G – Pentecôte : L’effusion de l’Esprit

La Pentecôte (littéralement en grec : le cinquantième jour) était une fête juive qui se déroulait cinquante jour après la Pâque. C'était le nom donné par les Juifs de langue grecque à la fête des semaines1 ou fête des moissons2 ou encore fête des premiers fruits (Exode 23,16 / Lévitique 23,9-21 / Nombres 28,26-30 / Deutéronome 16,9-12).

Elle commémorait le don de l'alliance au Sinaï, et l'appel des esclaves Hébreux à devenir le peuple de Dieu.

Tous les hommes juifs adultes vivant à moins de 35 ou 40 km de Jérusalem étaient sensés être présents à la Pâque, à la Pentecôte et à la fête des tabernacles3. Et de nombreux Juifs de la diaspora venaient en pèlerinage à Jérusalem, de toutes les nations. Entre la Pâque et la Pentecôte, la population de Jérusalem pouvait être multipliée par cinq ou dix4. Selon Lévitique 23,21 ou Nombres 28,26, le jour de la Pentecôte était chômé ; vous pouvez imaginer le nombre de personnes dans les rues pour un jour pareil !

Actes 2,1-13  l'Effusion de l'Esprit
On l'a vu, l'action de l'Esprit Saint (cf Annexe 1) est un thème essentiel des Actes. Et souvent quand on pense à la Pentecôte et on pense à la « venue » de l'Esprit5. Mais l'Esprit s'est déjà manifesté dans le passé : il n'est pas un nouveau venu !
- Il a parlé par David (Actes 1,16)

- Il a parlé à travers Esaïe (Actes 28,25)
- Il était déjà à l’œuvre dans tout l’Ancien Testament mais le peuple s'est opposé à Lui (selon l'analyse d’Étienne en Actes 7,51)
Jusque là, l'Esprit s'était contenté de quelques apparitions temporaires et souvent spectaculaires. Après la pentecôte la présence de l'Esprit remplace celle de Jésus et sera permanente.

Ce moment fut une expérience extra-ordinaire pour les disciples. Et pas seulement les apôtres ils sont tous ensemble à cette Pentecôte de l'an 30 6 dans un même lieu. Ce lieu, c'est le temple (Luc 24,53). L’Église est née au temple ! (selon la prophétie d'Ézéchiel 47,1-12).

L'Esprit s'était déjà manifesté sous forme d'une colombe (Matthieu 3,16 / Marc 1,10 / Luc 3,22 / Jean 1,32) lors du baptême de Jésus par Jean. Maintenant il se manifeste sous forme d'un violent coup de vent et de langues de feu. Difficile de s'imaginer de quoi il s'agit vraiment, mais :
- dans les Écritures, le vent est associé à l'Esprit. En hébreu esprit et vent sont le même mot (ruah).
- dans l'Ancien Testament le feu symbolise la puissance : Genèse 19 (Sodome & Gomorrhe), Exode 3,2 (buisson ardent), Deutéronome 4,24. Et cela est encore relié au baptême (Actes 1,5 / Luc 3,16)7
- les langues8 correspondent à la diffusion du message dans tous les langages : on assiste à la tour de Babel à l'envers (Genèse 11,1-9).

Mais ce qui bouleverse (v7 et 12) la foule, ce n'est pas la vision des langues de feu (il semble que beaucoup sont arrivés après qu'elles se sont déposées sur les apôtres, et ils parlent comme s’ils ne les voyaient pas). Ce qui donc étonne cette foule composée de Juifs de toutes les nations (v5), c'est la prédication dans leurs langues d'origine (c'est-à-dire maternelles - cf Annexe 2), même s’il est vrai que parler en grec et/ou araméen aurait suffit.

Pour méditer :
- Pourquoi Jésus a-t-il choisi la pentecôte pour envoyer l'Esprit ? Quel principe je peux en déduire pour l'évangélisation ?
- Quelle est la différence entre l'action de l'Esprit avant Jésus et celle après la pentecôte ?
- Quelle est la signification du fait que l’Église soit née au temple ?
- Qu'est-ce qu'indique la prédication dans les divers dialectes des auditeurs ? Que puis-je en déduire du désir de Dieu de transmettre le message de l’Évangile ? Et que puis-je en déduire sur l'unité de L’église ?


Notes

(1) Fête ayant lieu sept semaines après la Pâque, c'est-à-dire le lendemain d'une semaine de semaines après la Pâque soient 49 jours + 1.

(2) Car elle avait lieu juste avant que ne commencent les premières moissons, au début du mois correspondant à juin dans nos calendriers modernes. Cette fête permettait d'offrir « les prémices » des récoltes à Dieu avec l'idée que Dieu allait ouvrir les écluses du ciel (Malachie 3,10) pour une bonne récolte. C'est une image qui est reprise par Jésus en Jean 4,35.

(3) Fêtes des tabernacles ou 2eme fête des récoltes (à la fin des récoltes et des vendanges) ou fête des tentes, qui célébrait le souvenir de l'Exode et des 40 ans au désert.

(4) On estime la population permanente à Jérusalem au temps de Jésus à environ 20 à 30 000 personnes.

(5) C'est par exemple le titre donné par la NBS au passage Actes 2,1-13 ! Cela peut nous influencer dans notre interprétation. Attention les titres ne font pas partie du texte original.

(6) La crucifixion de Jésus ne peut avoir eu lieu qu'en l'an 30 (ou éventuellement en l'an 33) si l'on s'en réfère au Nouveau Testament.

(7) Attention de ne pas faire une herméneutique trop rapide en concluant que baptême d'eau et d'esprit peuvent être séparés. Nous étudierons le thème du baptême un peu plus loin quand nous étudierons la rencontre de Pierre avec Corneille.

(8) L'écrivain juif Philon d'Alexandrie (contemporain du Nouveau Testament) avait décrit le don des paroles de Dieu par des anges à Moïse au Sinaï. Peut-être Luc avait-il connaissance de cette description.

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