Ce que le Christ n'est pas . . .

Il faut d'abord commencer par dire que le Christ n'est pas un concept, il n'est pas une idée1.

Dieu n'est pas, et ne se manifeste pas, par une tromperie. Il ne fait pas semblant d'être un humain, il ne se cache pas dans une apparence d'humain, il n'est pas tombé dans un corps2 humain. En Jésus, le Christ est vraiment et totalement humain.

Le Christ est une réalité spatio-temporelle de notre monde. Il est un événement3. Ainsi Dieu ne fait pas croire ! A travers le Christ, on ne croit pas à Dieu mais en Dieu4 qui devient homme. Bien plus, ce que les théologiens appellent l'incarnation, ce n'est pas seulement Dieu qui devient homme, mais Dieu qui devient un homme. Cet événement est quelque chose d'impossible à comprendre par la raison humaine parce que si Dieu agit ainsi au temps marqué5 ce n'est pas parce qu'il devait agir ainsi, mais parce-qu'il voulait agir ainsi.

Une deuxième observation que nous pouvons faire, c'est que le Christ n'est pas un homme devenu Dieu.

Même si les hommes voulaient le faire Dieu il ne le deviendrait pas pour autant. Tout au plus peut-on considérer un humain (un roi, un saint, un bienfaiteur, un héros...) comme son dieu. Mais ce n'est alors qu'une idole, car aucun homme ne peut faire d'un homme un vrai dieu, qu'il s'agisse de lui-même ou d'un autre.

Certains ont pensé que le Christ avait acquis la nature divine de la part non des hommes mais de Dieu. Ils ont postulé qu'il est devenu Dieu lors de son baptême parce qu'il a reçu l'Esprit de Dieu6 et qu'avec lui serait venue la conscience de sa divinité. D'autre encore ont voulu croire qu'il est devenu Dieu parce qu'il a obéit parfaitement à la loi de Dieu.

Quel que soit le processus invoqué, penser que Jésus est devenu Dieu, ce serait considérer que le Christ est deux choses à la fois : homme puis Dieu. Or il n'est pas l'addition d'un homme et de Dieu. Il n'est pas un homme de nature divine. Il est Dieu fait homme. Et cela implique qu'il n'a pas commencé à être Dieu à un temps donné, mais qu'il l'a toujours été, avant même sa naissance.

Ces deux observations, Christ est un homme et Christ est Dieu fait homme, n'en font donc pas un demi-dieu. Il ne s'agit ni de faire descendre Dieu d'une marche, ni de faire monter un homme (et encore moins l'humain en général) d'une marche. Penser ainsi c'est vouloir comprendre comment Dieu est devenu un homme ou comment un homme est devenu Dieu. Cette question, « comment ? » n'est pas pertinente, car l'homme ne peut pas savoir ce qui se passe en Dieu. Il n'y a pas d'intermédiaire7 entre Dieu et l'humain. La seule chose qui soit entre Dieu et l'Homme, c'est un gouffre abyssal, une distance infinie, que seul Dieu peut combler... s'il le veut bien, c'est à dire par pure grâce.

C'est pour cela que dans l'évangile de Jean, Jésus nous dit qu'il est le seul chemin vers Dieu (Jean 14,6). Le Christ n'est pas un chemin vers Dieu. Dire cela serait une erreur théologique car la conséquence serait qu'il existe d'autres chemins, d'autre possibilités de réaliser l'impossible8. Cela voudrait dire qu'il existe soit d'autres dieux, ce qui nous ferait sortir du monothéisme, soit d'autres sources de révélations de Dieu, ce qui nous conduirait à ce qu'on appelle le modalisme, qui postule que Dieu se révèle selon différentes modalités. Mais dans ce dernier cas, le Christ n'est plus Dieu mais une façon qu'a Dieu de se manifester. Il n'est plus qu'un mode de révélation sur Dieu et non plus la révélation de Dieu lui-même9.

Nous verrons dans les articles suivants qui est le Christ.


Notes

Une idée au sens platonicien du terme, est ce qui donne sa forme à la réalité.

D'ailleurs le Nouveau Testament ne parle pas d la Parole de Dieu qui prend un corps, mais qui devient chair.

3 Dietrich Bonhoeffer, Qui est et qui était Jésus-Christ, cours de christologie à Berlin 1933, Labor et Fides, Genève, 2013

On remarque dans la formulation du symbole des apôtres, qu'on croit en Dieu le Père, en Dieu le Fils et en Dieu le Saint-Eprit, mais qu'on croit à l'Eglise, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.

Actes 2,23 ; Romains 5,6 ; Galates 4,2 ; Esphésiens 1,9-10

Marc 1,9-11

Il y a un médiateur, mais pas d'intermédiaire.

Seul Dieu a la possibilité de réaliser l'impossible (Luc 1,37).

Il est utile ici de rappeler la distinction entre révélation de Dieu, c'est à dire une manifestation de lui-même par lui-même, et révélation sur Dieu, qui apporte une connaissance théologique, mais qui peut passer par d'autres voies (les prophètes, des visions, des songes...).

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