X – En route pour Rome : de Jérusalem à Rome

Actes 21,18-26 – Paul et Jacques

Paul est reçu chez Jacques le frère de Jésus (cf Annexe 1) : Paul a eu du succès chez les non juifs (v19), Jacques a eu du succès chez les juifs (v20). Mais en au verset 21 Paul apprend qu'il est accusé faussement (on leur a fait croire...) de pousser les juifs à abandonner leurs « coutumes » (mot issu du Deutéronome). La prédication de Paul qui n'oblige pas les gentils à se faire circoncire est interprétée comme étant l'inverse : il obligerait les non-juifs à abandonner la circoncision.

Paul doit payer pour le vœu de Naziréat des 4 juifs qui se purifient ce qui représente d'énormes dépenses1. Les efforts de Paul pour faire accepter ses églises païennes dans la communauté sont formidables ! Dans les Actes on sent la tension qu'il y a pour accepter les gentils dans L'Église. Paul est prêt à donner sa vie pour cela. C'est l'Esprit qui l'a guidé vers cette mission.

Remarquez qu'en Actes 21,25 Paul semble apprendre les conditions pour la communion fraternelle entre Juifs et gentils. Pour comprendre pourquoi voir annexe 2.

Le nous s'arrête et ne reprendra qu'en Actes 27,1.

Actes 21,27 à 22,29 – Paul est arrêté dans le temple

Le projet bien intentionné de faire démontrer à Paul sa loyauté envers le judaïsme échoue à cause de juifs d'Asie (de la région d'Ephèse ?) qui l'accusent (encore faussement) d'avoir introduit des gentils dans l'enceinte du lieu Saint. Ces juifs savent quel succès a l'Évangile en Asie dans les villes d'Ephèse, Smyrne ou Pergame (Actes 19,26). Ils trouvent alors un prétexte pour accuser Paul qui est sauvé du lynchage par un tribun dont le seul soucis est de faire régner l'ordre.

Paul plaide (tout chevelu et barbu) devant le peuple pour sa défense, et dans son élan fini par prêcher. Comme Pierre à la pentecôte (Actes 2,14), Paul prêche devant le peuple de Jérusalem. Comme Pierre (Actes 2.32) il prêche une expérience personnelle indéniable (Actes 22,6-21). Actes 22,14-16 est un bon résumé de la vie chrétienne.

La citoyenneté romaine de Paul le sauve.

Actes 22,30 à 23,10 – Paul devant le Sanhédrin

Le Sanhédrin est l'autorité politique du judaïsme à cette époque avec laquelle les romains collaboraient pour maintenir la paix. C'est en présentant Paul devant le Sanhédrin, que le tribun pense pouvoir comprendre ce qu'on reproche à Paul. Comme Jésus, Pierre Jean ou Etienne, Paul doit faire face au redoutable Sanhédrin. Paul est frappé sur la bouche : Ananias veut lui montrer que ce qui sort de sa bouche n'a pas de valeur. Pourtant Paul ne dit pas qu'il ne savait pas que l'homme devant lui était Ananias (il le reconnaît comme juge). Mais il dit ironiquement qu'il ne savait pas qu'un homme comme Ananias pouvait être Grand Prêtre !

Habilement Paul provoque une division dans le Sanhedrin au sujet de la résurrection (cf Luc 20,27-40). Les pharisiens soutiennent Paul comme ils ont soutenus Pierre à travers Gamaliel (Actes 5,34-39). Ils sont plus proche des idées de Paul que de celles des Saducéens avec lesquels ils partagent les sièges du Sanhédrin.

Le tribun sauve encore Paul du lynchage.

Actes 23,11 – Le Seigneur apparaît à Paul

Le Seigneur confirme à Paul qu'il devra bien aller de Jérusalem à Rome. Paul est spirituel : quand ça ne va pas, il sait se laisser encourager par Dieu (cf aussi Actes 18,10).

Actes 23,12-35 – Paul transféré à Césarée

Suite à un complot démasqué par le neveu de Paul (qui a donc une sœur), il est transféré à Césarée, quartier général des troupes romaines en Palestine, devant le préfet romain Félix2 qui fut procurateur en Palestine de 52 à 60.

Les versets 26 à 30 donnent le contenu de la lettre administrative qui accompagnait Paul et qui disculpe Paul selon la loi romaine. 470 soldats et auxiliaires protègent Paul, une escorte digne d'un chef d'état.

