Le plan de Dieu passe par les vertus théologales

Si Dieu à un plan, ce n’est pas un plan « écologique » en sept ou douze mesures pour résoudre les problèmes climatiques et la pollution de l’air de la terre et des eaux. Des mesures, si l’on peut dire, il n’en propose que trois : foi, espérance et amour.

Cela peut décevoir. On aurait préféré que le « salut » de la planète passe par le mot « miracle » ou « puissance » ou même « pardon » ou « rédemption ». Mais la puissance Dieu ne se mesure pas en kilowatts. La mesure de la puissance de Dieu c’est l’humilité dont l'unité est le « degré de conformité à la Croix »1. Ainsi la prière des chrétiens aussi pieuse et sincère soit-elle ne réparera pas nos bêtises ni n’effacera les conséquences de nos erreurs passées (elle reste cependant essentielle pour recevoir la force de s'adapter à ce qui va se passer).

Mais je le sais : parler de foi, d’espérance et d’amour quand la planète brule ça ne ressemble pas à un plan de sauvetage très concret… Et pourtant foi espérance et amour sont les principes du salut spirituel et par voie de conséquence ils sont aussi les principes de l’action chrétienne pour le salut de la planète : on peut sans problème les appliquer aussi à l’écologie. Voyons comment.
Disons tout de suite que le salut n’est pas un retour en arrière. Il ne s’agit pas de revenir à un Eden perdu, un état originel idéal. Cela ne serait qu’une déclinaison sucrée du très conservateur « c’était mieux avant ». Non le salut n’est pas un retour à l’état d’avant la chute, cela équivaudrait à régresser à l’état d’enfant. Ce n’est pas envisageable car ce n’est pas possible2. Certes « à Dieu rien d’impossible »3 mais si c’est impossible c’est surtout parce que ça n’a pas de « sens » (dans toutes les significations du mot : le sens du retour au paradis perdu n’a pas de sens car c’est aller dans la mauvaise direction et de surcroit ça ne veut rien dire).
De la même manière, le salut écologique n’est pas non plus un retour à l’état d’avant l’ère industrielle qu’on appelle parfois anthropocène4 pour signifier l’ère pendant laquelle l’influence humaine a un impact significatif sur les équilibres de la planète terre. Le retour à la « mère-nature » n’a pas de sens non plus : j’ai déjà démontré que la nature n’est pas « une mère » et ceux des écologistes les plus radicaux qui pensent que la nature a besoin que l’homme disparaisse pour qu’elle puisse survivre ont comme dessein de supprimer toute signification à l’existence même de la nature et ils démontrent par là qu’ils n’ont aucune espérance. Peut-être souhaitent-ils un nouveau déluge ? Mais le déluge n’est pas une punition divine : lire le texte du déluge est un test. Ceux qui en lisant ce texte se projettent parmi ceux qui sont morts (les plus nombreux) trainent une bonne dose de culpabilité. Ceux qui pensent qu’ils auraient sans doute été à la place de Noé ont une bonne vision de Dieu et de leur relation avec lui. Car le déluge n’est pas, n’en déplaise aux écologistes radicaux, une éradication de l’humanité5.

Si le salut n’est pas un retour en arrière ni une annulation des conséquences de nos errements, alors en quoi consiste-t-il ?
Ce que les circonstances nous commandent n’est pas très folichon pour ceux qui aiment un mode de vie matérialiste ! Mais foi espérance amour (selon la définition chrétienne) n’est pas la promesse d’un monde matériellement plus facile. La facilité matérielle n’a jamais été la promesse du christianisme malgré les promesses du rêve américain. Jésus ne veut pas qu’on se voile la face avec la vérité. Il a toujours condamné l’hypocrisie. S’il l’a fait avec l’empire romain ou la religion juive, il l’aurait fait aussi avec les problèmes climatiques s’il avait été là aujourd’hui.
Comme tous les experts le répètent à longueur d’années, les problèmes du climat ne sont pas seulement des problèmes de quantités de CO2 ou de méthane (CH4) relarguées dans l’atmosphère (qui sont liées au modes de vie) mais aussi aux types de relations que les humains ont les uns avec les autres. Autrement dit, c’est un problème de justice (ou d’injustice). Tout cela nous indique déjà un début de route à suivre :
- d’abord vis à vis de notre mode de vie,
- ensuite vis-à-vis de la justice,
- enfin vis-à-vis de nos relations.

Dans l’article précédent je disais que la foi conduit à l’espérance et l’espérance à l’amour.

La foi dans le Christ c’est la confiance. Le chrétien est confiant : il y a toujours quelque chose de possible avec Dieu. Le Christ a été crucifié : la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Mais il est ressuscité : là ou tout semblait perdu définitivement, la foi comprend qu’il y a, si ce n’est une solution, au moins une espérance. Celle d’un monde possible qui ressemble à celui que Jésus-Christ espérait.
L’espérance chrétienne vis-à-vis de ce monde n’est pas celle de guérisons miraculeuses ou d’une vie tranquille. Ce qu’espérait le Christ et ce qu’espèrent les chrétiens ce sont des relations humaines avec plus de cet amour que Jésus a incarné en sa personne et dont par sa vie il a donné une nouvelle définition. Entre chrétiens cet amour est volontaire. Le reste de la société sera obligé de s’y plier par nécessité. Peut-être redécouvrira-t-elle à cette occasion la sagesse de Dieu et la joie qui y est associée ?


Notes

1- 1Corinthiens 1,18 ; Romains 1,16 ; Philippiens 2,5 ; etc…

2- Nicodème l’avait compris et utilise cet argument pour faire préciser par Jésus ce qu’il veut dire par « naître de nouveau » (Jean 3,4).

3- Cette formule est un simplification de Luc 1,37 qui dit littéralement : « car il ne sera pas impossible du côté de Dieu toute parole », ce qui veut dire que Dieu peut décider ce qu’il veut et dans le contexte de Luc 1 il peut décider qu’une femme stérile ait un enfant. Ce serait une action tournée vers le futur. Mais il ne peut pas décider de refaire le monde à l'envers (comme dans le film Tenet de Christopher NOLAN), car cela n'aurait pas de sens (partirait dans la mauvaise direction).

4- Terme inventé par Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995.

5- C’est d’abord une parabole qui n’a d’historique que le lointain souvenir d'une catastrophe majeure mais certainement pas planètaire. C’est ensuite un récit symbolique qui parle à chacun de nous et pas seulement d’un personnage singulier qui s’appellerait Noé. Les questions spirituelles principales quand on lit se texte sont : « si j’étais à la place de Noé, que ferais-je ? Et qu’aurait fait Jésus ? ».

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