'est la seule vie qui vaut la peine et qui peut nous apporter le bonheur d'une relation avec Dieu et de vraies relations les uns avec les autres.
Les questions qui se posent alors sont celles-ci :
- suis-je chrétien ?
- suis-je un disciple de Jésus ?
- si non, est-ce que je veux l'être ? si oui, est-ce que je veux persévérer (Matthieu 24,12-13 ; Hébreux 3,12-15) ?
- qu'est-ce que ceux qui eux-mêmes se battent pour mettre en pratique les principes ci-dessus pensent de mes réponses aux trois questions précédentes et de ma mise en pratique des principes de la vie de disciple ?
Notes
(1) C'est même un sacerdoce.
(2) Dans le Nouveau Testament, le mot grec est μαθετής (prononcer mathétès) du verbe μανθαν́ω (prononcer manthanô) qui veut dire j'apprends.
(3) Le héros biblique est celui qui quitte sa vie pour en trouver une autre. Comme Abram qui quitta son pays pour trouver une autre vie avec Dieu. Mais cela ne veut pas dire seulement quitter un lieu, mais plutôt quitter une vie normale (Paul dirait charnelle) pour aller vers une vie spirituelle. C'est aussi une vie dans laquelle on donne. C'est une vie dans laquelle on est plus qu'une vie dans laquelle on a ou on fait : Avoir et Faire sont les modes d'existence normaux, Être est le mode d'existence spirituel.
(4) Il s'agit ici de l'assemblée locale, et non de l’Église universelle, dont certes nous faisons parie, mais que seul Dieu peut réellement appréhender. Quand Paul parle aux Corinthiens ou aux Romains, du corps, de l’église, il ne parle pas d'une église universelle, mais bien locale.
(5) Il y a donc une réorientation des désirs et des ambitions quand on devient chrétiens.