V – Troisième voyage de Paul

Paul affermit d'abord les disciples de Galatie et de Phrygie ; c'est la troisième fois qu'il y va. Puis il descend vers ce qu'on appelait alors l'Asie, là même où il n'avait pas pu aller lors du deuxième voyage missionnaire (16,6-7).

Baptême et Saint-Esprit

Il revient à Ephèse, juste après le passage d'Apollos1, qui a prêché Jésus, mais pas complètement. Celui-ci a fait une douzaine de disciples (Actes 19,7) qu'il a laissé sur place. Lui-même à la fin du deuxième voyage était arrivé à Ephèse mais n'avait pas eu le temps d'établir une église (Actes 18,21)

On saisit ici l'importance du baptême, et pas n'importe lequel, le baptême au nom de Jésus. Car, on peut vivre comme un disciple2 et ne pas avoir bien compris tous les fondamentaux ; c'est pourquoi Paul insiste tellement sur le baptême ici et Luc dans les Actes en général. Les disciples d'Ephèse, humbles (ils écoutèrent - TOB), seront rebaptisés. Paul était-il un anabaptiste avant l'heure ?

Paul leur impose les mains et l'Esprit-Saint vint sur eux. Ils s'agit de dons que l'Esprit leur fait (annexe 1) : ainsi ils peuvent parler dans des langues étrangères et prophétiser.

Un voyage fructueux

Paul reste à Éphèse environ 3 ans (cf Actes 2,31) : 3 mois en Actes 19,8 + 2 ans en Actes 19,10 + quelques temps en Actes 19,22 : Paul ne passe plus de ville en ville très rapidement car son but est maintenant plus pastoral que missionnaire.

Pendant ces 3 ans à Ephèse, Paul rédige Galates, et 1Corinthiens3 et peut-être Philipiens, et Philémon4. Cette correspondance parle beaucoup de ceux qui utilisent le nom de Jésus à mauvais escient : les judaisants en Galates, les partisans en 1Corinthiens (1,10-17), ceux qui proclament le Christ par envie en Philippiens (1,15).

Et à Ephèse, Luc montre encore un exemple de personnes utilisant le nom de Jésus pour leur intérêt avec les 7 fils de Sceva, un prêtre (ou grand prêtre c'est à dire d'une famille de grand prêtre). On ne connaît pas grand chose de Sceva. Pourquoi Luc inclut-il ce récit ?

- pour montrer que les gens religieux ne sont pas toujours en accord avec Dieu, même s'ils parlent de Jésus. Il ne faut pas oublier que Luc écrit pour des gens qui vivent environ 25 à 30 ans après l'événement qu'il décrit. Et à ce moment là, des luttes doctrinales existent déjà ! (2Corinthiens 11,13-15).

- pour dénoncer le business de la religion et de la superstition. On le voit aussi avec les livres qui sont brulés. Ces livres de sciences occultes avaient une grande valeur marchande5. Cela reste d'actualité, il suffit pour s'en convaincre de regarder les pubs dans les journaux populaires...

- Pour montrer la nécessité de la repentance et de l'ouverture sur sa vie de manière continue quand on choisit de suivre Jésus, et pas seulement au début (v18 la structure de la phrase indique que des croyants avancent dans leur compréhension de leurs péchés).

La repentance des Éphésiens est radicale. Ils changent de façon de penser et ils brulent une bonne partie de ce qui faisait leur richesse, voire de ce qui était leur métier !

Actes 19,20 – Résumé

Ce résumé marque la fin d'une étape dans la rédaction de Luc : C'est ainsi que, par la force du Seigneur, la parole se répandait efficacement.

En Actes 19,21, Paul forme le projet de revoir Jérusalem puis de repartir vers Rome.

Pour méditer :

- Ai-je été baptisé pour la bonne raison ?
- Comme les Ephésiens, sommes-nous encore prêts à tout changer dans notre vie ? La mettre sens dessus dessous si Dieu nous le demande ? A remettre les bonnes priorités dans le bon ordre ? A changer de métier, partir ou rester selon les besoins ?


Notes

(1) Appolos est d'Alexandrie, où deux cinquième de la population était juive. Dans cette ville se regroupaient de nombreux intellectuels. Des intellectuels juifs aussi. Ceux-ci développèrent la vision allégorique de la Bible. C'est probablement la raison pour laquelle Appolos était si efficace à démontrer que Jésus est le Christ à partir de la bible.

(2) Cela peut « paraître » sectaire de dire qu'on peut vivre comme un disciple et ne pas être sauvé. En réalité, cela dépend de notre motivation pour vivre comme un disciple. Il faut discerner que « on vit comme un disciple parce qu'on est sauvé » ; l'inverse, c'est à dire « vivre comme un disciple pour être sauvé » est une erreur doctrinale majeure. Même si l'on doit persévérer dans la vie de disciple jusqu'au bout, ce n'est pas cela qui nous sauve. Persévérer dans la vie de disciple a pour but de ne pas laisser assez de prise au péché dont le seul but est de nous détourner de l'amour de Dieu (Hb 12.1). Le baptême a, entre autre, pour but de nous faire prendre conscience que nous sommes morts au péché et ressuscité avec Jésus (Rm 6). On pourrait penser qu'on peut en prendre conscience sans avoir besoin d'être baptisé. Pourtant, il y a dans le baptême cette force de subir un acte qui nous engage dans cette prise de conscience. Sans baptême, la compréhension de l'amour du Christ et de son appel à une nouvelle vie n'est pas complète.

(3) Voir 1Corinthiens 16,8

(4) Dates et lieux incertains pour ce deux épîtres.

(5) 50.000 Drachmes = somme énorme !

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