Esprit et liberté

En 2Corinthiens 3,6 Paul explique que la Nouvelle Alliance, c'est à dire la nouvelle façon d'être lié à Dieu, est une alliance non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie. En effet la loi, avec ses commandements, ses exigences et ses coutumes, s'impose à nous de l'extérieur. Elle nous contraint, nous emprisonne, nous écrase et nous met face à l'angoissante perspective de devoir accomplir l'impossible.

« L'Esprit quant à lui, permet à Dieu non pas de nous contraindre, mais de nous convaincre »1. Convaincus de l'intérieur, nous avons le désir d'obéir, la joie de mettre en pratique, la force de résister au mal, l'envie de plaire à Dieu. Paul exhorte donc à juste titre : marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez jamais ce que la chair désire (Galates 5,16), autrement dit : marchez par l'Esprit et vous accomplirez la loi ! Non par contrainte mais avec joie (voir les Psaumes 19,7-14 et 119).

Les « religions du devoir » existent encore. Elles demandent à leur fidèles un certains nombre de choses à accomplir pour « être en règle » avec Dieu. Des pèlerinages parfois obligatoires, des communions, confirmations, bar-mitzvah, ramadan ou encore un certain nombre de prières par jour, un certain nombre d'heures de prosélytisme par semaine, des pénitences proportionnelles à la gravité de nos fautes, ou bien assister au moins tant de fois par semaine ou par mois ou par an à des offices ou autres cérémonies. Ce ne sont que quelques exemples évocateurs.

Certaines de ces choses ne sont pas mauvaises à pratiquer (d'autres si ; faites le tri2). Mais le deviennent si elles ne sont pas pratiquées dans l'Esprit. C'est ce que Jésus reproche aux chefs religieux de son époque. Eux qui connaissent la Parole de Dieu, ils imposent aux autres des fardeaux (Matthieu 23,3-4), c'est à dire des devoirs religieux, plutôt que de leur enseigner à aimer Dieu (voir Matthieu 15,1-9 ; Michée 6,8 ; etc...). Ils insistent sur une tradition plutôt que sur l'amour pour Dieu. Ils enseignent le « il faut » plutôt que de susciter le « je veux ». Dans ce cadre, certains exercices spirituels (exemples : le jeûne, la prière, l'aumône, le prosélytisme, la dîme, etc...) peuvent nous égarer (cf. Marc 10,17-27). Celui qui les pratique n'est pas forcément spirituel. Cela peut nous tromper sur la spiritualité des autres, mais aussi sur la nôtre. Il ne faut pas considérer que Matthieu 23 ne s'adresse qu'aux pharisiens !

Et nombreux sont ceux qui mettent leur confiance dans les hommes et les suivent alors que ceux-ci ferment les portes du royaume de Dieu au lieu de les ouvrir (Matthieu 23,13). Ils ont une apparence d'hommes pleins de piété mais renient la puissance de cette piété (2Timothée 3,5). Fuyons ceux qui nous proposent des religions « clé en main », des systèmes, en nous proposant de devenir justes aux yeux de Dieu par des choses à faire, des piliers à respecter, des pénitences à accomplir ou des « prières du pécheur » toutes faites3.

Marcher par l'Esprit ce n'est plus rechercher un surveillant qui nous dit quoi faire (Galates 3,24-25) chercher auprès de Dieu le désir et la force de faire le bien et de résister au péché (Colossiens 1,11). Vivre par l'Esprit est une démarche volontaire, motivée par l'amour de Dieu dont l'expression ultime est dans la croix :

Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l'Esprit de la vie en Jésus-Christ t'a libéré de la loi du péché et de la mort. Car – chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force – Dieu, en envoyant son propre fils dans une condition semblable à la chair du péché, en rapport avec le péché, a condamné le péché dans la chair, pour que la justice requise par la loi soit accomplie en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l'Esprit
(Romains 8,1-4).

Le chrétien est-il sans loi ? Certes non ! Car il se conforme au Christ, et l'Esprit ne lui impose plus la loi de l'extérieur, mais le sollicite de l'intérieur (Romains 3,27), directement au niveau du cœur, au niveau de sa conscience (Jérémie 31,31-34) :

le Seigneur, c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté  (2Corinthiens 3,17).

Questions pour méditer :
- Qu'est-ce qui est le plus facile, suivre la lettre ou suivre l'Esprit ? Pourquoi ?
- Est-ce que je considère que « les règles du Seigneur sont plus douces que le miel » (Psaume 19)?
- Est-ce que je m'en remet aux hommes religieux (ils savent mieux) pour vivre ma spiritualité ou est-ce que je cherche ardemment à apprendre à plaire à Dieu par mon cœur et ma conscience ?
- Est-ce que je considère que « j'ai assez donné » à Dieu ?
- Est-ce que je suis volontaire ou est-ce que je suis une tradition sans vraiment la comprendre ?
- Est-ce que ma religion me libère et m'épanouit ? Ou est-elle une contrainte qu'il faut bien intégrer à mon emploi du temps ?


Notes

1- Jean-Pierre LEMONON, L'Esprit-Saint... tout simplement, Éditions de l'Atelier, 1998 ; p137

2- 1Thessaloniciens 5,21

3- Tapez « prière du pécheur » dans un moteur de recherche et vous verrez qu'on vous propose d'être sauvés « en ligne » !

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