Actes 24,1-27 – Paul comparaît devant Félix pendant 2 ans

Le grand prêtre et les anciens, aidés de Tertullus, avocat probablement spécialiste du droit romain, présentent à Félix une liste d'accusations contre Paul qui cumule tout à la fois celles présentées par le Sanhédrin contre Jésus (Luc 23,1-2) et celles de juifs de la synagogue des affranchis contre Etienne (Actes 6,13-14).

Paul se défend en invoquant la présomption d'innocence. Ce faisant, il prêche et démontre que sa foi est raisonnable, ne contredit pas les écritures ni la fidélité à Dieu et qu'il est moralement irréprochable. Il termine son discours en évoquant la question de la résurrection afin de montrer à Félix que le problème est purement lié à la fois juive et n'a rien à voir avec la justice romaine.

Lors de sa défense Paul explique qu'il est venu faire des actes de compassion en faveur de ma nation (v17) : c'est à dire apporter de l'argent (cf Romains 15,25-28). Félix, qui est procurateur depuis 5 ou 6 ans déjà en Palestine et dont la femme est juive, cerne bien la question. Il a compris que Paul dispose d'une certaine somme d'argent (collecte) et de larges soutiens un peu partout. Il espère que Paul le soudoierait pour pouvoir être libéré (v26). Flavius Josèphe confirme sa vénalité.

Actes 25,1-12 – Paul en appelle à César

En l'an 60 Félix est remplacé3 par Festus comme procurateur de Judée. Parmi d'autres sujets « brulants » les grands prêtres réitèrent leur plainte contre Paul. Ils préparent un guet-apens en profitant de l'inexpérience de Festus dans la région qui prend au sérieux la nécessité de juger Paul qui est citoyen romain et qui attend depuis deux ans d'être jugé. Au v9 la situation semble ramener Paul à Jérusalem ce qui n'est pas ce que le Seigneur a prévu (Actes 23,11). Paul en appelle à César, car retourner à Jérusalem, c'est la mort assurée !

Actes 25,13 à 26,32 – Paul devant Agrippa et Bérénice

Festus, contrairement à Félix, n'est pas très au fait des pratiques juives. Il demande conseil à Agrippa II (descendant d'Hérode). La conversion de Paul nous est à nouveau racontée : Paul insiste sur l'appel qu'il a reçu, à la manière d'un prophète. Et en Actes 26,8 Paul pose une question fondamentale de la foi en la résurrection. Aux v23-29 les auditeurs aimeraient y croire. Mais ils s'y refusent !

Tout comme Jésus (cf Annexe 3) fut considéré innocent par Hérode, Paul est considéré innocent par Agrippa II.

Actes 27,1 à 28,14a – Départ pour l'Italie, tempête, naufrage et sauvetage

Luc raconte (à la première personne du pluriel) une série de péripétie pendant le transfert de Paul à Rome après que celui-ci ai pu profiter d'un peu de temps avec des amis (chrétiens?) à Sidon.

Premier avatar , une tempête. Cet épisode montre Paul capable de prendre le contrôle de la situation. Il a pas mal navigué dans ses trois premiers voyages ! Il a même fait naufrage plusieurs fois (2Corinthiens 11,25). Le verbe « sauver » revient sept fois ; ce récit est une métaphore avec un renversement : celui qui est prisonnier finit par sauver les 276 personnes à bord et à la faire participer à un repas du Seigneur (comparer Actes 27,35 et Luc 22,19). Et finalement c'est grâce au disciple du Christ que l'humanité en perdition est sauvée !

Ensuite vient l'épisode du serpent à Malte (28,2-6) qui montre que Dieu prend soin de Paul jusqu'à ce que sa mission soit accomplie (cf Luc 10,19). Cependant ce n'est probablement pas la manière dont Paul envisageait le voyage en Actes 19,21. Malgré cela Paul n'oublie pas les autres même dans la difficulté ! Comme pour Jésus en Luc 5,15, les gens viennent voir Paul pour être guéris de leurs maladies (cf aussi Actes 19,11-12).

Les bateaux portaient les Dioscures comme enseigne. Castor et Pollux étaient des demi-dieux protecteurs des marins. Paul est protégé même par la mythologie greco-romaine.

