L'Esprit et « le don des miracles »
dans l’Église du Nouveau Testament

Certains des dons que l'Esprit avait fait à (certains individus dans)1 l’Église étaient de nature miraculeuse ce qui nécessite quelques remarques :

- un miracle n'est plus un miracle si il a lieu tous les jours. C'est pourquoi, si Paul parle bien du don de faire des miracles, les Actes n'en décrivent que quelques-uns comme en Actes 2,43 ; 3,1-11 ; 5,12 ; 6,8 ; 15,12 (nous parlerons spécifiquement des langues dans un prochain article). Luc n'a pas probablement pas rapporté tous les miracles dont il a entendu parler pendant la période qu'il couvre dans les Actes ; cependant il n'y avait pas non plus un miracle tous les dimanches dans toutes les églises !

- il y a une baisse de la fréquence des miracles entre les évangiles et les Actes et même dans les Actes, il y a une diminution du nombre de miracles décrits entre le début (Actes 2,43 il se faisait beaucoup de prodiges et de signes par les apôtres) et la fin. Les épîtres quand à elles ne décrivent pas de miracles même si elles parlent (rarement)2 de leur existence.

- le don de guérison n'était pas forcément miraculeux. Un bon médecin a un don de guérison. Cependant les guérisons de Jésus dans les évangiles puis des apôtres Pierre et Paul dans les Actes sont des miracles.

- Ceux qui accomplissaient des miracles des signes ou des prodiges étaient :
* soit apôtres : considérez les écritures suivantes : Luc 9,1-2, Actes 2,43, Actes 4,29-30, 33, Actes 5,12a, Actes 8,18. Luc fait une corrélation entre la survenue d'un miracle et l'action des apôtres. De même aussi 2Corinthiens 12,122.
* soit ceux qui avaient reçu l'imposition des mains des apôtres : en comparant Actes 6,5-6 avec Actes 6,8 et Actes 8,6-7 on voit qu'Étienne et Philippe avaient reçu l'imposition des mains des apôtres avant de faire des miracles. En Actes 8,14-19 on voit que Philippe faisait des miracles que Simon le magicien aurait bien voulu pouvoir faire. Mais Philippe ne pouvait pas lui donner ce don. Seul les apôtres le pouvaient. De plus les samaritains ne reçurent l'Esprit-Saint (extérieurement) qu'à l'arrivée des Apôtres. Ainsi on peut voir (comme Simon) que :

« l’Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres » (Actes 8,18).

Le même principe se retrouve aussi en 2Timothée 1,6. Quand un miracle a lieu dans les Actes, les apôtres ne sont pas loin ! Ce qui implique qu'à la mort des apôtres, la transmission des dons miraculeux s'arrêta. Les dons miraculeux eux-même s'arrêtèrent à la mort de ceux qui les avaient reçus.

- Parfois certains miracles venaient de trompeurs qui égaraient les croyants par leurs prodiges (2Thessaloniciens 2,1-12). Ils ne venaient pas de l'Esprit de Dieu (Matthieu 24,24 ; Marc 13,22).

En conclusion de tout cela, nous pouvons comprendre que le don des miracles n'était pas le plus important don de l’Église. Même s'il était le plus spectaculaire il n'était pas fait pour durer car l’Église n'a pas été instituée pour faire de miracles, et ceux qui recherchent ces miracles ne cherchent pas la bonne chose (Jean 4,48) comme le dénonce Paul en 1Corinthiens 1,22-23

Les Juifs, en effet, demandent des signes (voir Matthieu 12,38-41 et 16,1-4),
et les Grecs cherchent la sagesse.
Or nous, nous proclamons un Christ crucifié,
cause de chute pour les Juifs et folie pour les non-Juifs.


Notes

1 En 1Corintiens 12,7 et 12,11 Paul exprime que l'Esprit distribue des dons à chacun en particulier, mais pour l'utilité commune. Ainsi on peut dire que ce qu'il a donné à chacun est en fait donné à l'Eglise. C'est pourquoi j'ai mis ces quelques mots entre parenthèses.

2 En 2Corinthiens 12,12 Paul défend son apostolat, et explique que l'un des signes distinctif de l'apôtre c'est de produire des signes, des prodiges et des miracles. Ce verset est intéressant car il utilise les trois mots grecs σημεῖον (sèméion - signe), τέρας (téras - prodige), δύναμις (dunamis – puissance, miracle). A part le deuxième qui veut dire prodiges, les deux autres ne rapporte pas forcément à des événement surnaturels : le premier (signe) indique plutôt un événement signifiant, autrement dit qui a un sens spirituellement parlant, c'est à dire qui oriente vers la compréhension de qui est Dieu ; le signe peut être miraculeux ou non. Le troisième (miracle) peut aussi être traduit pouvoir, possibilité, puissance (le mot grec a donné en français le mot « dynamite »).
Les trois mots sont aussi réunis en Hébreux 2,3-4.

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