Que penser de la pornographie ?
Le terme « porno-graphie » vient du grec et combine deux mots :
- porneia qui désigne une relation sexuelle illicite
(d'un point de vue naturel, légal ou moral),
- graphô qui veut dire dessiner, représenter.
Il s'agit de représenter (par des dessins, des photos, ou une mise en scène) des relations sexuelles qui sortent du cadre de l'intimité entre deux personnes dans le but de les faire voir à une troisième (ou plus ).
Aujourd'hui, l'accès à la pornographie est d'une facilité déconcertante à travers le web mondialisé. Les sites commerciaux qui en proposent sont ceux qui, de loin, suscitent le plus de connexions au monde. Ainsi 29% des hommes regardent de la pornographie au moins une fois par jour contre 7% des femmes. Deux hommes sur trois contre une femme sur cinq visionne du X au moins une fois par semaine1. On dépasse même trois hommes sur quatre contre moins d'une femme sur deux, qui regardent du porno au moins une fois par moi.
La pornographie pose de nombreux problèmes :
D'abord elle donne un fausse idée de ce qu'est réellement la sexualité, notamment aux plus jeunes2 alors qu'ils découvrent qu'ils ont un corps sexué et sensible. Cette fausse idée est véhiculée par des messages inconscients, surtout pour les plus naïfs de ceux qui visionnent ces images. En regardant de la pornographie, surtout en vidéo, l'image de la sexualité est dégradée par le mensonge et la violence. En effet les femmes sont soumises, souvent de manière bestiale, à des hommes dont la virilité est caractérisée par un gros pénis, une durée d'excitation surnaturelle, des gestes relativement violents soit par brutalité soit par insensibilité vis à vis du corps féminin, dont parfois on ne voit que les parties génitales. Si on voit le visage, c'est pour montrer des expressions de surprise ou de souffrance. Car la pornographie fait croire aux hommes que les femmes aiment la violence, voire même le viol. Elle fait penser que les femmes qui se prostituent aiment ça alors que dans une immense majorité des cas il s'agit de femmes exploitées et mises en situations de dépendance par l'argent ou la drogue, au profit de proxénètes.
L'idée véhiculée est que l'on peut avoir des relations sexuelles en toute impunité physique et psychologique, n'importe comment avec n'importe qui, et à n'importe quel moment. Le sexe est réduit à une compétition dans laquelle il faut avoir le plus de conquêtes, d'où les expressions : « se faire des filles », « se taper des nanas ». Le jeu consiste aussi à ne pas être un « éjaculateur précoce » afin de se rassurer sur sa virilité.
Les plus jeunes croient que les relations sexuelles doivent se passer comme dans les films. Les garçons sont déçus si les filles ne font pas ce qu'ils ont vu dans les vidéos. Les filles se mettent la pression pour s'abaisser à faire ce qu'elles n'ont pas envie de faire3. Puis tout le monde culpabilise parce que ça ne se passe pas comme on l'aurait souhaité. En effet la pornographie est un jeu d'acteurs qui ne représente pas la réalité, mais une fiction sexuelle qui exclue l'amour et se base sur des critères physiques truqués et pervers.
Par ailleurs la pornographie représente un marché commercial qui s'apparente à un trafic de chair humaine. On vend littéralement des corps. Asiatiques, noirs, blancs, sud-américains, nord-africains... peu importe pourvu que ça excite pour faire cliquer et gagner de l'argent. Sans parler de ce que subissent ces corps comme traumatisme pour stimuler ceux qui, trop habitués, en veulent toujours plus. Les vidéos gratuites ont pour but d'être la vitrine des vidéos payantes. Celui qui en veut plus doit payer. Le client fait son choix pour « mâter » la fille qui l'excite et s'identifier à l'acteur qui va lui faire l'amour (si on peut appeler ça comme ça !). L'idée c'est que le sexe s'achète. Au final, celui qui invite une fille au restaurant pense qu'elle ne peut pas refuser ses avances.
Enfin, sans avoir été exhaustif, je terminerai ma démonstration à charge en attirant l'attention sur l'infantilisation du corps des femmes dans les films pornos. Présentées avec de petites chaussures, des coiffures de petites filles, un jeu d'actrice mimant des expressions enfantines, imberbes sur le pubis, recevant des fessées les actrices dans ces films donnent une vision du corps féminin qui ne représente pas non plus la réalité, et risque de pousser les plus faibles psychiquement à se délecter de pédophilie.
Tout cela entraine une déformation des fantasmes normaux. Déformation durable et délétère pour des relations normales. Car on ne peut que partiellement cicatriser des blessures infligées à notre mémoire par des images pornographiques ; les cicatrices demeurent dans l'inconscient qui ainsi s'est habitué à l'anormal.
La pornographie n'est pas un trafic illégal lorsqu'elle implique des adultes. Mais ce n'est pas parce que c'est légal que c'est bien4. La loi n'a pas vocation à faire respecter la morale, mais l'ordre. Celui qui se masturbe derrière son écran ne perturbe pas de manière ostensible l'ordre public. Mais en tant que chrétien notre conscience doit être avertie des dangers d'une telle pratique :
chacun est mis à l'épreuve par son propre désir, qui l'attire et le séduit.