Enfin, c'est le débarquement à Pouzzoles le port de Naples où il y a des frères ! Et ils ont réussi à les trouver : le christianisme est déjà un réseau !

Actes 28,14b-28 – Rome : C'est ainsi que nous sommes arrivés à Rome

On est fin 62 ou début 63. Il y a des chrétiens à Rome déjà depuis longtemps, certains estiment depuis vingt ans. Ils envoient un comité d'accueil sur la route ! Ils se rencontrent à Appius à 65 km de Rome. Le mot venus à notre rencontre en grec est le mot grec utilisé à l'époque pour une députation d'une ville allant accueillir un général ou un roi. Cet accueil fortifie la foi de Paul.

Paul est arrivé aux extrémité de la terre (cf Actes 1,8)

Il n'oublie pas de prêcher aux juifs (parfois une journée entière !), mais le message de Luc, qui compare Paul à Esaïe, est celui du v28. Car il faut se souvenir que Luc écrit après la chute du temple en 70. Les juifs n'ont cessé de mettre des obstacles à la foi en Jésus. Les païens eux, ils écouteront ! C'est à la fois un fait (Luc l'a raconté depuis Actes 10) et une prophétie.

Pour méditer :
- Paul se soumet à Jacques, bien que tous deux ne soient pas d'accord sur tout. Comment peut-on se soumettre les uns aux autres ?
- En 21,21 « on leur a fait croire » : quel est l'effet de la rumeur ? En ai-je l'expérience ? Comment lutter contre ?
- Paul imite Pierre, Étienne et Jésus. Qui sont mes héros dans la foi ? Qu'est-ce que je veux imiter d'eux ?
- Paul a les idées claires : il prêche dans des situations impossibles ! Est-ce que je me prépare à faire face à l'adversité en rendant gloire à Jésus ?
- Auprès de qui est-ce que je cherche le réconfort ? (voir 23,11 ; 27,3 et 28,15)
- Est-ce que je parle de ma propre conversion aux autres ? Pourquoi est-ce important dans mon témoignage ?
- Paul recherche-t-il le martyr ? Se glorifie-t-il de mourir pour le Seigneur ?4
- Est-ce que je me laisse dérouter par les plans du Seigneur lorsqu'ils ne ressemblent pas à ce que j'avais prévu ?


Notes

1  Ce vœu consiste en l'abstention de viande et de vin pendant 40 jours, pendant lesquels, les cheveux et la barbe ne devaient pas être coupés. Les 2 derniers jours se passaient entièrement dans le temple. A la fin, des sacrifices devaient être offerts : Un agneau d'un an pour les péchés, un bélier pour la paix, un panier rempli de pain sans levain, des gâteaux faits de farine fine et d'huile, du vin. Finalement le dernier jour, les cheveux et la barbes devaient être rasés et brulés sur l'autel en même temps que le sacrifice.

2  Félix fut le premier esclave dans l'histoire romaine à devenir gouverneur d'une province, grâce à son frère Pallas qui fut l'amant (homosexuel) de Néron. Félix contrairement à son frère aimait les femmes : il en eut trois.

Félix réprima dans le sang une émeute qui eut lieu à Césarée ; de nombreux juifs furent massacrés. Les autorités juives se plaignirent à l'empereur, ce qui provoqua son rappel par les autorités de Rome.

Au début du deuxième siècle, Ignace d'Antioche écrit une lettre à la communauté de Rome en lui demandant de ne rien faire pour le libérer du martyr qui l'attend. Il écrit : « Si vous aimez ma chair, il me faudra de nouveau courir. Ne me procurez rien de plus que d'être offert en libation à Dieu (…) Ne demandez pour moi que la force intérieure et extérieure, pour que non seulement je parle, mais que je veuille, pour que non seulement on me dise chrétiens, mais que je sois trouvé de fait. Si je suis de fait, je pourrais me dire tel, et être un vrai croyant, quand je ne serai plus visible au monde (…) c'est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous, vous ne m'en empêchez pas. Je vous en supplie, n'ayez pas pour moi une bienveillance inopportune. Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par les dents des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ. Flattez plutôt les bêtes pour qu'elle soit mon tombeau, et qu'elle ne laisse rien de mon corps, (…) c'est alors que je serai vraiment disciple de Jésus-Christ... ». Cette attitude n'est pas celle de Paul.

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