L'enfer c'est les autres !
Chacun aura pu s'en rendre compte : nous ne sommes pas seuls sur terre ! Plus de 7 milliards d'humains se répartissent sur la surface de la planète et ce chiffre atteindra probablement 9 milliards d'ici 2050. Ils cohabitent, parfois bien, souvent mal. Si les sociétés démocratiques semblent s'en tirer mieux que les autres il suffit pourtant d'ouvrir le journal ou d'allumer la radio pour se rendre compte que même en leur sein, l'homme est souvent un loup pour l'homme, comme l'ont dit de nombreux penseurs (Plaute, Erasme, Rabelais, Montaigne, Bacon, Hobbes, Schopenhauer, Freud). Pour éviter cet écueil, bon nombre d'entre nous mettent en pratique le vieil adage : « pour vivre heureux, vivons cachés ». Mais si l'indifférence fait moins mal, elle ne peut être mise au compte de « faire le bien ».
Combien de fois avons-nous pensé : « l'enfer c'est les autres » (Sartre dans « Huis clos »1). Nous aussi avons parfois (voire souvent ?) du mal à aimer ce qui est différent de nous-mêmes : les personnes d'autres cultures, pays, religions, classe sociales, éducations, couleurs, opinions... les critères de différences sont multiples. Tellement multiples que Dieu nous a même faits uniques, et différents de tous les autres.
Dieu n'a pas créé une humanité clonée. Il a décidé de nous créer en nous demandant de nous reproduire (Genèse 1,28) ce qui introduit dans le monde, à chaque naissance, un nouvel être, différent c'est à dire « un autre ». Pourquoi ? Parce que Lui, sait aimer cette différence. Et il veut que toutes les nations affluent vers lui (Esaïe 2,1-3) non pas pour devenir toutes identiques, mais pour être avec lui dans leur diversité : c'est ce que nous révèle Actes 2,9-11 qui décrit la pentecôte en présence de nombreuses nations.
L'altérité est donc un problème pour notre nature charnelle, mais elle est une chance pour notre nature spirituelle.
La question que nous voulons aborder est celle-ci : « qui est mon frère ? ». Cette question est difficile car si nous sommes tous semblables, nous ne sommes pas tous identiques. En tant que chrétiens cette question est importante parce qu'elle demande de réfléchir à comment aimer ceux qui ne pensent pas comme nous, dans notre propre communauté, chrétiens d'autres églises, croyants d'autres religions, et non croyants.
Questions pour méditer :
- Est-ce que je m'émerveille devant la diversité de la création ?
- Comment est-ce que je considère ceux qui sont différents de moi ? Sont-ils gênants ? Me font-ils peur ?
Note
1 Pour être juste avec cette citation, voici l'explication de Sartre lui-même sur sa célèbre formule : « Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l’autre ne peut être que l’enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu’il y a de plus important en nous, même pour la propre connaissance de nous-mêmes. Nous nous jugeons avec les moyens que les autres nous ont fournis. Quoi que je dise sur moi, quoi que je sente de moi, toujours le jugement d’autrui entre dedans. Je veux dire que si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d’autrui et alors en effet je suis en enfer. Il existe quantité de gens qui sont en enfer parce qu’ils dépendent du jugement d’autrui » - présentation de la pièce par Jean-Paul Sartre sur un disque Deutsche Grammophon en 1965.