Puis le désir, lorsqu'il a conçu, met au monde le péché ;
et le péché, parvenu à son terme, fait naître la mort (Jacques 1,14-15).
Un peu de pornographie conduit à plus de pornographie, et plus de pornographie conduit au reniement du Christ pour assouvir ses propres désirs d'excitation et de sensations. Car les images sont convaincantes. Nous croyons aux images. C'est pourquoi la publicité télévisée est si efficace. Les images de pornographie nous font croire que toute relation sexuelle est utile, bonne et agréable. 86% de ceux qui regardent de la pornographie estiment que c'est un bon moyen d'apprendre ce qu'est la sexualité5. Pourtant jamais auparavant dans l'histoire de l'humanité n'a-t-on appris à faire l'amour en regardant de manière répétée les autres faire. Une telle pratique entraîne la fausse idée que la sexualité est une performance. Si on se laisse habituer, les images pornographiques peuvent nous conduire aussi à croire qu'on peut infliger toutes sortes de sévices sexuels à une femme qui aimera forcément cela. Depuis l'accès facile et libre à la pornographie sur internet les agressions sexuelles ont explosées. Même dans les milieux ecclésiastiques.
Dehors ! (...) ceux qui ont une activité sexuelle illicite6 (...) les idolâtres et quiconque aime ou fait le mensonge ! (Apocalypse 22,15 – PLS)
« Dehors » exprime l'exclusion du salut. L'idolâtrie c'est aimer quelque chose ou quelqu'un plus que le Christ. Ceux qui produisent de la pornographie sont clairement en dehors de ce qui plait à Dieu. Mais ceux qui aiment ça et regardent risquent gros eux aussi en termes spirituels ! Ils risquent de se retrouver hors de la ville sainte (cf v14) ce qui dans la littérature apocalyptique veut dire en dehors de la présence de Dieu !
Nombreux sont les chrétiens dépendants (les auteurs bibliques diraient « esclaves ») de la pornographie. Il ne devrait pas en être ainsi. Car alors les conséquences viendront non pas de la punition de Dieu, qui est patient, mais du péché lui-même comme le dit Paul aux Romains (1,24-25) :
C'est pourquoi Dieu les a livrés à l'impureté, par les désirs de leur cœur, de sorte qu'entre eux ils déshonorent leur propre corps, eux qui ont changé la vérité de Dieu pour le mensonge et qui ont adoré la création, en lui rendant un culte, au lieu du Créateur, qui est béni pour toujours ! Amen !
En fonction de la gravité de la dépendance, les solutions seront différentes. Le plus important est d'en parler. Comme le dit le proverbe 20,17 Le pain du mensonge est doux à l'homme ; après, sa bouche est remplie de gravier. Mais l'exhortation à confesser, même si c'est longtemps après, vient de ce que Dieu veut nous guérir :
Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, il est juste et digne de confiance : il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute injustice (1Jean 1,8-9).
Le recours à une relation d'aide, avec un psychologue ou un conseiller expérimenté et capable de prendre en compte la foi peut aussi être une voie de Dieu pour la guérison. Car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il accorde sa grâce aux humbles (Jacques 4,6).
Pour méditer :
- Est-ce que je réalise que la pornographie est liée au mal ? Est-ce que je suis capable d'expliquer de quel manière ?
- Si je regarde de la pornographie, est-ce que je sais expliquer pourquoi ?
- Quelles sont les conséquences de la pornographie dans la relation aux femmes/hommes ? Dans la relation à Dieu ?
Notes
1 Ces chiffres proviennent d'un sondage réalisé par le cabinet marketing Womenology en février 2014 incluant 2302 répondants (1404 femmes, 898 hommes) cf : http://www.womenology.fr/differences-hommes-et-femmes/oui-les-femmes-regardent-aussi-des-films-x/
2 Plus de la moitié des jeunes de 13 ans en 2009 on consommé de la pornographie.
Voir : Richard Poulin, « Les jeunes et la pornographie », Sciences Humaines, hors série N°10, décembre 2009.
3 Près de quatre femmes sur dix déclarant regarder de la pornographie « pour faire plaisir à leur partenaire ».
Cf. sondage du cabinet marketing Womenology, enquête de février 2014, déjà cité.
4 « Cette industrie engendre des revenus évalués, en 2006, à près de 100 milliards de dollars américains par an. C’est aussi un sujet de controverses morales, religieuses, philosophiques, politiques et scientifiques. Malgré cela, le phénomène est encore peu étudié aujourd’hui, comme s’il s’agissait d’une question privée, sans impact social notable » - Richard Poulin, « Les jeunes et la pornographie », Sciences Humaines, hors série N°10, décembre 2009.
5 Cf. sondage du cabinet marketing Womenology, enquête de février 2014, déjà cité.
6 Grec· πόρνοι - pornoi