Le célibat ? pourquoi pas ?

Si en lisant les articles précédents vous vous êtes demandés pourquoi en parlant de la sexualité en rapport avec la Bible on n'avait encore pas évoqué les recommandations de Paul aux Corinthiens, c'est maintenant que nous allons le faire et aborder le fameux texte de 1Corinthiens 6 et 7.

A la fin du chapitre 6, Paul explique de manière simple que nous devons utiliser notre corps de manière sage. Il ne parle pas de fitness ou de longévité, mais de plaire à Dieu. Ainsi les aliments sont utiles au corps pour vivre au jour le jour. La sexualité (introduite par le terme πορνεία – pornéia qui a donné « porno ») elle, a un impact sur notre vie spirituelle et notre destinée éternelle.

Dans le contexte de la lettre au Corinthiens, il s'agit pour Paul de montrer aux chrétiens qu'ils ne peuvent pas continuer à fréquenter les fêtes païennes dans lesquelles on s'adonne à la prostitution sacrée car cela va abimer leur relation avec Dieu. En effet on ne peut à la fois s'unir à une prostituée par le corps et au Christ par l'esprit, auquel cas on devient comme dirait Jacques : des âmes partagées (Jacques 4,8). Le corps est ce qui nous permet d'exister au monde. Il doit être le reflet de notre spiritualité qui nous permet d'exister en Dieu. C'est pourquoi il nous faut utiliser notre corps pour glorifier Dieu.

Dans ce passage le débat n'est pas moral. Il ne s'agit pas de savoir comment bien se comporter, mais de comprendre d'abord que la débauche, bien qu'acte du corps, fait du mal à notre âme. Il ne parle pas encore de célibat, mais il était nécessaire de faire ce point sur la fin de 1Corinthiens 6 qui parle déjà de sexualité avant 1Corinthiens 7.

Au chapitre 7 Paul répond à une question, posée précédemment par les Corinthiens, sur l'abstinence sexuelle. Sa réponse se place dans la perspective du temps qui file à pleine voile (v29). A une période où l'on ne vivait pas vieux, et où les chrétiens pensaient à un retour imminent du Seigneur (cf 1Thessaloniciens 5 ; 2Pierre 3,1-13) pourquoi se mettre des fardeaux sur les épaules ?

Si Paul pense que tous devraient être comme lui, il concède néanmoins que le choix à faire résulte d'un don que Dieu fait à l'un d'une manière, à un autre d'une autre manière (v7). Cette distinction des manières de Dieu de donner est probablement la clé d'interprétation de ce passage.

Bien que Paul préfère le célibat parce que c'est la situation dans laquelle il se trouve (v6b) et qu'il pense personnellement que le célibat est mieux que le mariage1 (v38), tout ce qu'il dit sur le mariage n'est qu'une recommandation de sa part et non du Seigneur (v6a.12.25 – sauf le fait que les chrétiens mariés ne doivent pas se séparer, qui constitue une injonction du Seigneur lui-même – v10-11). D'ailleurs il commence son discours en recommandant que chacun ait une épouse et que chacune ait un mari (v2).

Ainsi la question sur le choix entre célibat et mariage est donc celle-ci : quel est mon don ? Si c'est le célibat il vaut mieux que je reste célibataire : car sinon je vais me mettre en situation de détresse avec une compagne (v28) ou un compagnon. Si c'est le mariage, il vaut mieux que je me marie car sinon je vais aussi me mettre en situation d'échec, notamment par l'attirance sexuelle du sexe opposé. L'un des critères de choix semble clairement être la capacité de continence (v9). Mais est-ce le seul ?

Une autre question posée par le décalage des siècles entre cette lettre et nous, concerne la durée de vie. Si je m'engage dans le célibat, est-ce définitif ? Dois-je considérer cela comme un vœu ? La question à ce niveau relève aussi et surtout du projet de vie : est-ce que je veux des enfants ? Car le célibat peut être interrompu : la loi sur les vœux de Nombres 30 n'est pas une règle valable pour les chrétiens, et nulle part le Nouveau Testament ne parle de s'engager définitivement dans le célibat2 alors qu'il est clair qu'il parle d'un tel type d'engagement dans le mariage.

Pour méditer :

- Le célibat m'attire-t-il ?
- Qu'est-ce qui pourrait me permettre de juger si je suis fait pour cela ?


Notes

On peut se demander si sa prescription de vivre « selon la condition que le Seigneur lui a donnée en partage, tel qu'il était quand Dieu l'a appelé » concerne le mariage.

Le mot « vœu » (εὐχή) est rare dans le Nouveau Testament. On le trouve en Actes 18,18 où Paul (juif) fait un un vœu, et en Actes 21,23 où quatre hommes (juifs) on fait un vœu. Ces vœux sont justement liés à leur désir de respecter la tradition juive et non des exemples à suivre en tant que chrétiens.